Le premier ministre sortant Jean Charest s'en remet au jugement des policiers pour déterminer si la loi 78 doit être mise en application strictement ou non.

Contrairement à son adversaire caquiste François Legault, il n'envisage pas de sanctions contre les professeurs qui refuseraient de traverser d'éventuels piquets de grève et donc de donner leurs cours.

Le chef libéral marchait sur des oeufs, mercredi, lorsque les journalistes lui ont demandé ce qu'il ferait si la rentrée dérape dans l'un ou l'autre des 14 cégeps touchés par la grève étudiante.

La veille, il s'était contenté de dire que « la loi doit être respectée ». Questionné mercredi pour savoir si les policiers doivent la faire respecter coûte que coûte, il a répondu: « Dans l'application des lois, ils doivent dans chaque situation particulière faire preuve de jugement. C'est ce qu'ils ont fait, et c'est ce qu'ils font ».

Il laisse également au « bon jugement » des établissements le choix des mesures à prendre pour que la rentrée se déroule dans l'ordre la semaine prochaine.

« Il y aura peut-être des situations qui seront difficiles. Si c'est le cas, les gens vont utiliser leur bon jugement. La loi est là pour être appliquée aussi, mais dans le contexte où ils appliquent leur bon jugement », a-t-il expliqué en conférence de presse, à Montréal.

« On fait confiance au jugement de ceux qui sont dans les directions des collèges. Ils sont dans la meilleure situation pour déterminer quels gestes doivent être posés pour assurer la sécurité de tout le monde. »

Il a laissé entendre qu'il approuve l'embauche de gardiens de sécurité par les cégeps. « Chaque établissement doit prendre ses décisions en fonction de ses besoins », a-t-il dit. Il trouve normale la rencontre entre la Fédération des cégeps et le SPVM aujourd'hui. « Je pense que les gens veulent prendre toutes les précautions possibles », a-t-il fait valoir.

Il n'envisage pas pour le moment de sanctions contre les professeurs qui refuseraient de traverser d'éventuels piquets de grève et de donner leurs cours. « On n'est pas dans les sanctions. Il n'y a pas de raison que ça se passe autrement que dans le calme », a-t-il dit.

Mais que ferait-il si la situation se produit ? « La question est hypothétique. On va prendre ça une étape à la fois (...). Ce n'est pas le temps d'évoquer toutes sortes de scénarios. Il faut donner la chance à la rentrée de se faire », a-t-il répondu.

« S'il y a une épée de Damoclès, ce n'est pas moi qui la tiens dans mes mains », mais plutôt les étudiants, a-t-il ajouté. « Ce n'est pas moi qui fais le choix de poser ces gestes, je les dénonce. »