Sandra Davidson, cette gardienne d'Anjou accusée d'avoir commis des voies de fait graves sur un bébé de 10 mois en le secouant à l'été 2004, a été acquittée, hier, au palais de justice de Montréal.

Cet acquittement est imputable en bonne partie aux conclusions contradictoires que deux médecins de l'hôpital Sainte-Justine ont formulées sur le noeud de l'affaire, soit le moment où l'enfant a été secoué. Le Dr Gilles Fortin, neurologue spécialiste des enfants secoués qui témoignait pour la Couronne, était formel: le brassage ne pouvait s'être produit que chez la gardienne, le 6 août 2004 au matin, vu les symptômes du bébé à ce moment-là (yeux révulsés, vomissements, absence de tonus, difficulté à respirer). Retenu par la défense, le Dr Louis Crevier, neurochirurgien, faisait valoir de son côté qu'on ne pouvait situer avec certitude le moment du brassage. Les symptômes notés chez l'enfant le matin du 6 août pouvaient provenir de brassages antérieurs.

D'autre part, la mère du poupon avait tendance à perdre patience. Il y avait déjà eu une plainte portée contre elle à la DPJ au sujet de son autre enfant. Au bout du compte, le juge Jean-Pierre Bonin a fait bénéficier l'accusée du doute raisonnable.

Mme Davidson n'a pas bronché à l'annonce du verdict. Après, elle a esquissé un sourire de soulagement et a quitté les lieux sans faire de commentaire aux journalistes. Son avocat, Me Conrad Lord, s'est réjoui de la décision, tandis que le procureur de la Couronne, Jérôme Gagné, est sorti déçu.

«C'est clairement le cas d'un expert qui arrive sur le tard dans un procès, qui n'a pas nécessairement de compétence dans le cas de l'enfant secoué. Un témoin qui vient contredire sur des points majeurs le témoignage d'un expert qui a fait ses preuves. Moi je qualifierais cela presque de témoignage irresponsable», a commenté Me Gagné qui n'exclut pas la possibilité d'en appeler.

Mme Davidson avait gardé l'enfant pendant moins d'un mois, à l'été 2004. C'est pendant cette période qu'il a dépéri. Tous les experts, et même le juge le confirment: le petit garçon de 10 mois a bel et bien été secoué, et il en garde d'ailleurs de graves séquelles. Il a perdu l'usage d'un oeil, et son développement est compromis sous divers aspects.