(Saint-Hyacinthe) Après avoir tourné l’idée en ridicule, le premier ministre François Legault se dit « ouvert » à interdire l’accès aux réseaux sociaux aux moins de 16 ans, tout en soulignant qu’il y a des « pour » et des « contre ». Une chose est sûre pour lui : les TikTok et autres Instagram, « c’est un peu comme si c’était des pushers virtuels » qui rendent les jeunes dépendants et nuisent à leur santé mentale.

Samedi, à son arrivée au conseil général de la Coalition avenir Québec (CAQ) à Saint-Hyacinthe, François Legault est également revenu à la charge sur le thème de l’immigration afin de faire pression sur Ottawa pour « réduire de façon significative » le nombre d’immigrants temporaires, qui s’élève à 560 000 en ce moment au Québec. Il appelle les Québécois à prendre conscience qu’il y a « urgence » et qu’il faut « mettre vraiment la pression sur le gouvernement fédéral pour agir rapidement ». Il veut que l’enjeu soit au cœur des prochaines élections fédérales.

Vendredi, La Presse a publié un sondage SOM démontrant que sept Québécois sur dix appuient l’instauration d’une majorité numérique à 16 ans pour ouvrir un compte sur TikTok, Instagram et autres réseaux sociaux. L’entourage du premier ministre a analysé les résultats de ce sondage.

Au début du mois, François Legault avait rejeté l’idée d’une majorité numérique suggérée par le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon. « Bon, est-ce que je viens bien d’entendre le chef du PQ nous dire : “ On devrait interdire les médias sociaux pour les enfants de moins de 14 ans ? ?” C’est-tu ça qu’il vient de dire, là ? Est-ce que j’ai bien entendu ? C’est ça, sa suggestion ? », avait-il répondu.

Il ouvre maintenant la porte à la majorité numérique à 16 ans pour l’ouverture d’un compte sur les réseaux sociaux comme le propose l’aile jeunesse de son parti. Cette proposition sera débattue au conseil général de la CAQ.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

François Legault croit « totalement » que les réseaux sociaux sont des produits addictifs au même titre que l’alcool et le cannabis.

« Je suis ouvert », a affirmé François Legault. « On va avoir des débats. Il y a des pour, il y a des contre », a-t-il affirmé.

Questionné au sujet de la faisabilité de cette mesure, il a répondu que « si on prend cette décision-là, on regardera comment effectivement on peut faire ça légalement ».

Il croit « totalement » que les réseaux sociaux sont des produits addictifs au même titre que l’alcool et le cannabis, comme le pense la présidente de l’aile jeunesse de son parti.

La façon de fonctionner des médias sociaux, c’est de rendre les lecteurs dépendants. Donc c’est un peu comme si c’était des pushers virtuels, comme la drogue et d’autres substances. C’est inquiétant, ça me fait peur. Ça crée des problèmes de santé mentale importants pour les jeunes. Oui, je suis ouvert à poser des gestes importants pour les réseaux sociaux.

François Legault

Le 30 juin, François Legault rencontrera son homologue Justin Trudeau au sujet de l’immigration temporaire, dont l’ampleur a un impact important sur les services publics et le français selon lui. Les discussions ne progressent pas entre les deux gouvernements pour le moment. « J’ai toujours espoir que dans la rencontre on ait peut-être des bonnes nouvelles, mais pour l’instant, ce qu’on nous dit, c’est qu’il y a des comités qui se mettent en place, mais ça ne bouge pas », a dit M. Legault.

Il appelle les Québécois à tenir compte de cet enjeu en vue des prochaines élections fédérales, tout en remettant en cause l’idée qu’il avait évoquée de tenir un référendum sectoriel sur le transfert à Québec les pleins pouvoirs en immigration. « Même faire un référendum sectoriel, on sait déjà qu’il y a 65 % des Québécois qui seraient d’accord pour transférer les pouvoirs. Mais quand on regarde la dernière élection fédérale, ça n’a pas été l’enjeu principal. Ce que je souhaite au cours des prochaines semaines et des prochains mois, c’est que ça devienne un enjeu principal. »

Selon lui, « il faut que les Québécois comprennent que si on veut améliorer nos services d’éducation, en santé, si on veut rendre des logements disponibles, il faut réduire de façon significative le nombre de 560 000 immigrants temporaires ».