Le 18e Canadien à mourir peu de temps après avoir reçu une décharge d'un pistolet électrique était mineur. Il avait 17 ans.

Mardi après-midi, deux passants de Winnipeg auraient surpris l'adolescent - dont l'identité n'a pas encore été dévoilée - alors qu'il aurait été en train de voler des biens dans un véhicule. Les deux passants auraient ensuite prévenu les policiers. «Le jeune homme a refusé d'obtempérer aux demandes répétées des policiers de laisser tomber son arme (un couteau). Les agents ont donc eu recours à leur pistolet électrique», peut-on lire dans un communiqué rendu public hier par le Service de police de Winnipeg.

Le jeune homme, dans un état critique au moment de son transport à l'hôpital, est mort peu après.

Les policiers qui patrouillent dans les rues de Winnipeg ont tous un pistolet électrique sur eux, mais ne peuvent l'utiliser que dans certaines circonstances.

Depuis 2003, des gens des quatre coins du pays sont morts peu de temps après que des policiers eurent employé un pistolet électrique contre eux. Les personnes décédées avaient été impliquées dans des situations les plus diverses, allant de la dispute conjugale au braquage de domicile.

Un cas choquant

La mort de Robert Dziekanski, un Polonais d'origine invité au pays par sa mère, avait particulièrement choqué. À son arrivée à Vancouver en octobre 2007, l'homme avait erré dans l'aéroport pendant de nombreuses heures, manifestement confus et incapable de communiquer en anglais avec le personnel. Filmée par un simple citoyen, l'intervention des policiers avait pu être visionnée un peu partout dans le monde grâce à l'Internet.

Les familles des deux victimes québécoises -celles de Claudio Castagnetta, de Québec, et de Quilem Registre, de Montréal- militent pour que l'usage du Taser soit interdit au pays. Amnistie internationale et le comité contre la torture de l'ONU sont parmi les organismes à avoir manifesté leur opposition.

Dans un éditorial publié plus tôt cette année, le Canadian Medical Association Journal faisait valoir ses inquiétudes.

Voulant au contraire prouver l'innocuité du Taser, le nouveau commissaire de la GRC, William Elliott, demandait en mai à ses agents de lui appliquer une décharge électrique.

Malgré les pressions en ce sens, le gouvernement du Québec a pour sa part refusé de retirer aux policiers les pistolets Taser, jugeant que de nouvelles directives suffisaient et qu'il s'agissait d'un outil utile aux policiers.

En Amérique du Nord, on estime que 300 personnes seraient mortes à la suite d'une intervention avec l'un de ces pistolets.

Au moins deux des victimes canadiennes ont reçu une décharge électrique alors qu'elles se trouvaient déjà au poste de police.

Divers rapports d'autopsie et de coroner ont blanchi les policiers impliqués, attribuant plutôt les décès à la forte consommation de drogues de plusieurs des victimes.