(Ottawa) Ottawa sort le chéquier pour venir en aide aux Canadiens étranglés par l’inflation. Au menu : chèque pour les soins dentaires, supplément pour l’aide au logement, bonification du crédit d’impôt pour la TPS, le tout au coût de 4,5 milliards.

Le premier ministre Justin Trudeau a dévoilé ce trio de mesures à l’issue de la rencontre présessionnelle du caucus libéral à St. Andrews, au Nouveau-Brunswick, mardi.

D’abord, le gouvernement fédéral enverra directement aux parents de familles à faible ou moyen revenu un chèque annuel pouvant atteindre 650 $, pendant deux ans, pour chaque enfant de moins de 12 ans, afin de défrayer les visites chez le dentiste.

Les familles dont le revenu est inférieur à 90 000 $ et les personnes dont le revenu est de moins de 70 000 $ sont admissibles à ce programme. Il s’agit du premier jalon d’un régime qui doit être élargi aux moins de 18 ans, aux aînés et aux personnes en situation de handicap en 2023, vers une mise en œuvre complète en 2025.

Le nouveau régime fédéral permettrait de bonifier celui qui existe au Québec, où la RAMQ couvre des soins partiels, comme les obturations et les extractions pour les enfants jusqu’à l’âge de 10 ans. Les traitements préventifs et les examens réguliers ne sont toutefois pas inclus dans la couverture.

Ensuite, pour donner un peu d’oxygène à quelque 1,8 million de locataires canadiens qui ont de la difficulté à payer leur loyer, le gouvernement Trudeau offrira un supplément unique de 500 $ à l’Allocation canadienne d’aide au logement.

L’allocation fédérale sera offerte aux demandeurs dont le revenu net ajusté est inférieur à 35 000 $ pour les familles, ou à 20 000 $ pour les particuliers, et qui consacrent au moins 30 % de leur revenu au logement, précise-t-on dans un document gouvernemental.

Enfin, Ottawa doublera le crédit d’impôt de la TPS pendant six mois.

Les Canadiens célibataires sans enfant recevraient ainsi jusqu’à 234 $ de plus, et les couples avec deux enfants recevraient jusqu’à 467 $ de plus cette année. Pour leur part, les personnes âgées toucheraient en moyenne 225 $ de plus, selon les calculs du fédéral.

Cet ensemble de mesures de soutien totalise plus de 4,5 milliards, dont 3,1 milliards s’ajoutent aux fonds déjà alloués dans le budget déposé en avril 2022.

Le NPD se réjouit

Le plan a le sceau d’approbation du Nouveau Parti démocratique (NPD).

Le chef néo-démocrate Jagmeet Singh a d’ailleurs revendiqué mardi un gain pour sa formation.

« Nous nous sommes battus farouchement [et] nous avons gagné. Nous avons forcé ce gouvernement à livrer trois choses. Aucun de ces éléments n’aurait été mis en œuvre n’eût été [du NPD] », s’est-il félicité en point de presse à Thunder Bay, en Ontario.

Le plan permet aux partis de cocher deux cases de « l’entente de soutien et de confiance » conclue en mars dernier, qui permet aux libéraux minoritaires de se maintenir au pouvoir. L’aide pour les soins dentaires et l’aide au loyer sont directement tirées du pacte stratégique.

Les mesures se retrouveront dans un projet de loi qui sera rapidement déposé à la Chambre des communes. Les députés fédéraux reprendront le collier le 20 septembre prochain, avec dans les banquettes conservatrices un nouveau capitaine en la personne de Pierre Poilievre.

Poilievre taille le plan en pièces

Ce dernier a reproché à maintes reprises au gouvernement Trudeau d’être dépensier. Dans le discours qu’il a livré devant son caucus, lundi, il a martelé son intention de s’attaquer à la coalition « radicale woke » entre le Parti libéral et le NPD.

Sans surprise, le chef Poilievre a descendu en flammes les mesures annoncées par le premier ministre. Les libéraux « ajoutent de l’essence sur le feu de l’inflation », et les conservateurs « vont se battre bec et ongles » pour s’opposer aux « taxes inflationnistes » libérales, a-t-il fustigé en conférence de presse au parlement.

Lui aussi a revendiqué, d’une certaine façon, une victoire. Il a établi un lien entre sa mise en garde de la veille et l’annonce de mardi. Dans les faits, le plan devait être dévoilé jeudi dernier à Vancouver, mais le décès de la reine Élisabeth II avait chamboulé l’ordre du jour.

En savoir plus
  • 11 millions
    Nombre de citoyens et de familles bénéficiaires du crédit d’impôt pour la TPS, dont environ la moitié des familles canadiennes avec enfants et plus de la moitié des aînés au pays.
    bureau du premier ministre du Canada
    2,5 milliards
    Coût de doubler le crédit pour la TPS pendant 6 mois.
    bureau du premier ministre du Canada