(Québec) Vendredi midi à Québec, dans une petite rue du centre-ville, Rodrigo Indarte s’active. Lunettes de ski vissées à la tête, pelle-traîneau à la main, l’homme est sorti déneiger malgré les rafales de plus de 120 km/h qui balaient la capitale, un record ici pour le mois de décembre.

Pour Rodrigo Indarte, la neige est une fête.

« En tant qu’immigrant, j’ai rapidement compris que si tu voulais être heureux ici, il fallait que tu apprivoises l’hiver », lâche l’homme de 51 ans et père de deux filles. « Et même à mon âge, pour moi c’est encore féérique. »

Cet Uruguayen de naissance entame son 19e hiver au Canada. Et il s’est fait une petite réputation dans sa rue du quartier Saint-Roch à Québec : celle d’un pelleteur acharné, enjoué, toujours prêt à sortir de la neige les autos embourbées où à déneiger l’entrée d’un voisin.

Cette tempête « monstre » annoncée est moins pour lui un calvaire qu’une chance à saisir.

 Moi, ça m’oxygène beaucoup, j’ai les joues rouges, ça sent la chaleur. Je fais mon exercice de la journée. Ça fait une activité à faire avec les enfants.

Rodrigo Indarte, qui habite Saint-Roch, à Québec 

L’amour de Rodrigo pour l’hiver a même piqué la curiosité de la télé uruguayenne, qui était venue à Québec il y a quelques années pour documenter ce qui semblait, aux yeux de l’animateur, une passion bien singulière, muy fría. Rodrigo leur avait présenté le mont Sainte-Anne, où il adore skier.

Visionnez le reportage portant sur Rodrigo Indarte (en espagnol)

Avec ses voisins, Rodrigo a créé un comité de déneigement informel, une sorte de club social de la pelle qui se réunit à chaque bordée. « On se parle entre voisins, on parle aux enfants, on sort tous en même temps et on dépanne les voisins qui sont pris avec leur voiture. »

Cette année, la mère de Rodrigo vit son premier hiver complet au Québec. Elle avait passé un an et demi seule dans sa maison durant la pandémie, loin de son fils et de ses petites-filles.

Rodrigo a donc acheté la petite maison du voisin, l’a rénovée et a parrainé sa mère pour qu’elle quitte l’Uruguay pour de bon. Vendredi, Elizabeth Fernandez tricotait au son du vent qui balayait la rue, en attendant la neige.