La prochaine administration élue à la tête de Laval fera son entrée à l'hôtel de ville en étant accompagnée de l'équipe de tutelle pour une période de transition, a appris La Presse.

À deux jours du déclenchement officiel des élections municipales, à Laval comme dans les 1103 autres villes et villages du Québec, il devient clair que le tuteur est là pour rester au-delà du 3 novembre prochain.

Du coup, les décisions du prochain maire, de son comité exécutif ainsi que du conseil municipal seront assujetties à l'autorité du tuteur et ce, durant la période de transition qui sera déterminée par la Commission municipale du Québec (CMQ).

Pour l'instant, la CMQ n'a pas encore statué sur la durée de la période de transition, a confirmé hier la porte-parole de l'organisme, Sylvia Morin. Au cabinet du ministre des Affaires municipales, Sylvain Gaudreault, on indique qu'il s'agit d'assurer le changement sans problème, c'est-à-dire durant «quelques semaines».

Il a été impossible de connaître les justifications pour continuer de suspendre la démocratie lavalloise. Le choix des électeurs de Laval ne constitue vraisemblablement pas la condition requise pour lever la tutelle; d'autres éléments sont pris en compte sans que l'on connaisse, pour l'instant, leur nature exacte.

Depuis le 3 juin

Rappelons que la Ville de Laval fait l'objet d'une tutelle depuis le 3 juin dernier. C'est à ce moment que le Conseil des ministres a adopté un décret pour que la CMQ prenne de contrôle de la troisième ville du Québec.

Depuis, l'équipe de tutelle a la responsabilité d'approuver toutes les décisions prises par les élus et d'apporter les corrections qui s'imposent. Le tuteur Florent Gagné et ses deux collaboratrices, Me Sandra Bilodeau et Me Sylvie Piérard, ont pleins pouvoirs pour l'embauche ou le congédiement des fonctionnaires.

Ainsi, ils ont nommé le nouveau directeur de police de Laval, Pierre Brochet. Ils ont également remercié le directeur général, Gaétan Turbide, et son adjoint, Jean Roberge, qui étaient tous deux suspendus depuis mai dernier. On ignore si un nouveau directeur général entrera en fonction avant le scrutin. Habituellement, c'est le maire qui a le loisir de proposer au conseil municipal l'embauche d'un directeur général.

Des départs fracassants

La mise en tutelle faisait suite à une série d'événements qui laissaient voir une Ville incapable d'administrer ses affaires. L'ex-maire Gilles Vaillancourt avait quitté ses fonctions en novembre 2012 sous la pression de l'enquête policière dont il faisait l'objet et qui avait entraîné une multitude de perquisitions. M. Vaillancourt a été arrêté et accusé de gangstérisme au printemps dernier. Il doit se présenter devant le tribunal le 1er octobre prochain. Trente-six autres personnes font également face à des accusations concernant un système de ristournes.

Signalons aussi que le maire intérimaire, Alexandre Duplessis, a quitté ses fonctions dans la précipitation d'un scandale de nature sexuelle, en juin. Par ailleurs, la presque totalité des conseillers municipaux ont été reconnus comme ayant servi de prête-noms pour le financement du parti politique PRO des Lavallois.