Les hommes sont nettement moins susceptibles que les femmes de se protéger la tête lorsqu'ils pratiquent un sport, révèle une étude de Statistique Canada. L'Enquête sur la santé 2013-2014 démontre que les amateurs de sports  de glisse ont massivement adopté le port du casque, mais que cette protection est beaucoup moins répandue à vélo. Tour d'horizon.

LES FEMMES MIEUX PROTÉGÉES

Peu importe l'activité pratiquée, les hommes sont nettement moins enclins que les femmes à porter le casque. Les résultats de l'Enquête sur la santé réalisée en 2013 et 2014 montrent une différence de 5 % dans tous les sports sondés. « L'écart est constant d'une activité à l'autre. Je ne suis pas sociologue, mais on voit que les hommes ont tendance à prendre plus de risque dans les sports et à pratiquer des sports plus risqués », observe Dave Ellemberg, professeur à l'Université de Montréal, spécialiste en commotions.

SUR LA NEIGE, MAIS PAS SUR L'ASPHALTE

Ces résultats permettent également de constater que les gens sont plus susceptibles de porter le casque lorsqu'ils pratiquent un sport sur la neige que sur l'asphalte. « Ça me dit que les efforts de sensibilisation n'ont pas encore porté. Il y a un effet de mode pour les sports de glisse qui ne fonctionne pas pour le vélo. Je crois vraiment que nous devrions mettre en place des programmes de sensibilisation et que, si ça ne fonctionne pas, rendre le port du casque obligatoire comme on a rendu le port de la ceinture obligatoire en voiture », dit Dave Ellemberg.

DAVANTAGE BOUDÉ AU QUÉBEC

C'est d'ailleurs dans les quatre provinces où le port du casque est obligatoire à vélo pour tous que les gens sont les moins susceptibles de bouder cette protection. Au Québec, où cette protection n'est pas obligatoire, les données démontrent que les cyclistes ont moins tendance à porter le casque qu'ailleurs au pays : un Québécois sur deux (49,3 %) dit ne jamais se protéger la tête, alors que la moyenne canadienne est de 39,4 %. Fait à souligner, les provinces où le port du casque est seulement obligatoire chez les moins de 18 ans ne semblent pas observer un meilleur taux de protection. « Je ne comprends pas ces lois. C'est comme si on disait que la ceinture était obligatoire seulement pour les moins de 18 ans dans les voitures. Les risques sont pourtant les mêmes, peu importe l'âge », s'étonne Dave Ellemberg.

PEU PORTÉ PAR LES 18-19 ANS

L'enquête de Statistique Canada permet également de constater que les gens venant de faire leur entrée dans l'âge adulte sont les moins susceptibles de porter le casque. Le taux de gens se protégeant toujours la tête chute à une personne sur cinq chez les cyclistes âgés de 18 ou 19 ans. Ces chiffres inquiètent Dave Ellemberg, qui souligne que le cerveau est extrêmement fragile à cet âge. « La plus grande poussée de croissance du cerveau se déroule entre 15 et 25 ans, alors il y a une grande fragilité », dit ce spécialiste.

PLUS POPULAIRE CHEZ LES MIEUX NANTIS

Les gens mieux nantis prennent-ils moins de risques à vélo ? Les résultats de l'Enquête démontrent que le port du casque lors des sorties à bicyclette augmente en fonction du revenu. La moitié des Canadiens gagnant moins de 20 000 $ par an ont déclaré ne jamais porter de protection sur leur tête lorsqu'ils font du vélo, alors que cette proportion est de seulement un tiers chez les gens gagnant plus de 80 000 $. On observe la même corrélation selon le niveau de scolarité. Seulement 35,7 % des gens ayant décroché un diplôme postsecondaire ne portent jamais de casque, tandis que ce taux atteint 44,2 % chez ceux ayant fait moins d'études.