Bien qu'envoûtés par le rythme fou de la capitale cubaine, il nous fallait bien sortir un peu de ses griffes. Lendemain matin de Noël, voyageurs post «cuite-au-rhum», on a pris un bus pour Cienfuegos, petite cité portuaire du côté sud de l'île.

Rien de mieux qu'une bonne bouffe locale pour se remettre sur la track: soupe de haricots noirs, poisson, riz, bananes plantains et maniocs. À partir de notre casa particulare, on a marché le Prado, boulevard principal qui traverse la ville, jusqu'au Malecon.

Beaucoup plus calme qu'à La Havane, celui-ci offre une vue sur la Bahia de Cienfuegos, l'une des plus belles baies de la Mer des Caraïbes.

Le quartier aristocratique de La Punta Garda vaut le détour pour ses énormes maisons de toutes les couleurs, avec leurs trois étages, leurs portes hautes de trois mètres, leurs grandes fenêtres, les sculptures qui ornent les toitures. Toutes les piaules sont bien entretenues et donnent au quartier des allures de petite Miami.

Photo: Marie-Pier Veilleux

Jam sur une terrasse de Cienfuegos

On a abouti sur la terrasse d'un club, au bord de l'eau. Le soleil venait à peine de se coucher. Tout le monde dansait comme s'il avait été 4h00, en pleine boîte de nuit. Le DJ jappait des obscénités, le beat crachait le feu, des centaines de bouteilles gisaient sur le sol, les filles se déhanchaient sur les tables, les gars sur les chaises... Un dimanche normal, à ce qu'on nous a dit.

Bien qu'amusés par l'ambiance festive lascive, on a rebroussé chemin jusque chez-nous, encore un peu embués des Mojitos de la veille.

Rancho Luna

Ce que nous retiendrons le plus de ce court séjour dans la région, c'est notre visite à Rancho Luna, petit bled à quelques dizaines de kilomètres de Cienfuegos. Petit paradis de la plongée, avec sa mer turquoise et ses coraux multicolores.

On a poussé notre luck jusqu'à nous baigner avec des dauphins domestiqués... J'ai lu, après coup, sur les traitements qu'on leur réserve pour les dresser. Apparemment, c'est assez dégueulasse, mais bon... On leur a donné un maximum d'amour.

Ces bêtes sont définitivement incroyables.

Photo: Marie-Pier Veileux

Jose et son boeuf dans la Sierra Maestra

Trinidad

Après trois jours, on est parti vers Trinidad, petite ville réputée pour son centre historique à l'architecture coloniale inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO.

Le centre historique a récemment fait l'objet d'une restauration soigneuse dans les moindres détails, ce qui en fait la ville coloniale la mieux conservée de l'île. Les rues pavées et les vieilles bâtisses aux couleurs pastel contribuent à donner cette impression que le temps s'est arrêté au 18e siècle.

Côté musique et night life, la ville bouge beaucoup plus qu'elle en a l'air et jusqu'à très tard. On a assisté au plus beau show de salsa du voyage. Et Dieu sait qu'on en a vu et entendu! Salsa, java, son, bossa nova, la musique est partout à Cuba.

Habituellement, c'est pas trop mon truc, mais roots à ce point, je tombe sous le charme. Les gens entrent en transe, ça sue, ça dégage, l'énergie est lumineuse; c'est contagieux le bonheur.

À part une magnifique journée à cheval dans la Sierra Maestra, où le Che et sa bande se sont battus pour la révolution à la fin des années 50, c'est à la plage que nous avons passé la majeure partie du temps. Pas d'instruction, sans guide, lâchés lousses, on a fait du snorkeling et du catamaran; tout ça à des prix ridiculement bas.

Les Rois de La Havane*

On est finalement revenu dans la capitale pour savourer les derniers jours de notre aventure Cubaine. L'avant-veille de notre départ pour Montréal, j'ai croisé Nevsky, par hasard à la Plaza Vieja. Ouch! Tombés dans le baril de rhum comme deux lionceaux, toutes griffes dehors.

«Ces bêtes sont définitivement incroyables.»

Aïe! Aïe! Aïe! Cuba libre!

* Clin d'oeil au roman Le Roi de La Havane de Pedro Juan Gutiérrez, considéré comme l'un des plus singuliers et anticonformistes écrivains d'Amérique latine. Amateurs de littérature trash, plongez dans son décapant recueil de nouvelles « Trilogie sale de La Havane ».

Photo: Marie-Pier Veileux

Sur le chemin de la plage... Ça valait une photo.