(Saint-Hyacinthe) Les TikTok et autres Instagram sont des « pushers virtuels » qui nuisent à la santé mentale des jeunes, selon François Legault. Mais il s’en remet à une commission parlementaire spéciale pour déterminer s’il est nécessaire de fixer un âge minimal pour accéder aux réseaux sociaux.

Plutôt que de trancher la question, les militants caquistes réunis en conseil général samedi ont nuancé une proposition de l’aile jeunesse, se bornant à réclamer une commission parlementaire pour étudier l’opportunité d’instaurer une majorité numérique.

Aussitôt après l’adoption d’une proposition en ce sens, François Legault a envoyé une lettre aux chefs des partis de l’opposition pour leur suggérer « la création d’une commission parlementaire spéciale transpartisane sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes ». À l’image de la commission Mourir dans la dignité qui avait porté sur les soins de fin de vie et l’aide médicale à mourir.

« On a sur les bras un énorme problème de société » avec les réseaux sociaux qui causent des problèmes de santé mentale chez les jeunes. « C’est inquiétant et ça fait peur », a déclaré François Legault dans son discours de clôture du conseil général.

PHOTO GRAHAM HUGHES, LA PRESSE CANADIENNE

François Legault, premier ministre du Québec

Bien sûr, les parents ont une responsabilité. Mais c’est l’ensemble de la société qui doit en faire plus. On a besoin de faire un grand exercice de réflexion. Je tends la main à tous les partis d’opposition pour qu’on organise une commission parlementaire spéciale, transpartisane, sur les réseaux sociaux et les écrans.

François Legault, premier ministre du Québec

Dans un message diffusé sur X, le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, a rappelé qu’il avait proposé en vain au gouvernement plus tôt ce mois-ci la tenue d’une commission parlementaire sur l’enjeu du temps d’écran chez les jeunes.

« Des gestes importants »

Lors d’une mêlée de presse plus tôt dans la journée, François Legault s’est dit « ouvert à poser des gestes importants pour les réseaux sociaux ». « La façon de fonctionner des médias sociaux, c’est de rendre les [utilisateurs] dépendants. Donc c’est un peu comme si c’était des pushers virtuels, comme la drogue et d’autres substances », a-t-il affirmé. Il a pris soin de souligner qu’il y a du pour et du contre au sujet de l’instauration d’une majorité numérique.

Les militants caquistes ont d’ailleurs dilué la proposition soumise par la Commission de la relève du parti sur le sujet. Cette dernière voulait que la Coalition avenir Québec (CAQ) se prononce pour « l’instauration d’une majorité numérique à 16 ans pour l’ouverture d’un compte sur les réseaux sociaux, ainsi qu’une vérification rigoureuse pour accéder aux sites réservés aux personnes majeures ».

Parmi les personnes qui ont pris la parole, la députée Isabelle Lecours s’est prononcée contre la proposition, rappelant que « les personnes peuvent aller voir un médecin à partir de 14 ans sans l’approbation de leurs parents ». Opposé à la proposition lui aussi, un militant de Charlevoix–Côte-de-Beaupré a plaidé que « le gouvernement a toujours dit qu’on ne se mêlera pas de ce qui se passe dans les chambres à coucher » et que « la première éducation » devait se faire à la maison. « Il y a une responsabilité des parents qui se perd et l’État en prend beaucoup », a déploré une autre caquiste, estimant que l’enjeu « relève des familles ».

Une partisane de la proposition a estimé qu’une majorité numérique est nécessaire pour « minimiser les harcèlements » qui affectent la santé mentale des jeunes. Une représentante de la Commission de la relève a plaidé que « les réseaux sociaux ont beaucoup plus de conséquences négatives que de conséquences positives ». « Les données montrent que la détresse augmente chez les jeunes, a-t-elle ajouté. C’est le temps de reprendre le contrôle. »

Amendement

La proposition a été amendée par la suite pour que le parti réclame plutôt la tenue d’une commission parlementaire sur cet enjeu. « On ne met pas complètement à l’eau l’idée d’une majorité numérique, elle serait étudiée au préalable », a soutenu une militante.

Cette proposition amendée, qui a été largement appuyée, se lit ainsi : « La Coalition avenir Québec propose de demander au gouvernement d’étudier en commission parlementaire l’instauration d’une majorité numérique pour les personnes mineures à un âge à être déterminé pour l’ouverture d’un compte sur les réseaux sociaux, ainsi qu’une vérification rigoureuse pour accéder aux sites réservés aux personnes majeures. »

Les jeunes caquistes se sont montrés satisfaits de l’adoption de cette proposition même si elle est plus nuancée que celle qu’ils avaient proposée.

« Je suis extrêmement fier de la relève du parti, d’avoir fait des propositions [parmi] les plus débattues que j’ai jamais vues à la CAQ », a lancé le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, lors d’une intervention au micro juste avant le vote final.

« Ici, on a quelque chose qui va nourrir notre prochaine stratégie » sur l’utilisation des écrans et la santé des jeunes. Cette stratégie est attendue en 2025. Le ministre souhaite connaître les conclusions de la commission avant de la présenter.

Les militants caquistes ont également adopté une proposition réclamant que les écrans dans les écoles soient utilisés seulement pour des raisons pédagogiques. Les cellulaires sont interdits dans les salles de classe du primaire et du secondaire depuis le 1er janvier. Le gouvernement envisage de les bannir partout dans les écoles.