Critiqué pour la difficulté à s’y retrouver dans les nombreux chantiers, Montréal déploiera ce lundi une nouvelle carte interactive permettant de visualiser tous les travaux en temps réel, tant ceux de la Ville que ceux du privé ou des particuliers.

« On veut que les gens et les commerçants sachent ce qui se passe devant chez eux, qui fait les travaux et pour combien de temps, avec quels impacts. On le fait dans une volonté de transparence, mais aussi pour amener plus d’imputabilité à ceux et celles qui mènent le chantier », a expliqué à La Presse la responsable des infrastructures au comité exécutif, Émilie Thuillier.

Cette nouvelle carte permettra d’effectuer une recherche avec une adresse précise afin de voir les entraves à un niveau très local ou encore par quartier, voire par arrondissement. Avec plus de 200 chantiers répertoriés, le secteur du centre-ville y apparaît d’ailleurs sans surprise comme le plus touché par les chantiers.

  • Une idée de ce à quoi ressemble la nouvelle plateforme numérique

    PHOTO FOURNIE PAR LA VILLE DE MONTRÉAL

    Une idée de ce à quoi ressemble la nouvelle plateforme numérique

  • Plusieurs entraves sont répertoriées autour des bureaux de La Presse, au centre-ville.

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    Plusieurs entraves sont répertoriées autour des bureaux de La Presse, au centre-ville.

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L’outil rendra aussi possible de filtrer les recherches par « zones touchées » – des rues, des pistes cyclables, des trottoirs, des parcs ou des ruelles. Enfin, on pourra catégoriser les chantiers par « responsables des travaux », notamment des organisations publiques comme Hydro-Québec, des promoteurs immobiliers, des entrepreneurs privés ou encore des particuliers.

Cette carte représente une avancée importante. Jusqu’ici, le site Info-Travaux ne permettait de voir que les chantiers actifs de la Ville, qui représentent entre 25 et 40 % des chantiers actifs dans la métropole.

Les données seront tirées de la plateforme AGIR par laquelle Montréal procède à l’attribution de permis d’occupation de l’espace public. Environ 55 000 permis y sont délivrés chaque année, dont 20 000 dans Ville-Marie seulement. « Ça fait en sorte qu’on va avoir pas mal tous les chantiers en temps réel. Et le principal avantage, c’est que la carte va se générer automatiquement au fur et à mesure », dit Mme Thuillier.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Émilie Thuillier, mairesse d’Ahuntsic-Cartierville et responsable des infrastructures au comité exécutif

Quand on comprend pourquoi un chantier est là rapidement, il y a comme la moitié de la frustration qui a disparu. C’est majeur pour nous, et on pense que ça va réellement aider tout le monde.

Émilie Thuillier, responsable des infrastructures au comité exécutif

M pour modernisation

Aux services administratifs de la Ville, le porte-parole Philippe Sabourin espère surtout que la nouvelle plateforme « offrira aux citoyens plus de trajets où ils ne rencontreront pas, ou peu, de chantiers sur leur chemin ». « C’est un peu aussi l’objectif, tout en réduisant le nombre de chantiers mal entretenus ou bruyants », dit-il à ce sujet.

« C’est une avancée majeure en matière de modernisation, mais c’est un premier pas. Après, il y a des choses qu’on pourrait ajouter plus tard, comme des fermetures de rues piétonnes pour des évènements festifs, par exemple. On a énormément de données sur ce qui se passe dans la rue », poursuit M. Sabourin.

Le tout survient alors que, depuis le Sommet sur les chantiers, en mars dernier, Montréal a été autorisé par le ministère des Transports à remplacer ses cônes par des bollards de plus petite taille ou d’autres éléments moins perturbants.

L’administration Plante impose aussi maintenant l’installation de la signalisation 24 heures avant un chantier, et son retrait 24 heures après, en plus de démobiliser les zones de travaux inactives pendant plus de cinq jours.

Québec, de son côté, ramasse dorénavant les cônes au bout de 72 heures d’inactivité sur un chantier. Depuis décembre, le gouvernement installe de plus en plus des glissières métalliques plutôt que des cônes sur ses chantiers.

Un autre gain « obtenu de haute lutte avec le gouvernement », rappelle quant à elle Émilie Thuillier, a été de réduire la longueur des biseaux en milieu urbain.

Montréal a en effet obtenu ces derniers mois une modification des règles du Ministère sur la longueur de la zone de transition qui indique l’entrave dans les rues de 40 km/h et moins. « Ça représente environ 70 % des rues locales de Ville-Marie où on pourra réduire les cônes de moitié », note M. Sabourin.

Dans l’immédiat, toutefois, la situation ne semble pas réellement s’améliorer. En mars dernier, la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) révélait, dans une mise à jour de son diagnostic sur les chantiers, que près d’un cône orange sur cinq est encore « inutile » au centre-ville. Mais surtout, avait insisté l’organisme, environ 93 % des artères y ont été entravées partiellement ou totalement dans la dernière année, soit un portrait relativement similaire à celui de l’an dernier.