(Drummondville) Le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon et l’ex-chef du Bloc québécois Gilles Duceppe ont taillé en pièces, vendredi soir, toute affirmation voulant que l’élan souverainiste et sa cause appartiennent au passé, le premier disant même sentir « un momentum » et « un retour en force ».

« Je crois sincèrement qu’une nouvelle fenêtre historique s’ouvre devant nous », a-t-il lancé dans un discours au congrès du Bloc québécois qui se déroule à Drummondville toute la fin de semaine.

M. St-Pierre Plamondon a ajouté qu’il ne se réjouissait pas trop vite, soulignant qu’il restait du travail à faire. « Le meilleur en à venir », a-t-il déclaré.

Il a aussi voulu servir un avertissement « à tous les fédéralistes » en anglais pour « être certain d’être bien entendu dans le reste du Canada » pour signifier que le rêve souverainiste est bien loin d’être mort et enterré. Pour passer son message, il s’est inspiré d’une inscription bien connue pour apparaître sur les rétroviseurs de voitures, lançant « objects in the mirror are closer that they appear », qui peut être traduite par « les objets qui apparaissent dans le miroir sont plus près qu’il n’y paraissent ».

Le chef péquiste a soutenu qu’il sentait, en plus de résultats encourageants dans les sondages, un regain dans la population de la ferveur souverainiste.

« Ils sont plus nombreux de nos gens, partout au Québec, à retrouver le goût de parler d’avenir, de notre destin national et particulièrement chez les jeunes, a-t-il dit. Il y a comme un retour de balancier, c’est comme si […] il y a une repousse spontanée qui est belle à voir. »

M. St-Pierre Plamondon s’est laissé à évoquer une probable transformation « en un rendez-vous à brève échéance ».

Le chef péquiste a attribué des mérites au chef bloquiste Yves-François Blanchet, mentionnant qu’il a une grande capacité à faire face à l’adversité.

Le précédant au microphone, M. Duceppe a soutenu que l’appui à la souveraineté n’était qu’à 20 % en 1989 avant de remonter en l’espace d’un an, à 66 %. Il a noté qu’il est actuellement à au moins 35 %, laissant entendre qu’il pourra remonter bientôt.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, ARCHIVES LA PRESSE

L’ex-chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe

« Il faut être prêt à tout moment à saisir l’occasion », a-t-il lancé aux militants enthousiastes.

Il a souligné qu’aucun journaliste ne se serait risqué à prédire pareille ascension à l’époque. « On lui aurait dit “Tu t’en vas aux chiens écrasés, tu ne comprends rien”. Pourtant, un an plus tard, c’est exactement ça qui s’est passé », a-t-il dit en soulignant aussi qu’en 1990, Lucien Bouchard, qui était jusqu’à tout récemment conservateur à la Chambre des communes, est allé diriger le Bloc québécois qui voyait le jour.

M. Duceppe, qui a dirigé le Bloc québécois de 1997 à 2011 et en 2015 s’en est aussi pris à ceux qui soutiennent que la formation politique est inutile, comme la ministre Mélanie Joly.

Dans une allocution prononcée, il y a quelques semaines, au congrès national du Parti libéral, celle-ci a affirmé que les députés bloquistes, quand ils étaient 49 députés, n’ont pas pu empêcher l’ex-gouvernement de Stephen Harper de sabrer dans le financement allant à Radio-Canada.

L’ex-chef bloquiste a rétorqué que les députés du Bloc québécois ont voté, durant ces années, contre tous les budgets sauf un seul durant lequel ils étaient 51 élus dans leurs rangs.

« Donc elle ne parlait pas de (celui)-là. […] Ces budgets-là, on a voté contre. Comment se fait-il qu’ils ont passé ? Et là, je m’en suis souvenu, mais j’ai vérifié […] et je me suis aperçu que chaque fois, c’est parce que les libéraux ont voté pour », a-t-il enchaîné.

MM. Duceppe et St-Pierre Plamondon ont été chaudement applaudis à leur arrivée dans la salle plénière du congrès, de même que l’ancienne première ministre péquiste du Québec, Pauline Marois qui était présente vendredi soir et a fait son entrée dans la salle plénière du congrès pratiquement en même temps.

Outre M. St-Pierre Plamondon, les deux autres députés du Parti québécois, Joël Arseneau et Pascal Bérubé, ont aussi pris part à la soirée.

La proximité entre le Bloc québécois et le Parti québécois pourrait se refléter, au cours des prochains jours, dans l’adoption d’une proposition qui sera mise aux voix afin que les bloquistes reconnaissent le Parti québécois comme la seule formation politique de l’Assemblée nationale à porter la cause souverainiste.

La résolution vise aussi à ce que le Bloc québécois s’engage à soutenir son cousin souverainiste « jusqu’à l’accession complète de l’indépendance du Québec ».

Cette proposition sera débattue et votée en commission, où elle pourrait encore être modifiée, avant d’être soumise à l’ensemble des délégués, dimanche.

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, se soumettra à un vote de confiance samedi et prononcera un discours.