Les mesures antitabac permettent d'épargner des centaines de millions de dollars chaque année en coûts de santé, confirme la première évaluation de ces mesures. La Californie a épargné 86 milliards de dollars depuis 15 ans grâce à la guerre contre le tabac, ce qui représente 700 millions par an si on transpose cette somme au Québec.

«Jusqu'à maintenant, on avait essentiellement fait des approximations à partir des maladies qui sont causées par le tabac, comme le cancer du poumon», explique Stanton Glantz, de l'Université de Californie à San Francisco, l'auteur principal de l'étude, publiée dans la revue Public Library of Science. «On essayait de calculer les économies si le tabagisme disparaissait du jour au lendemain. Notre étude est la première qui évalue concrètement les impacts d'un programme rigoureux de lutte contre la cigarette.»

Les bénéfices ont représenté en moyenne 4% des coûts totaux de santé, mais ils ont augmenté avec les années: à la fin des 15 ans, ils représentaient 7,3% des coûts de santé. «À mon avis, ça va continuer à augmenter graduellement pour 15 à 20 ans, puis l'impact sera négligeable parce qu'il y aura beaucoup moins de gens qui fumeront. Les sommes en jeu sont un peu supérieures aux estimations parce qu'il y a probablement des maladies qui sont causées indirectement par le tabagisme.»

Si on suit cette hypothèse, le Québec épargnerait à terme un milliard par année, par rapport à une situation où aucune mesure antitabac n'aurait été prise. Le budget annuel du ministère provincial de la Santé est de 24 milliards.

La directrice du bureau québécois de l'organisme Médecins pour un Canada sans fumée, Flory Doucas, estime que l'étude californienne confirme les prévisions québécoises. «On avait évalué les impacts de la loi de 2005 à 115 millions par année pour chaque baisse de point de pourcentage. Depuis 1998, le taux de tabagisme est passé de 33% à 21-22%. C'est du jamais vu. Donc on est dans les mêmes eaux.»

Selon ce calcul, une baisse de 33% à 22% du taux de tabagisme donnerait une baisse de 1,2 milliard des coûts de santé.

Du côté d'Imperial Tobacco, la responsable des relations avec les médias, Cathy Doyle, note qu'un tiers des cigarettes sont vendues en contrebande. «Les cigarettes de contrebande ne sont pas soumises à tous les effets de la loi. Elles ne sont pas vendues au même prix, et les restrictions sur la publicité ne les touchent pas de la même manière.» Par contre, les restrictions sur la fumée dans les lieux publics sont tout aussi efficaces avec la contrebande.