Le train Montréal-New York, qui est à l’arrêt depuis la fin du mois de juin en raison de restrictions liées à la chaleur, ne devrait pas reprendre du service avant la mi-septembre. Son responsable, Amtrak, affirme n’avoir pas trouvé de « solution réalisable » avec le Canadien National (CN) qui aurait évité des retards importants durant l’été.

« Malheureusement, Amtrak, le CN et le département des Transports de l’État de New York (NYSDOT) n’ont pas trouvé de solution réalisable pour cet été », affirme en ce sens le porte-parole de l’entreprise ferroviaire, Jason Abrams, par courriel.

Il soutient que de continuer de livrer le service entraînerait pour la plupart des usagers « des retards importants allant jusqu’à quatre heures », voire des trajets potentiellement « bloqués à mi-parcours ». En ce moment, la durée moyenne d’un trajet en train entre la Grosse Pomme et Montréal est déjà d’un peu plus de 11 heures, si tout se passe bien.

En avril dernier, Amtrak avait annoncé en grande pompe le retour de sa liaison Montréal-New York, l’Adirondack, qui avait été mise sur pause en raison de la pandémie. En 2019, le train avait transporté 117 490 passagers.

Mais depuis la fin du mois de juin, le train est de nouveau à l’arrêt depuis que le Canadien National, qui possède les rails sur lesquels circulent les trains d’Amtrak, a imposé des « restrictions de chaleur » qui limitent les vitesses à une fourchette de 10 à 40 milles par heure ; autrement dit, l’équivalent de 16 à 64 km/h approximativement. Résultat : le trajet est jugé trop long et coûteux pour procéder.

Le tout découle en fait d’une réglementation adoptée l’an dernier par Transports Canada, qui impose aux organisations ferroviaires « d’établir des seuils de température qui, lorsqu’ils sont atteints, entraînent l’application de limitations de vitesse et d’exigences d’inspection de la voie supplémentaires ».

Cette mesure a été implantée afin « d’assurer la sécurité ferroviaire et de protéger les infrastructures pendant les périodes de chaleur extrême », soutient le gouvernement fédéral. Des restrictions similaires sont d’ailleurs également appliquées en période de froid extrême, durant la saison hivernale.

Pas avant deux mois

Depuis, Amtrak affirme avoir « exploré différentes solutions », en vain. Ainsi, l’Adirondack continuera pour le moment de fonctionner uniquement entre New York et Albany, puis à partir du 24 juillet, il n’offrira de liaisons qu’entre New York et Saratoga Springs.

M. Abrams affirme que l’entreprise prévoit aujourd’hui de rétablir la liaison entre New York et Montréal « à la mi-septembre, lorsque le CN devrait lever ses restrictions de chaleur ». « Il est possible que les restrictions de chaleur soient levées avant si la température locale baisse, et Amtrak, avec le soutien de nos partenaires, pourrait alors rétablir le service plus tôt que prévu », précise toutefois le porte-parole.

Ce dernier soutient que des discussions se poursuivent néanmoins « pour développer une solution à long terme afin que les trains Amtrak puissent circuler à destination et en provenance de Montréal au cours des prochains étés ». Autrement dit, on veut éviter de reproduire la situation en 2024. « Nous nous excusons auprès de nos clients pour tout inconvénient », conclut Jason Abrams.

Le CN, lui, tient l’entreprise Amtrak responsable de cette situation, jugeant que cette dernière refuse de débourser les frais nécessaires qui permettraient une réouverture. « Amtrak est responsable et n’a pas payé l’entretien nécessaire pour maintenir la voie à un niveau permettant d’assurer la fluidité de son service », soutient son porte-parole, Mathieu Gaudreault.

Selon lui, la réalité est qu’Amtrak « refuse d’investir dans l’entretien et l’amélioration de ce tronçon afin de réduire l’impact des conditions météorologiques extrêmes », et qu’elle « n’affecte pas un nombre suffisant d’employés sur cet itinéraire afin d’assurer un service continu ».

Coup dur pour Tourisme Montréal

Pour la porte-parole de Tourisme Montréal Aurélie de Blois, qui s’était réjouie en avril du retour de la liaison Montréal-New York, le départ d’Amtrak pour toute la saison estivale est déplorable.

« On est vraiment déçus. C’est le seul train qui fait ce voyage-là, il n’y a pas vraiment d’autres options ferroviaires. Il reste l’autobus, l’avion ou l’auto, mais pour bien des gens, ça représente des contraintes importantes », a soutenu mardi Mme de Blois.

À noter : outre l’avion et l’auto, des trajets en bus de Greyhound et de Trailways demeurent pour aller de Montréal à New York, avec respectivement six et cinq départs sur une base quotidienne de la métropole québécoise. Quoique légèrement plus élevés, les prix sont semblables à ceux qui étaient offerts par Amtrak.

Tourisme Montréal se dit néanmoins « rassuré » par le fait qu’Amtrak planche actuellement sur une solution à plus long terme. « Il est hors de question qu’on refasse face à une situation similaire l’été prochain. C’est un coup important pour nous, parce que le nord-est des États-Unis, c’est un marché hyper important. On attend 2 millions d’Américains à Montréal en 2023. C’est notre plus grande clientèle », dit Mme de Blois.

Son groupe, qui encourage depuis quelques années déjà le « tourisme durable », juge le dossier d’autant plus décevant que « le train demeure le voyage le plus écologique entre les deux villes ».