(Ottawa) Les gants sont jetés. À quelques jours de la rentrée parlementaire à Ottawa, Justin Trudeau signale qu’il a l’intention d’en découdre avec son adversaire conservateur Pierre Poilievre, en insistant sur le contraste entre les visions libérale et conservatrice.

Le premier ministre a mis la table au retour des députés fédéraux, qui ont recommencé à converger sur la colline du Parlement après la relâche des Fêtes. Juste avant la rencontre de son caucus, il s’en est pris au chef de l’opposition officielle — qui l’avait écorché un peu plus tôt vendredi matin.

M. Poilievre a choisi d’amplifier la colère de gens, qui est réelle. Au lieu de leur proposer des solutions, il leur offre simplement plus de colère. Nous allons proposer de vraies solutions, comme nous l’avons fait.

Justin Trudeau, premier ministre du Canada

En fait, oui, le chef du Parti conservateur a des propositions : il « continue de prôner l’austérité et les coupures », a attaqué le premier ministre avant de s’engouffrer dans la salle de réunion où étaient rassemblés ses députés.

Il a poursuivi sur la même lancée dans son discours aux troupes libérales, accusant son rival conservateur d’avoir « a décidé de dire que tout est brisé sans offrir de solution concrète ». Puis, après avoir abordé un éventail de sujets, il a dit à ses élus de ne pas oublier qu’un scrutin pourrait survenir à tout moment.

Car dans une situation minoritaire, « nous devons être prêts à tout », a plaidé Justin Trudeau.

À l’extérieur, pendant ce temps, on installait des clôtures autour des édifices parlementaires en prévision de la fin de semaine, qui marque le premier anniversaire du début de l’occupation du « convoi de la liberté ». Les forces de l’ordre ont aussi augmenté leur visibilité.

Le caucus national libéral se poursuit samedi.

Quant aux travaux de la Chambre des communes, ils reprennent lundi.

Trudeau demande à ses députés d’être à la hauteur

Le premier ministre Justin Trudeau a demandé à son caucus libéral d’être à la hauteur des défis que doivent affronter les Canadiens, avec la hausse du coût de la vie, un système de santé en difficulté et les impacts du changement climatique.

Dans son discours d’une quinzaine de minutes, le premier ministre a également exposé les priorités de son gouvernement minoritaire.

M. Trudeau a notamment évoqué sa prochaine rencontre avec les premiers ministres des provinces et territoires, le 7 février, pour discuter des transferts fédéraux en santé.

« Il faut être à la hauteur des défis pour des gens comme Monique, à Québec, qui attend pour se faire remplacer un genou, a-t-il dit. Améliorer nos systèmes de santé, c’est une priorité pour les Canadiens, et c’est primordial pour notre gouvernement. »

La majeure partie de son discours a été axée sur l’économie, M. Trudeau présentant la croissance des technologies vertes comme un legs qui profitera aux générations futures.

Son gouvernement libéral devrait déposer cette année un projet de loi dit de « transition juste », qui vise à développer une économie carboneutre, avec des projets d’énergie propre à travers le Canada, tout en soutenant les travailleurs du secteur des hydrocarbures touchés par ce virage.

Le projet de loi, qui n’a pas encore été déposé, fait partie de l’« entente de soutien et de confiance » que les libéraux ont conclue avec les néo-démocrates, en mars dernier. Avec cette entente, le NPD a accepté de soutenir le gouvernement minoritaire libéral lors de votes clés aux Communes jusqu’en 2025.

Alors que les libéraux et les néo-démocrates ont pu travailler ensemble jusqu’ici pour créer un programme de soins dentaires, M. Trudeau a rappelé à son caucus d’être quand même « prêt à tout ».

« Restez proches de vos communautés et continuez à faire entendre leur voix au Parlement, et continuons à être la voix des Canadiens, a déclaré M. Trudeau. Continuons à nous battre pour les familles. Continuons à nous battre pour les patients et les travailleurs de la santé, et pour les données probantes, la science et la vérité. »

Mickey Djuric, La Presse Canadienne