«Il n'y a aucune urgence» à remettre à l'ordre du jour le dossier constitutionnel, tempère Philippe Couillard. Le chef libéral corrige le tir: lors d'une éventuelle tournée du Canada à titre de premier ministre, il n'aborderait les demandes historiques du Québec que si on lui pose des questions sur le sujet.

Samedi, en conférence de presse à Sept-Îles, Philippe Couillard a modéré grandement ses intentions sur le front constitutionnel. Entre l'emploi et la Constitution, il «tasse rapidement» ce dernier. 

«Lorsque je vais parcourir le Québec, le Canada, le monde, dans les premières semaines de mon mandat de premier ministre, ça va être avant tout pour parler d'économie et d'emploi. Et lorsqu'on me questionnera sur cette question (NDLR la constitution), je répondrai en présentant les demandes historiques du Québec», a-t-il affirmé.

La veille, le chef libéral répondait qu'il voulait intervenir auprès de Justin Trudeau et d'autres représentants fédéraux pour qu'ils acceptent que le caractère distinct du Québec soit reconnu dans la Constitution. Lors de sa tournée qui porterait surtout sur l'économie, il manifesterait à chaque occasion son «espoir» et son «désir» de voir le Québec réintégrer le giron constitutionnel, disait-il.

Or samedi, il a affirmé qu'il ne mettrait finalement pas lui-même le dossier sur la table. « Si d'autres veulent nous parler de leur intérêt d'ouvrir cette question, on répondra à leurs questions, on présentera le point de vue du Québec », a-t-il dit. Il a rappelé que si une province ou Ottawa veut lancer des négociations constitutionnelles sur le Sénat ou les Premières nations, par exemple, un gouvernement libéral exigerait que les demandes traditionnelles du Québec soient obligatoirement à l'ordre du jour pour y participer.

Pour illustrer que le dossier n'est pas prioritaire pour lui, il a déclaré : «Si vous me demandez « M. Couillard, qu'est-ce que vous voulez surtout avoir réalisé au bout de quatre ans au gouvernement », et que vous me demandez de choisir entre 250 000 jobs et la Constitution, rapidement je tasse la Constitution et je parle de 250 000 jobs».

Depuis son accession au poste de chef du PLQ, Philippe Couillard a eu des «discussions informelles» avec des élus fédéraux : «Je passais 98,5% du temps à parler d'économie et d'emploi. Je rappelais que le Parti libéral du Québec, historiquement, et il va continuer à le faire, défend les positions historiques du Québec. C'est tout.»

«La véritable priorité des gens est l'économie et l'emploi, a-t-il fait valoir. Il n'y a personne au Québec qui veut voir leur premier ministre passer 80% de son temps à s'occuper de Constitution. Ils veulent qu'il passe 95% de son temps à créer de l'emploi et d'économie».

Le statu quo constitutionnel ne fait pas des Québécois un peuple «malheureux» à ses yeux. «Est-ce qu'on est en crise ? Est-ce que nos libertés sont menacées ? Non», a-t-il dit.

Lors de la course à la direction du PLQ, il avait l'ambition de prendre l'initiative de relancer des négociations constitutionnelles. Philippe Couillard a changé son plan de match depuis. Le fruit n'est pas mûr selon lui. Il attend, en quelque sorte, les conditions gagnantes.

Samedi, il a cherché à renvoyer la balle à Pauline Marois qui, selon lui, ne peut plus faire de « cachettes » sur son option. «Le PQ a montré que l'enjeu de l'élection est le référendum», a-t-il insisté.