(Québec) Valérie Plante ne veut pas « défendre » le français à Montréal, dénonce François Legault. Le premier ministre ne digère pas les propos de la mairesse qui a affirmé que sa décision de hausser les frais de scolarité universitaires pour les étudiants canadiens « s’attaque directement » à la métropole.

Les propos de la mairesse de Montréal ne passent pas à Québec. Le ministre Jean-François Roberge lui demande de « se raviser ». Une députée caquiste de Laval va encore plus loin et se demande si la mairesse souhaite « ériger un mur » autour de la métropole pour assurer son anglicisation.

« Je trouve ça triste de voir Valérie Plante, probablement que Denis Coderre dirait la même chose », a lancé le premier ministre, jeudi, décochant du même coup une flèche à l’ex-maire de Montréal qui songe maintenant à briguer la direction du Parti libéral du Québec.

« C’est important. Il y a un déclin du français à Montréal. Si vous allez dans les commerces autour de McGill, vous allez voir que ça se passe beaucoup en anglais. J’ai eu une bonne rencontre franche avec le recteur de McGill et je ne comprends pas que Valérie Plante ou Denis Coderre ne veuillent pas défendre le français à Montréal », a poursuivi M. Legault en mêlée de presse.

Mercredi, Valérie Plante a affirmé que la hausse par le gouvernement Legault des frais de scolarité universitaires pour les étudiants provenant d’autres provinces qui viennent étudier en anglais à McGill et Concordia est une mesure qui « s’attaque directement » à Montréal.

« Quand on sait que l’Université Bishop’s a été sortie de ce projet de loi là, c’est sûr qu’on y voit une mesure qui s’attaque directement à Montréal. Ce n’est pas juste. Si Bishop’s n’a pas cette mesure-là, pourquoi est-ce que Montréal l’a ? », a déploré la mairesse Plante devant les journalistes.

De passage à Ottawa jeudi pour le Sommet national pour lutter contre le vol de véhicules, la mairesse a maintenu ses propos.

« Je suis la mairesse de Montréal et mon travail est à la fois de valoriser la langue française et aussi de soutenir toutes les institutions qui font partie de l’ADN de Montréal, qui contribuent à la vitalité économique de la métropole, qui veillent aussi à sa réputation à l’internationale […] ça veut dire les universités à Montréal », a-t-elle lancé.

Hier, ce que j’ai fait c’est d’inviter le gouvernement à faire la même chose

Valérie Plante, mairesse de Montréal

En décembre, le gouvernement Legault a donné le feu vert à une augmentation de 33 % des droits de scolarités pour les étudiants canadiens qui viennent étudier au Québec en anglais, une décision contestée par les universités anglophones. Québec a finalement exempté l’Université Bishop’s de Sherbrooke. La mesure s’applique donc à Concordia et McGill.

Plante « devrait être une alliée »

Jean-François Roberge demande pour sa part à la mairesse de « se raviser ».

« Montréal, c’est la métropole francophone des Amériques. Il faudrait que ce soit plus qu’un slogan, la mairesse de Montréal devrait être une alliée du gouvernement dans cette démarche-là », a pesté jeudi le ministre de la Langue française.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Jean-Francois Roberge, ministre de la Langue française

Quand la mairesse se pose en défenderesse du droit des non-Québécois à étudier en anglais à Montréal, moi je lui dis « Non merci, no thanks » comme elle a dit en anglais

Jean-François Roberge, ministre de la Langue française

« À partir du moment où c’est une politique, que c’est une position forte, bien il faut que les bottines suivent les babines, on ne peut pas dire que Montréal c’est la métropole francophone des Amériques et après ça s’opposer à des mesures qui défendent le fait français à Montréal, ça n’a pas de sens », a-t-il ajouté.

Les députées caquistes Valérie Schmaltz (Vimont) et Stéphanie Lachance (Bellechasse) ont même sollicité les médias pour réagir affirmant que la sortie de Valérie Plante est « inadmissible ».

« On est un gouvernement qui voulons contrer l’anglicisation à Montréal et ce qu’on entend ce matin de Mme Plante, c’est qu’on attaque sa ville. La question que je me pose ce matin, c’est est-ce que Mme Plante souhaite ériger un mur pour s’assurer que l’anglicisation à Montréal soit là d’ici quoi 5, 10 ans ? C’est ce qu’elle veut ? Je me pose la question ce matin », a lancé Mme Schmaltz.

La députée de Bellechasse a affirmé de son côté « qu’il n’y a pas de deux Québec ».

« Il n’y a pas le Québec de Valérie Plante et le reste du Québec, moi, en tant que députée de région, je veux qu’on protège le français d’un bout à l’autre, de la rivière Outaouais jusqu’aux Îles-de-la-Madeleine », a souligné Mme Lachance.

La ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, n’a pas voulu réagir jeudi.

La Presse rapportait mardi qu’un comité consultatif chargé de conseiller la ministre avait conclu que la mesure du gouvernement Legault « semble peu justifiée et risque de compromettre l’accès à une éducation de qualité et de priver la société de talents potentiels ».

Avec Hugo Pilon-Larose et Philippe Teisceira-Lessard