Les autorités de santé publique enquêtent sur la mort, peut-être par surdose, de cinq personnes à Québec au mois de septembre seulement. Même s'il s'agit d'un chiffre important pour une ville de cette taille, les autorités hésitent à faire des liens avec la crise du fentanyl.

« Il faut comprendre que ces cas ont été relativement espacés en septembre, tout n'est pas arrivé la même journée », explique la Dre Nathanaëlle Thériault, médecin-conseil à la direction de la santé publique du CIUSSS Capitale-Nationale.

Les médecins légistes sont encore à tenter de déterminer quelles substances seraient en cause. Mais la Dre Thériault précise que pour l'instant, il semble s'agir de drogues différentes. Ces surdoses ne seraient donc pas attribuables à l'arrivée sur le marché noir de Québec d'un nouveau comprimé.

« On demeure très vigilants et on suit la situation. Mais pour le moment, on ne juge pas être en situation de crise. »

Si ces cinq morts par surdose en septembre sont confirmées, il s'agira d'un mois particulièrement mortel : Québec dénombre en moyenne 15 surdoses mortelles causées par des drogues de rue ou des opioïdes d'ordonnance chaque année.

« Pour une ville comme Québec, autant de surdoses mortelles en un mois, c'est inquiétant », note quant à lui Mario Gagnon, directeur général de Point de repères, un organisme communautaire qui travaille auprès des toxicomanes.

« Les décès de septembre, on ne sait pas encore si c'est du fentanyl, il va falloir attendre les analyses toxicologiques. Mais nous, on sait qu'il y a du fentanyl à Québec en circulation. Ça voyage entre Québec et Montréal et on sait que la vague s'en vient ici. »

LE SPVQ SE DOTE DE NALOXONE

La crise du fentanyl fait des ravages notamment dans l'ouest du pays. La Colombie-Britannique a dénombré 706 surdoses mortelles dues à cette drogue, 40 fois plus forte que l'héroïne, de janvier à juillet 2017.

Les autorités de santé publique sont donc sur le qui-vive au Québec, même si les chiffres n'ont rien de comparable. Il y a eu 27 surdoses mortelles liées au fentanyl dans la province en 2016, selon un récent rapport de l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). En tout, les surdoses d'opioïdes ont coûté la vie à 113 Québécois l'année dernière.

À Québec, le fentanyl avait fait quatre morts à l'été 2015, quand une nouvelle pilule était apparue en ville. La « petite bleue », comme elle était surnommée dans la rue, s'apparentait à de l'oxycodone. Les consommateurs l'ingéraient bien souvent sans savoir qu'elle contenait du fentanyl, opioïde au potentiel analgésique 100 fois plus fort que la morphine.

L'épisode a fortement marqué la capitale. Depuis, les ambulanciers de Québec ont été formés à administrer la naloxone, un antidote aux surdoses d'opioïdes. Le Service de police de la Ville de Québec a d'ailleurs annoncé mardi s'être procuré 26 trousses de naloxone.

Une table d'observation existe aussi. Les autorités de santé publique relèvent plusieurs indicateurs pour détecter une possible crise, par exemple, le nombre de fois où la naloxone est administrée à Québec et les appels au Centre antipoison.

Depuis l'épisode de 2015 qui a fait quatre morts, le fentanyl a fait une victime à Québec en 2016 et aucune confirmée encore en 2017.