Encore une fois, l’aménagement de pistes cyclables provoque la controverse à Montréal, cette fois dans le quartier Parc-Extension, cruellement dépourvu de voies réservées aux vélos, où un projet de l’arrondissement entraînera le retrait de 250 places de stationnement sur rue.

Ce qu’il faut savoir

  • L’aménagement de nouvelles pistes cyclables entraînera le retrait de 250 espaces de stationnement dans le quartier Parc-Extension.
  • Les supporteurs et les opposants aux nouveaux aménagements s’affrontent par l’entremise de pétitions en ligne.
  • La mairesse de l’arrondissement affirme qu’il n’est pas question de reculer sur ce projet.

Deux pétitions en ligne aux vues opposées ont été lancées par des citoyens du quartier. Dimanche soir, les opposants aux pistes cyclables avaient recueilli 793 signatures, alors que ceux qui sont en faveur en avaient obtenu 847. Les deux pétitions ont été remises au conseil d’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension mardi dernier.

« Le quartier est très mal desservi en pistes cyclables. On est enclavés. Et les voies d’accès sont très dangereuses pour les vélos », explique Félicie B. Lamy, l’une des deux instigatrices de la pétition appuyant les nouveaux aménagements.

Les futures pistes sont prévues sur l’avenue Ball, entre l’avenue Stuart et la rue Durocher, sur l’avenue de L’Épée, entre les avenues Beaumont et Ogilvy, et sur l’avenue Querbes, entre l’avenue Ogilvy et le boulevard Crémazie.

INFOGRAPHIE LA PRESSE

« Ça permettra de relier les parcs et les écoles du quartier. Il y aura un lien vers le parc Jarry et le Marché Central. Il faut mieux répartir l’espace public pour les gens qui n’ont pas de voiture », se réjouit-elle.

Compromis controversé

Mais voilà, l’aménagement des nouvelles voies cyclables entraînera le retrait de 250 places de stationnement pour les voitures, ce qui inquiète de nombreux résidants des rues concernées.

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Un commis du Marché Ghanacan, avenue Ogilvy, installe une affiche pour une manifestation contre le projet de pistes cyclables.

Selon Connie Buccheri, qui a lancé la pétition contre le projet, la disponibilité du stationnement sur rue est déjà problématique dans le secteur. « Il y a beaucoup de personnes âgées dans le quartier, elles ne vont pas prendre leur bicycle pour circuler, fait-elle remarquer. Elles reçoivent des visites de leur famille, parfois des soins à domicile. Ça veut dire que ces gens vont devoir tourner en voiture à la recherche d’un stationnement. »

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Connie Buccheri

Ces craintes se sont notamment exprimées lors d’une rencontre d’information organisée par l’arrondissement le 14 juin. Mais selon la conseillère municipale du district, Mary Deros, qui est membre du parti de l’opposition, Ensemble Montréal, certains citoyens n’ont pas reçu l’avis annonçant cette rencontre.

Elle déplore le manque de consultations de la part de l’arrondissement et le fait que les travaux doivent débuter en août, alors que les conclusions d’une étude de circulation sont encore attendues. C’est elle qui a déposé la pétition des opposants au conseil d’arrondissement.

Elle se dit débordée d’appels de citoyens inquiets depuis que les travaux ont été annoncés. Tellement qu’elle a décidé d’organiser sa propre rencontre, le 27 juin, pour écouter les craintes de résidants.

Je suis en faveur des pistes cyclables protégées, mais quand on change les habitudes des gens de cette façon, il faut au moins leur expliquer comment et pourquoi. Il faut écouter les gens à qui ces changements vont causer des problèmes.

Mary Deros, conseillère municipale dans l’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension

Selon elle, l’administration de l’arrondissement « prend des décisions, mais fait les études après, ce qui l’oblige à défaire des choses ».

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L’aménagement des nouvelles voies cyclables entraînera le retrait de 250 places de stationnement, notamment près de commerces.

La mairesse de l’arrondissement, Laurence Lavigne-Lalonde, assure que les commentaires des citoyens permettront de raffiner certains détails. Elle ne s’étonne pas de l’opposition d’une partie de la population. « Quand on touche au stationnement, ça fâche les gens », reconnaît-elle.

« Mais il n’est pas question qu’on recule sur ce projet », ajoute-t-elle du même souffle.

« Il n’y a aucune piste cyclable sécuritaire dans Parc-Extension, et la seule façon d’en faire, c’est de retirer des espaces de stationnement, dit la mairesse. Les gens vont s’habituer, comme ça s’est passé ailleurs. »

Elle soutient que la venue des nouveaux aménagements a été révélée dès l’année dernière, et même dès 2019, lors du dévoilement du plan vélo de la Ville. Devant les accusations de manque de consultations, elle ne se dérobe pas.

« On a fait des séances d’information sur ce qui s’en venait. On n’a jamais prétendu consulter les gens », admet-elle.