(Drummondville) Deux propositions de militants du Bloc québécois qui seront soumises à un vote au congrès national de la formation politique, ce week-end, visent à inscrire dans le principal document étayant la vision du parti qu’un manque de pouvoir du Québec en immigration « représente un obstacle pour la cohésion sociale ».

Les deux moutures de cette idée viennent de l’organisation du Bloc québécois pour la circonscription de Saint-Jean et du Forum jeunesse. Elles devront être entérinées par un groupe de délégués réunis en commission pour pouvoir être débattues et votées par l’ensemble des délégués réunis en plénière.

« Nous croyons que lorsqu’une nation n’a pas tous les pouvoirs en matière d’immigration, cette situation représente un obstacle pour la cohésion sociale », peut-on lire dans l’une d’elles.

L’autre comporte la même phrase, couplée par un rejet de la « vision manichéenne et idéologique concernant l’immigration » et une affirmation que, « comme tout phénomène social, les politiques migratoires peuvent avoir des retombées positives et négatives ».

Durant la campagne électorale québécoise de l’automne dernier, le premier ministre François Legault avait été vertement critiqué pour avoir employé le mot « cohésion » en parlant d’immigration, lui juxtaposant quant à lui l’adjectif « nationale ».

Il avait fait valoir que la cohésion nationale risquait d’être menacée si l’afflux d’immigrants non francophones n’était pas contenu. Il avait défendu sa demande de rapatrier les pouvoirs en immigration détenus par Ottawa dans le giron de Québec. Ainsi, la province pourrait contrôler entièrement ses politiques migratoires en fonction de sa capacité d’accueil et de la protection du français.

Tous les chefs des partis d’opposition avaient déploré les propos de M. Legault, y compris celui du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, qui avait reproché au premier ministre de faire des « affirmations divisives » et « peu responsables ». Le leader péquiste prononcera une allocution vendredi soir au congrès national du Bloc québécois, qui a lieu a Drummondville jusqu’à dimanche.

M. Legault était revenu sur ses propos critiqués, un jour après les avoir tenus, pour préciser qu’il ne souhaitait pas que la connaissance du français soit exigée des réfugiés.

Une autre proposition de délégués du Bloc québécois a pour but que le parti s’objecte à « l’inadéquation des politiques fédérales vis-à-vis (celles du Québec) en matière migratoire qui met en péril le français et la culture du Québec, ainsi que les cultures et langues des peuples autochtones ».

L’Assemblée nationale a récemment adopté à l’unanimité une motion déclarant que la hausse de l’immigration pancanadienne prévue par le gouvernement fédéral était « incompatible avec la protection de la langue française au Québec ».

Un sondage Léger commandé par « Le Journal de Montréal » et « Le Journal de Québec » publié mercredi indique que 41 % des Québécois souhaitent que leur province accueille moins d’immigrants, une proportion quasi identique pour les Canadiens quant à l’immigration à l’échelle du pays (42 %).

Au Québec, 29 % de répondants québécois préconisent l’accueil du même nombre d’immigrants. À l’échelle du Canada, 33 % des Canadiens privilégient aussi le statu quo au pays.

Mis à part les propositions de membres bloquistes sur l’immigration, une centaine d’autres sont à l’agenda.

On retrouve par exemple une résolution pour que le Bloc québécois réclame que les nominations présentement faites par le fédéral pour des juges exerçant au Québec soient effectuées par la province.

Une autre vise à déclarer qu’« il est impératif que tous les postes de juges nommés par le gouvernement fédéral soient nommés sans délai, en tout temps ». Les délégués de Terrebonne qui ont soumis cette proposition souhaitent ainsi éviter « des bris de service », des « délais déraisonnables » et « des remises (de) procès ».

Radio-Canada a rapporté la semaine dernière que le juge en chef de la Cour suprême, Richard Wagner, a envoyé une lettre cinglante au premier ministre Justin Trudeau et à deux de ses ministres pour exhorter leur gouvernement à mettre le pied sur l’accélérateur à propos de la nomination des juges.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Le juge en chef de la Cour suprême, Richard Wagner,

« Nous craignons sérieusement que, sans des efforts concrets pour remédier à la situation, nous atteignions très bientôt un point de non-retour dans plusieurs juridictions. Les conséquences feront les manchettes et seront graves pour notre démocratie et l’ensemble des Canadiens et Canadiennes », peut-on y lire, selon un passage cité par le diffuseur public.

Une autre proposition a pour objectif de permettre le vote dès 16 ans, ce qui n’est pas sans rappeler une résolution libérale adoptée en congrès, plus tôt ce mois-ci, pour abaisser l’âge minimal à 17 ans. Les néo-démocrates ont échoué, l’automne dernier, à faire cheminer un projet de loi fixant l’âge légal minimal à 16 ans. Les députés bloquistes avaient voté en faveur.

Parmi les propositions au menu ce week-end qui touchent à l’environnement, l’une plaide que le Bloc québécois devrait mettre de l’avant « une aide financière » afin de « favoriser la transition auprès des PME et des gens à faible revenu ».

Chacune des propositions doit être adoptée en commission pour pouvoir ensuite être débattue et votée par tous les délégués qui seront réunis en plénière dimanche. Les propositions adoptées se traduiront par des modifications à un document nommé « proposition principale », qui se veut une vision et une feuille de route des orientations du Bloc québécois.