(Ottawa) Un an après l’occupation du centre-ville d’Ottawa par des milliers de personnes en colère venues dénoncer les mesures sanitaires imposées durant la pandémie de COVID-19, le premier ministre Justin Trudeau dresse un constat troublant.

« Il y a beaucoup de gens qui souffrent au Canada », a-t-il lancé d’emblée durant une récente entrevue accordée à La Presse quand il a été invité à expliquer les leçons qu’il a apprises à la suite de ces évènements qui l’ont contraint à invoquer la Loi sur les mesures d’urgence.

Selon le premier ministre, la pandémie, la hausse du coût de la vie, la lutte contre les changements climatiques et la nécessaire transition vers une économie carboneutre constituent des défis auxquels plusieurs ont de la difficulté à s’adapter.

« Les gens sont très inquiets par rapport à l’avenir, par rapport à leur place dans l’avenir du pays. Ils ne voient pas l’évolution positive qu’on est en train de vivre dans la société. […] Il y a une évolution plus inclusive. Mais pour certains, c’est en train de brimer les avantages que certaines communautés ont toujours eus dans notre société », a-t-il analysé, en évoquant les efforts que déploie son gouvernement pour faire avancer les droits des peuples autochtones, ceux de la communauté LGBTQ+ et des minorités en général.

Selon lui, il y a des gens qui voient cela comme « une perte » ou « une menace ». Et il a reconnu qu’il est devenu la cible de la colère de nombreux Canadiens.

« Même au niveau de l’environnement, quand on dit qu’on va trouver des façons de réussir dans un monde carboneutre, les gens qui dépendent de l’industrie du pétrole, c’est facile de leur faire peur quand on leur dit qu’on n’en aura plus besoin. »

Il y a beaucoup de gens qui ont peur et qui veulent arrêter ces changements, qui rouspètent contre moi parce que je suis le symbole de cet avenir qu’on est en train de bâtir.

Justin Trudeau

M. Trudeau veut contrer cette inquiétude en mettant l’accent sur les occasions qui s’offrent aux Canadiens dans cette période de transition.

« On va avoir besoin de ces travailleurs qui sont présentement dans l’industrie du pétrole parce qu’ils pourront travailler dans l’industrie de l’hydrogène ou dans la séquestration du gaz, par exemple. Je veux passer le message qu’il y a de la place pour la réussite pour toutes nos communautés, de toutes nos régions. On a besoin de ces gens et de ces travailleurs. »

Une flèche à Poilievre

Au passage, M. Trudeau ne peut s’empêcher de déplorer que son principal adversaire, le chef du Parti conservateur Pierre Poilievre, cherche selon lui à amplifier la crainte des gens sans proposer de véritables solutions. Ce dernier a donné son appui au « convoi de la liberté ».

« Il est très bon pour amplifier la colère des gens en disant que le Canada est brisé. On vit des moments difficiles. Il y a l’inflation, la hausse du coût de la vie, l’anxiété par rapport à l’avenir. L’utilisation des banques alimentaires est à la hausse. Ce ne sont pas des moments faciles. Mais Pierre Poilievre n’est pas en train de proposer des solutions. Je suis très ouvert à l’idée de comparer mes idées. Mais il ne parle même pas de ses idées. Il est juste en train d’amplifier la colère des gens », a-t-il dit.

Dans la même envolée, M. Trudeau s’est corrigé. « En fait, ce n’est pas vrai. Il a proposé une chose. Il a dit aux gens que s’ils voulaient éviter l’inflation, qu’ils devaient acheter des cryptos. Si les gens avaient suivi son conseil, ils auraient perdu plus de la moitié de leur épargne. »