Simon est votre ami. Il endure un nombre incalculable de nuits glaciales dans un laboratoire de la Kansas State University pour vérifier si votre sac de couchage - 15 est véritablement confortable à - 15 oC.

Simon est un mannequin perfectionné utilisé par l’Institut de recherche climatique de la Kansas State University pour tester la température de confort des sacs de couchage.

Plusieurs grands fabricants font parvenir leurs prototypes à ce laboratoire pour avoir une évaluation indépendante de cette température et ainsi obtenir une certification ISO 23537 (une norme qui remplace l’ancienne norme EN 13537).

« À ma connaissance, aucun autre laboratoire indépendant fait ce type de tests aux États-Unis, indique Meredith Schlabach, coordonnatrice des services de tests à l’Institut de recherche climatique. Il y en a quelques-uns en Europe et un à Hong Kong. »

La société Therm-a-Rest a aussi une chambre climatique à Seattle, mais cette installation (un conteneur reconfiguré) sert essentiellement à tester ses propres produits.

Un don apprécié

C’est un peu par hasard que la Kansas State University a commencé à offrir des services de tests thermiques à l’industrie. L’aventure a débuté en 1963 lorsque la Société américaine des ingénieurs en chauffage, réfrigération et air conditionné a offert une chambre climatique sophistiquée à l’université. Celle-ci a alors créé l’Institut de recherche climatique, qui a grandi au cours des années pour maintenant compter huit chambres climatiques.

Ces chambres peuvent simuler des conditions thermiques intérieures et extérieures, qui peuvent aller d’un climat désertique à un climat polaire en passant par des conditions tropicales.

C’est l’installation idéale pour tester les sacs de couchage et les manteaux de duvet.

Pour que les sacs de couchage puissent afficher une température de confort en vertu de la norme ISO 23537, ils doivent être soumis à des processus standardisés de test. Les consommateurs peuvent ainsi se fier à la température affichée et comparer des sacs de marques différentes.

Meredith Schlabach, de l’Institut de recherche climatique

Pour tester un sac de couchage de type momie en vertu de la norme ISO 23537, Simon doit s’équiper de sous-vêtements thermaux longs, de chaussettes et d’un masque de ski. Il se glisse dans un sac de couchage posé sur un matelas autogonflant de 2,5 cm d’épaisseur et le test peut commencer.

Pour un sac de couchage rectangulaire, Simon doit retirer son masque de ski et garder la tête hors du sac.

Il faut répéter le test à quelques reprises, soit sur le même sac, soit sur trois exemplaires du même sac.

Pour les sacs de couchage pour enfants, Simon peut compter sur la collaboration d’un mannequin plus petit, Sonny.

L’équipe de l’Institut de recherche climatique a mis en place des modèles pour extrapoler les résultats des tests avec Sonny pour des enfants de 5, 8 et 11 ans.

L’Institut remet au fabricant un indice d’isolation pour l’ensemble du sac, mais il peut aussi fournir des indices d’isolation locaux pour 13 segments corporels du mannequin.

Après les tests, l’Institut renvoie les sacs de couchage au fabricant ou, avec sa permission, les remet à une organisation locale comme les scouts ou les guides.

« Ils apprécient vraiment », fait savoir Mme Schlabach.

PHOTO TIRÉE DU SITE INTERNET DE L’INSTITUT DE RECHERCHE CLIMATIQUE

Le mannequin Simon s’apprête à passer la nuit à l’Institut de recherche climatique de la Kansas State University.

Tenir compte des trois valeurs

Évidemment, la sensation de froid varie d’une personne à l’autre. Il faut donc prendre l’indice d’isolation avec un grain de sel.

En outre, les femmes ont en général plus froid que les hommes pendant la nuit. Un examen attentif de l’indice peut permettre aux campeuses de faire un choix éclairé.

En effet, l’indice déterminé en vertu de la norme ISO 23537 peut se décliner en trois valeurs : une température de confort, une température limite de confort et une température extrême.

Il est avantageux de rechercher ces trois valeurs lorsqu’on magasine un sac de couchage. Toutefois, ce ne sont pas tous les détaillants et tous les fabricants qui les indiquent.

La température de confort est basée sur la température qui permettrait à une femme normale de passer une bonne nuit avec un tel sac de couchage. La température limite de confort est basée sur la température la plus basse qui permettrait à un homme normal de passer une nuit confortable. Enfin, la limite extrême protégerait une femme de l’hypothermie, mais celle-ci passerait quand même une très mauvaise nuit.

Voici un exemple : le sac Salsa - 9 oC de Nemo a une température de confort de - 3 oC, une température limite de confort de - 10 oC et une température extrême de - 28 oC.

Avec un tel sac, une femme serait donc à l’aise jusqu’à - 3 oC, alors qu’un homme le serait jusqu’à - 10 oC.

Même si Simon n’est pas Simone, il est assez sensible pour savoir ce qui conviendrait à sa petite amie.

Ce n’est pas Simon qui teste les manteaux de duvet et les autres vêtements pour le froid que peuvent envoyer les fabricants d’équipement de plein air. C’est un autre mannequin, Stan, qui prend la relève, assisté par Sonny pour les vêtements destinés aux enfants.

Comme Simon, Stan et Sonny sont vos amis.