Les grandes vacances approchent et l’envie de voyager à l’étranger devient parfois irrésistible. Partir sur un coup de tête comme avant la pandémie est redevenu possible, mais même si Ottawa a de nouveau suspendu certaines mesures sanitaires cette semaine, organiser un voyage de dernière minute peut encore ressembler à une course à obstacles. Constats et conseils pour bien préparer son départ… et son retour.

Tout le monde veut partir

« Tout le monde a décidé de voyager en même temps, constate Manon Langelier, directrice régionale vacances à l’agence Laurier Du Vallon. Au point où, pour le moment, on ne peut malheureusement pas desservir tous les clients. » C’est le cas aussi du côté de l’agence de CAA-Québec, qui demande aux voyageurs de prendre rendez-vous pour parler à un agent. « On a perdu beaucoup de monde pendant la pandémie, précise Nicolas Ryan, directeur des affaires publiques à CAA-Québec. On a une centaine de postes ouverts. » « C’est possible de voyager à la dernière minute, il y a des disponibilités », tient toutefois à préciser Manon Langelier. Mais peut-être pas avec les conseils d’un spécialiste…

Une relance chaotique

Ces conseils sont pourtant très utiles en ce moment, car la forte reprise, couplée à une pénurie de main-d’œuvre, a provoqué d’innombrables turbulences dans le monde du voyage. Files interminables pour obtenir un passeport ou franchir la sécurité et la douane, vols annulés par centaines : les misères des voyageurs ont fait beaucoup de bruit ce printemps. « On a lamentablement échoué dans la préparation de la reprise », lance Mehran Ebrahimi, directeur de l’Observatoire international de l’aéronautique et de l’aviation civile de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), qui reproche à Ottawa d’avoir trop peu aidé les aéroports du pays à garder un lien d’emploi avec leurs travailleurs. L’absence d’un seul bagagiste peut retarder le décollage d’un avion et entraîner toute une série de perturbations, rappelle M. Ebrahimi.

Des améliorations, mais…

« Le gouvernement fédéral attend que les gens crient au scandale pour agir », poursuit celui qui enseigne à l’ESG UQAM. Face à la grogne, Ottawa vient d’ailleurs d’annoncer la suspension, dès le 20 juin, de la vaccination obligatoire pour les voyageurs, après avoir fait la même chose avec les tests aléatoires de dépistage de la COVID-19 dans les aéroports. Déjà, les files semblaient plus courtes en début de semaine à Montréal-Trudeau. Mais l’attente pour l’obtention d’un passeport reste longue. Lundi, la ministre de la Famille, Karina Gould, a été incapable de dire quand les choses rentreraient dans l’ordre. Le fédéral recommande désormais aux voyageurs de présenter une demande de passeport entre 45 et 50 jours avant leur départ.

Une crise mondiale

Le Canada n’est pas le seul pays à connaître des ratés dans ses aéroports. Plus de 1000 passagers pris dans des files ont raté leur vol à l’aéroport de Dublin en une semaine, a rapporté CNN au début du mois. Le PDG de Ryanair, Michael O’Leary, a demandé l’aide de l’armée pour rétablir la situation dans les aéroports britanniques, où les longues queues, les bagages perdus et les vols annulés sèment la pagaille. Aux États-Unis, la pénurie de main-d’œuvre a aussi provoqué l’annulation de près de 2800 vols pendant le long week-end de Memorial Day, fin mai.

Comment s’y prendre ?

Dans ce contexte, la préparation d’un voyage est plus importante que jamais, rappelle Nicolas Ryan, de CAA-Québec. Passeport, assurances, conditions d’entrée des pays visités : la liste s’allonge vite. Et change sans cesse. Pour se tenir à jour, CAA-Québec compte sur le service Sherpa, offert sur son site web. L’outil mis à jour toutes les « 15 ou 20 minutes » précise tous les documents, formulaires et tests exigés pour une destination donnée. « C’est précieux de pouvoir le consulter jusqu’au moment du départ », dit Nicolas Ryan. Par ailleurs, si vous achetez vous-mêmes vos billets d’avion, précise Manon Langelier, de Laurier Du Vallon, prévoyez des escales plus longues. « Avec 1 h 30 min entre deux vols à Toronto, par exemple, vous allez manquer votre correspondance », dit-elle.

Consultez le service Sherpa de CAA-Québec

Planifier son retour

Peu importe les irritants, les gens ont vraiment le goût de partir, constate Nicolas Ryan. L’attente à l’aller, dans l’excitation du départ, passe plutôt bien, mais celle au retour, « quand les gens ont juste hâte d’être à la maison », est beaucoup plus pénible, selon lui. Or, si Ottawa a jeté du lest sur certaines mesures, l’utilisation de l’application ArriveCAN est maintenue pour tous les voyageurs qui entrent au pays. Ce que s’explique mal Mehran Ebrahimi : « Ça triple le temps passé à la douane pour chaque passager ! » Malgré les embauches annoncées par Ottawa, la formation de nouveaux employés sera longue et la pénurie de main-d’œuvre n’a pas dit son dernier mot, croit le professeur. « On va payer tout au long des vacances », observe-t-il. Un conseil pour un retour sans trop d’attente à la douane ? Mieux vaut planifier son retour à Montréal-Trudeau hors des périodes de pointe pour les arrivées internationales, qui sont du jeudi au dimanche, de 16 h à minuit, rappelle Aéroports de Montréal.

Consultez le temps d’attente à la sécurité et aux douanes à Montréal-Trudeau

Avec La Presse Canadienne

En savoir plus
  • 1,3 million
    Entre le 1er avril 2021 et le 31 mars 2022, Service Canada a délivré 1,3 million de passeports. Pendant la même période l’année précédente, à peine 363 000 passeports avaient été délivrés.
    source : La Presse Canadienne
    3 h
    Aéroports de Montréal demande aux voyageurs d’arriver trois heures avant le départ, peu importe s’il s’agit d’un vol international, vers les États-Unis ou intérieur. C’est particulièrement vrai le matin pour les vols vers les États-Unis, et entre 17 h et 20 h, du jeudi au dimanche, pour les vols internationaux.
    source : Aéroports de Montréal