Un puissant comité du Congrès américain prévoit examiner de près les efforts en cours au Canada pour accueillir des réfugiés syriens.

Le comité du Sénat sur la Sécurité intérieure a prévu une audience, mercredi prochain, intitulée «Programme accéléré d'accueil des réfugiés du Canada: Questions sans réponses et implications pour la sécurité nationale des États-Unis».

D'une certaine manière, l'audience représente l'envers de la médaille du traitement de célébrité accordé au premier ministre Justin Trudeau de la part de certains médias étrangers et de progressistes après qu'il eut accueilli personnellement des réfugiés à l'aéroport le mois dernier. Les intervenants au Sénat américain, lors de l'audience du 3 février, risquent d'être moins amicaux.

Le comité contrôlé par les républicains a dévoilé la série de témoins invités à prendre la parole - et trois des quatre personnes sur la liste devraient profiter de l'occasion pour exprimer des craintes sur l'approche du Canada à l'égard des réfugiés. Un syndicat représentant les gardes frontaliers, le National Border Patrol Council, arguera qu'il n'y a pas suffisamment d'agents pour garantir que le pays est protégé contre l'infiltration de terroristes.

Un autre témoin sera David Harris, un résidant d'Ottawa ayant travaillé pour le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) entre 1988 et 1990, et qui dirige désormais ses propres activités de recherche antiterroriste. M. Harris a été cité fréquemment au fil des dernières années dans les médias américains concernant la menace terroriste alléguée au nord de la frontière, et il a laissé entendre que l'un des moyens de se prémunir contre cette menace serait d'accueillir moins d'immigrants.

Aussi, l'avocat de Toronto spécialisé en immigration, Me Guidy Maman, sera présent, lui qui a qualifié d'irréalistes les objectifs chiffrés d'accueil de réfugiés du gouvernement Trudeau - représentant plus du double du nombre devant arriver aux États-Unis cette année.

Les législateurs américains se feront également dire à quel point la frontière avec les États-Unis est vitale pour l'économie canadienne. Les États-Unis comptent pour environ 76 pour cent de toutes les exportations canadiennes, et les mesures de resserrement à la frontière après le 11-Septembre ont grandement affecté le flot des marchandises. La liste de témoins inclut Laura Dawson, experte du commerce et directrice de l'Institut canadien du Wilson Center à Washington.

L'opposition conservatrice à Ottawa a exhorté le gouvernement à aborder la question avec soin.

«Je crois que le comité (du Congrès américain) a été convoqué car il y a des craintes légitimes, a dit la députée Michelle Rempel. J'estime qu'il est de la responsabilité du gouvernement canadien d'assurer à notre principal allié au sud que le processus de vérification que nous avons mis en place est adéquat. Pas seulement à leurs fins, mais pour assurer à la population canadienne que tous les processus et la rigueur sont en place.»