(Bromont) Le plan de retour à l’équilibre budgétaire que promettent les libéraux s’ils forment le prochain gouvernement en 2026 pourrait s’inspirer de ce qu’avait fait l’ancien premier ministre Philippe Couillard en 2014, soit de donner un coup de frein temporaire aux dépenses de l’État en deçà de la croissance normale des dépenses de programmes.

Dimanche, au deuxième jour du conseil général du Parti libéral du Québec (PLQ) qui se déroulait en Estrie, le chef par intérim, Marc Tanguay, de même que le président de la commission politique nationale, André Pratte, ont expliqué la résolution adoptée samedi par les membres, qui demandent au parti un plan de retour à l’équilibre budgétaire qui « préserve les services essentiels fournis par le gouvernement du Québec, notamment en éducation et en santé et services sociaux ».

Selon eux, lorsque le gouvernement Couillard avait limité à l’époque la croissance des dépenses de mission de l’État à 1,4 % et 1,1 % lors de ses deux premières années au pouvoir, les services essentiels avaient été préservés. Plusieurs observateurs et leurs adversaires qualifiaient alors cette approche d’« austérité », une étiquette que le PLQ rejette toujours.

Avec un déficit record de 11 milliards pour l’année 2024-2025, Marc Tanguay affirme que François Legault est désormais le pire premier ministre de l’histoire contemporaine du Québec et qu’il finira son mandat sans avoir assaini les finances publiques.

« Ce que je constate, c’est que de 2014 à 2018, la qualité des services était présente. […] Aujourd’hui, sous François Legault, les Québécois sont doublements perdants. On a un déficit record et on n’a pas les services », a-t-il dit.

Vous ne pouvez pas gérer votre budget familial ou d’une entreprise [en étant dans des] déficits après déficits. Vous ne serez pas capable de livrer à vos clients. L’État du Québec ne fait pas exception.

Marc Tanguay, chef intérimaire du Parti libéral du Québec

Selon lui, Philippe Couillard – dont l’héritage a été souligné en grand samedi soir lors d’une cérémonie hommage réunissant tous les anciens chefs toujours vivants du PLQ – avait réussi à s’assurer que « les services soient donnés en temps opportun et en qualité ». À l’époque, plusieurs manifestations contre ce qui était qualifié d’« austérité » s’étaient tenues à travers le Québec.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

L’ancien premier ministre Philippe Couillard

Assumer le passé

Pour André Pratte, un message qui a été envoyé par les militants du Parti libéral ce week-end en Estrie est d’arrêter de critiquer les choix qui ont été faits par le passé par des gouvernements libéraux.

Il y a eu une période où des gens, même au sein du parti, critiquaient beaucoup une partie du passé du Parti libéral du Québec. Je pense qu’hier, le message était très clair de la part des militants que la très grande majorité sont fiers du passé libéral, un passé exceptionnel.

André Pratte, président de la commission politique nationale

En 2019, la députée Marwah Rizqy avait proposé que le PLQ s’excuse pour les conséquences de la rigueur budgétaire imposée sous Philippe Couillard. Elle s’était par la suite elle-même excusée d’avoir heurté certains de ses collègues.

En mêlée de presse, samedi, l’ancien premier ministre Philippe Couillard a pour sa part analysé l’état actuel de l’opinion publique, alors que le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, obtient de bons résultats dans les sondages. Selon lui, il s’agit d’un signal que l’authenticité peut être payante en politique.

Sur ce point, M. Pratte est d’accord : les libéraux doivent défendre le fédéralisme canadien face à l’indépendance proposée par le PQ et assumer plus que jamais leurs valeurs, ce qui comprend la rigueur budgétaire.