Le Canada consacrera 21 millions $ au cours des deux prochaines années à la rémunération des policiers et des gardiens de prison afghans.

Cette annonce a été faite mardi par les ministres Lawrence Cannon, des Affaires étrangères, et Stockwell Day, du Commerce international, à la fin de leur séjour de 48 heures à Kaboul et à Kandahar, en Afghanistan.L'argent fourni par le Canada sera administré et distribué par un fonds des Nations unies (ONU) et servira à rémunérer quelque 3000 agents. C'est également l'ONU qui décidera précisément comment les sommes seront dépensées.

«La police nationale afghane est primordiale pour favoriser la loi et l'ordre en Afghanistan et le Canada s'est engagé à permettre aux Afghans d'assumer de plus en plus leur propre sécurité», a dit M. Cannon.

La plupart des Afghans ne font pas confiance à la police locale, réputée corrompue et mal payée. Pour compenser l'argent en salaire non versé, les agents soutirent souvent des pots-de-vin.

En 2007, le Canada a pris en charge un programme pour assurer que les policiers reçoivent leurs salaires par paiements directs.

Ottawa a aussi financé la construction de cinq postes de police dans des districts clés de la province de Kandahar.

Le chef de la police provinciale, le colonel Matiullah Qateh, a salué, mardi, l'injection d'argent pour les salaires, mais a fait valoir que ses agents n'avaient toujours pas un équipement de base adéquat.

«S'il y avait un meilleur financement des forces de police, la situation sécuritaire serait bien meilleure aujourd'hui, a argué M. Qateh en entrevue à La Presse Canadienne. Nos postes de police ont beaucoup de problèmes. Leurs besoins premiers ne sont pas comblés.»

La visite des ministres Day et Cannon s'est déroulée sous de strictes mesures de sécurité.

MM. Cannon et Day ont visité la prison de Sarpoza, théâtre d'une attaque spectaculaire des talibans en juin dernier, pour évaluer les travaux financés par le gouvernement canadien.

Une explosion avait détruit en partie l'entrée principale du centre de détention, permettant à près de 900 détenus de s'échapper.

La plupart de ces suspects n'ont jamais été retrouvés, mais la prison a été remise en fonction et abrite environ 650 criminels et combattants talibans présumés.

À travers les barreaux dans l'entrée de la prison, Stockwell Day a pu s'adresser à des prisonniers.

Le ministre canadien les a questionnés sur la manière dont ils sont traités.

Un détenu non identifié lui a dit qu'il n'y avait pas de problèmes, mais s'est plaint d'avoir été incarcéré à tort.

Le traitement réservé aux talibans présumés est devenu un enjeu controversé il y a deux ans quand des cas de torture concernant 30 prisonniers - capturés par les forces canadiennes et remis aux autorités afghanes - ont été soulevés.