Deux Canadiens ont été blessés vendredi lors d'un attentat-suicide ayant fait huit morts dans une épicerie de Kaboul fréquentée par des étrangers, a annoncé le ministère canadien des Affaires étrangères.

Ottawa a confirmé la nouvelle plusieurs heures après que les forces policières de la capitale afghane eurent annoncé qu'au moins huit personnes avaient perdu la vie lors de l'attaque, et que six autres avaient été blessées.

Le bilan des blessés s'est alourdi depuis cette annonce, les responsables canadiens ayant confirmé que les deux Canadiens faisaient partie des 15 personnes blessées lors de la déflagration, survenue vendredi après-midi.

Le ministère des Affaires étrangères a précisé que les victimes recevaient une aide consulaire, mais a refusé de fournir plus de détails.

En début d'après-midi, le ministre canadien des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, avait condamné dans un communiqué «un attentat d'une grande lâcheté (qui) montre que les insurgés n'ont absolument aucun égard pour la sécurité et la vie des civils».

Cinq ressortissantes étrangères et un enfant, dont la nationalité n'a pas été déterminée, figurent parmi les morts, selon le chef de la police de Kaboul, Mohammad Ayub Salangi. Deux des blessés sont dans état grave, a-t-il précisé.

Les talibans ont revendiqué l'attentat, qui visait selon eux la société de sécurité américaine Xe Services (ex-Blackwater). Dans un message envoyé à la presse, le porte-parole des talibans, Zabiullah Mujahid, a indiqué que l'attaque visait «le chef de Blackwater».

L'attentat a été commis par un kamikaze, a précisé Sayed Bashir, du ministère de l'Intérieur. Selon les enquêteurs, le kamikaze a lancé au moins une grenade et tiré des coups de feu, forçant les clients à fuir vers une autre partie du magasin, avant de se faire exploser.

L'explosion a déclenché un incendie dans l'épicerie. «Je me trouvais à l'intérieur, a témoigné Mary Hayden, une consultante occidentale. Une bombe a explosé. Tout le monde s'est précipité à l'arrière du bâtiment.»

L'épicerie est située dans le quartier sous haute surveillance de Wazir Akbar Khan, un secteur prisé des étrangers et des riches Afghans.

Le président Hamid Karzaï a condamné l'attentat. «Les ennemis de l'Afghanistan sont tellement désespérés qu'ils tuent maintenant des civils, dont des femmes, dans un magasin d'alimentation», a-t-il déclaré.

Kaboul reste régulièrement frappé par des attaques, qui visent parfois directement les étrangers, considérés par les insurgés comme des complices du gouvernement afghan et de ses alliés des forces occidentales.

La plupart ont été revendiquées par les talibans.

Avant l'attentat de vendredi, le dernier en date ayant visé des étrangers remontait au 10 août 2010: deux kamikazes avaient attaqué une pension hébergeant une société britannique de sécurité, tuant deux chauffeurs et blessant un garde.

En février de la même année, au moins 16 personnes, dont un Français, un Italien et sept Indiens, avaient été tuées dans une attaque des talibans contre des résidences hôtelières.

Chassés du pouvoir à la fin 2001 par une coalition internationale menée par les États-Unis, les talibans et leurs alliés sont engagés depuis dans une sanglante rébellion contre le gouvernement du président Hamid Karzaï et les quelque 140 000 soldats étrangers qui le soutiennent.

La sécurité dans la capitale incombe en principe aux forces afghanes, auxquelles leurs alliés étrangers comptent transférer la responsabilité de la sécurité de l'ensemble du pays d'ici à fin 2014. Les Occidentaux prévoient de commencer cette années à retirer progressivement leurs troupes du pays.

-Avec AFP