En juin dernier, un garçon autiste a fait une crise dans un parc thématique d’Orlando. Le manège pour lequel il attendait depuis des heures a été interrompu juste avant qu’il n’embarque. Sous le choc, il a crié et pleuré, jusqu’à ce qu’une employée se couche au sol à ses côtés et trouve un moyen de le calmer.

Le geste de cette employée est à l’image des organisations touristiques et culturelles qui s’adaptent de plus en plus aux besoins des personnes vivant avec un trouble du spectre de l’autisme (TSA). En effet, plusieurs individus qui ne sont pas neurotypiques réagissent mal aux imprévus et aux sensations fortes.

Étonnamment, les parcs de Disney et Universal sont des destinations privilégiées par Annie Filion, mère de trois enfants vivant avec un TSA et conseillère voyage spécialisée chez Disney pour les clientèles aux besoins particuliers.

« Certains neurotypiques aiment les sensations fortes, d’autres non, dit-elle. C’est la même chose pour les neuroatypiques. Mes enfants adorent ça ! »

Année après année, sa famille retourne à Disney, car elle ne s’y sent pas jugée. « Les employés font tout pour qu’on passe un beau séjour. Ils ont une formation générale sur les différences. C’est la raison pour laquelle il y a autant de personnes avec un handicap intellectuel ou physique là-bas. Ça m’enlève un gros stress. »

Au royaume de Mickey, de nombreuses mesures d’accommodation sont offertes : guide indiquant les éléments pouvant affecter les visiteurs (bruits puissants, effets de lumière, mouvements des manèges), zones plus calmes identifiées sur une carte spéciale, toilettes familiales où les parents peuvent accompagner leurs enfants, peu importe leur âge, service d’accès aux attractions pour éviter les longues files (l’équivalent des fastpass).

De plus en plus de parcs comme Legoland, SeaWorld ou Aquatica ont obtenu des certifications officielles pour composer avec les personnes neuroatypiques. « Aux États-Unis, ils ont un pas d’avance pour la clientèle autiste », affirme la spécialiste.

Formation

Le Québec commence à bouger lui aussi. L’organisme Kéroul, réputé pour son expertise en tourisme accessible aux personnes ayant des déficiences motrices, visuelles, auditives ou langagières, se préoccupe aussi des personnes ayant une déficience intellectuelle ou un TSA. En 2018-2019, environ 1000 étudiants, notamment en tourisme, hôtellerie, restauration et loisirs, ont reçu la formation Service Complice sur ces enjeux.

On leur apprend, entre autres, à énoncer clairement les étapes d’une activité, à établir les règles, à rester concret, à éviter les figures de style, les propos de deuxième degré ou les expressions non précises comme « tantôt » ou « plus tard ».

Julie Anne Perrault, porte-parole de Kéroul

En plus d’insister sur l’importance d’informer la clientèle à propos des éléments pouvant les mettre en état de choc (lumières vives, bruits importants, mouvements intenses), la formation présente aux participants un élément comportemental non négligeable : les contacts visuels. 

« Si les personnes avec un TSA ne nous regardent pas, il ne faut pas voir ça comme un manque de respect, dit-elle. C’est naturel pour certaines d’entre elles d’éviter de regarder dans les yeux. »

Kéroul encourage aussi les organisations à créer des guides visuels pour préparer cette clientèle à la visite. « On montre des images de l’entrée, de la billetterie et des étapes de la visite, dit Julie Anne Perrault. Ça baisse le niveau de stress et ça améliore l’expérience de beaucoup. » 

L’organisation suggère aussi la disponibilité d’endroits tranquilles, notamment des pièces calmes — durant les grands événements et sur les lieux touristiques et culturels — en plus de proposer l’offre de représentations décontractées, avec des lumières tamisées et des sons moins agressants. « C’est l’environnement qui doit s’adapter et non l’inverse », dit Mme Perrault.

Des endroits à problèmes

Ceux qui ne font aucun effort risquent de perdre des clients potentiels. « La compréhension du personnel par rapport à ma situation a un impact sur mes choix, souligne Annie Filion. Il y a des endroits que je teste et où je ne retourne pas, et d’autres que j’évite car je sais que ça n’ira pas bien. »

Elle cite La Ronde parmi les lieux sur sa liste noire. Pourtant, le parc d’attractions montréalais permet la présence — gratuite — d’un accompagnateur pour les personnes ayant des limitations fonctionnelles et leur offre d’éviter les files, en exigeant un certificat médical et une carte d’identité pour éviter les abus. 

Par contre, il n’est pas permis d’apporter de la nourriture, des boissons et des glacières sur le site de La Ronde. Il existe néanmoins des nuances. « Les visiteurs souffrant d’allergies alimentaires peuvent apporter leur propre nourriture à l’intérieur du parc, dit la porte-parole de La Ronde, Karina Thevenin. Il en est de même pour la nourriture de bébé et le lait maternisé. À leur arrivée, les visiteurs doivent demander au service de la sécurité d’autoriser leurs aliments diététiques spéciaux. »

Annie Filion explique que plusieurs personnes TSA ont elles aussi des besoins alimentaires particuliers. « J’ai un enfant qui mange juste certaines choses et qui ne peut rien manger à La Ronde, dit-elle. Comme on ne peut pas apporter notre bouffe, on n’y va plus. À Disney, on peut apporter notre nourriture. »

La Ronde répond que les invités désirant consommer leur propre nourriture ont accès à deux aires de pique-nique aménagées à l’extérieur des deux entrées principales du site. Les tables sont offertes sur la base du « premier arrivé, premier servi ».

Exemples d’adaptation

Aéroports de Montréal

Une journée de familiarisation simule les étapes du processus d’embarquement, afin de diminuer le stress des personnes ayant un TSA ou une déficience intellectuelle.

Air Canada

Les clients ayant des besoins particuliers peuvent voyager avec un accompagnateur presque gratuitement, en payant seulement les taxes d’un billet. C’est le cas des personnes qui voyagent à bord d’un vol au Canada — avec Air Canada ou Air Canada Express (Jazz, Sky Regional, Air Georgian, Exploits Valley Air Services) —, entre le Canada et les États-Unis (avec Air Canada ou un autre transporteur quand le vol est assuré par Air Canada) et pour les vols internationaux à bord d’Air Canada. Plusieurs conditions s’appliquent. Il est donc préférable de valider le tout auprès de la compagnie d’aviation.

Air Transat

Une réduction de 50 % sur le tarif courant est offerte pour l’accompagnateur qui voyage avec une personne souffrant d’un handicap ou d’une condition particulière et qui ne peut voyager seule. Cette réduction s’applique aux vols à destination ou en partance des États-Unis.

Autistour

Agence de voyages pour personnes autistes, gérée par un autiste.

Consultez la page Facebook d’Autistour : https://www.facebook.com/autistours/

Camps d’été

Il existe une liste des camps d’été spécialisés répertoriés par la Fédération québécoise de l’autisme.

Consultez le site de la Fédération québécoise de l’autisme : http://www.autisme.qc.ca/ressources/camps.html

Carte accompagnement loisir (CAL)

La carte accorde la gratuité d’entrée à l’accompagnateur d’une personne autiste (5 ans et plus) auprès des organisations de loisirs, culturelles et touristiques partenaires.

Consultez la page de la CAL : https://www.aqlph.qc.ca/carte-accompagnement-loisir/