Exaspéré par la pollution sonore dans le ciel de la métropole, le regroupement Les pollués de Montréal-Trudeau a gagné une première manche en obtenant un jugement l'autorisant à intenter une action collective contre Aéroports de Montréal, Nav Canada et le ministère fédéral des Transports. Afin de faire valoir leurs droits, les membres du regroupement ont présenté devant un juge de la Cour supérieure du Québec les captations de 10 stations de mesures sonores aéronautiques.

Il y a quelques années, des résidants du secteur de Dorval avaient échoué dans leurs tentatives d'intenter des actions devant les tribunaux. Cette fois, le regroupement, qui souhaite faire valoir les droits « de tous les citoyens montréalais qui se trouvent dans la même situation », a présenté des résultats sonores enregistrés dans certains secteurs de Saint-Laurent, d'Ahuntsic, de Mont-Royal, de Saint-Michel et de Villeray.

Selon les faits exposés devant le juge, les niveaux sonores dépassent régulièrement le niveau extérieur régulier de 55dBA fixé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) comme seuil critique au-delà duquel le bruit peut entraîner des maladies cardiovasculaires et d'autres problèmes de santé.

Le président du regroupement Les pollués de Montréal-Trudeau, Pierre Lachapelle, a expliqué que les autorités avaient été interpellées à de nombreuses reprises pour obtenir des atténuations. « C'est malheureux, mais on n'a jamais pris nos demandes au sérieux. Le ministre des Transports [Marc Garneau] fait la sourde oreille », a-t-il affirmé.

En vertu du jugement, le regroupement pourra intenter des procédures pour obtenir des dommages et intérêts compensatoires pour bruit excessif. Mais au-delà des compensations financières, les citoyens réclament une gestion moderne des impacts environnementaux des activités de l'aéroport Montréal-Trudeau avec un couvre-feu strict entre 23 h et 7 h.

Les trois parties visées par le jugement, dont le gouvernement fédéral, n'ont pas commenté la décision du tribunal. Elles ont un délai de 30 jours pour porter le jugement en appel.

Photo Patrick Sanfaçon, La Presse

Pierre Lachapelle, président du regroupement Les pollués de Montréal-Trudeau, en compagnie de Me Gérard Samet, avocat du groupe, hier, en conférence de presse

Le bruit

Le niveau de bruit se mesure en décibels (dB). La mesure des décibels peut être ajustée pour tenir compte de la manière dont l'oreille humaine entend. Le niveau de bruit est alors présenté en décibels « A » (dBA). Les effets du bruit sur une personne varient selon la source de bruit auquel elle est exposée. Une exposition prolongée à des bruits forts, par exemple de plus de 75 dBA pendant 8 heures par jour, peut causer une perte d'audition. Le corps peut aussi réagir à des niveaux de bruit moins élevés : le sommeil peut être perturbé par un bruit de 40 dBA à l'extérieur.