Prendre la poudre d’escampette pour s’unir en tête à tête dans un lieu magique. Pas de grande réception à organiser, pas de cartons d’invitation à envoyer. Voilà le rêve que caressent beaucoup de jeunes couples. Portrait de l’elopement (qu’on pourrait traduire par « fugue amoureuse »), une tendance bien présente en Europe et aux États-Unis, qui fait actuellement une percée au Québec.

En mai, Chelsea Chawsky et son conjoint Jeremy s’envoleront pour l’île de Skye, en Écosse. Seuls, avec une photographe. Une fois arrivés, ils rouleront pendant cinq heures pour se rendre près du château d’Eilean Donan, qui servira de toile de fond à leur cérémonie. « J’aimais vraiment l’idée de quelque chose de plus moody, de romantique en quelque sorte, différent d’un mariage sur la plage, affirme Chelsea. Nous aimons le plein air et la randonnée. Il y a un côté aventurier qui nous plaît. »

Pour Chelsea, qui travaille comme maquilleuse et coiffeuse dans les mariages, il était évident que le sien serait différent. « Tu vas sur Pinterest et Instagram et ça ajoute un autre niveau de pression, admet-elle. Réalistement, il est impossible d’avoir un mariage comme ça, parce que c’est tellement dispendieux. Je trouvais que l’idée d’aller ailleurs rendait le mariage plus spécial. C’est juste nous deux. Tu peux faire ce que tu veux. Il n’y a pas de règles, pas de stress venant des autres. »

Une « fugue amoureuse »

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Un mariage d’hiver, célébré au parc national du Bic

L’elopement est un terme dérivé du verbe elope, qui signifie s’enfuir. Traduit en français par « fugue amoureuse », l’elopement désigne un mariage en petit comité, qui peut être célébré autant à l’étranger que près de chez soi.

La famille immédiate est parfois présente, mais souvent, il n’y a que les mariés avec un ou une photographe, qui fait aussi office de témoin. Car si l’intimité est importante dans un tel mariage, l’image l’est également. « C’est sûr qu’on vit vraiment dans une époque de visuel, avec Instagram, remarque la photographe Gabrielle Desmarchais, qui se spécialise en elopement et qui accompagnera Chelsea et Jeremy en Écosse. 

« Les gens veulent de belles photos. Pas nécessairement pour les partager et attirer l’attention, mais pour le souvenir. Ce sont des photos qui restent pour la vie. Tu veux qu’elles soient belles, artistiques et originales. »

« Les photos, c’est peut-être ce qui accroche les gens, mais quand on discute avec nos clients, on se rend compte que leur point commun est qu’ils ne se reconnaissent pas dans le mariage traditionnel, avec la grosse robe, la réception et les obligations que ça engendre, constate la photographe Josée Grondin, qui a fondé, avec son conjoint Patrick Dubuc, Dyade photo. Ce sont des gens pour qui c’est l’engagement qui prime. Et l’intimité. »

Un mariage en elopement, surtout à l’étranger, ne convient toutefois pas à tous. Si les imprévus sont fréquents dans un mariage traditionnel, ils le sont encore plus dans un mariage à l’étranger. « Il faut faire confiance à l’équipe. Tu ne peux pas être control freak et vouloir gérer tous les détails », fait remarquer Victoria Lafleur, planificatrice de mariage et fondatrice du Cœur bohème, qui vient de développer une division de son entreprise spécialisée dans les mariages intimes.

L’an dernier, Gabrielle Desmarchais et Victoria Lafleur ont accompagné un couple en Islande. Ils avaient au préalable décidé de l’endroit où aurait lieu la cérémonie. « Ça devait se passer dans un canyon, raconte Gabrielle. Quand on est arrivés, ils étaient en train de le fermer. On s’est reviré de bord et on est allés à cet autre endroit avec la chute. C’est l’un des endroits les plus beaux au monde que j’ai vu. J’en avais les larmes aux yeux. Mais il a grêlé, il a plu, il a fait soleil, tout ça dans la même journée. » 

« Quand c’est de l’elopement d’aventure, il faut qu’il y ait du laisser-aller de la part du couple. Tu ne peux pas t’en faire avec ta robe qui est pognée dans la roche en arrière ! », explique Victoria Lafleur, planificatrice de mariage.

Les photographes qui offrent des services d’elopement proposent aussi souvent un soutien logistique. « On a travaillé avec des mariés qui voulaient se marier l’hiver à Grandes-Bergeronnes, sur le bord du fleuve, relate Josée Grondin. Il fallait penser aux heures des marées et faire du repérage pour s’assurer que l’endroit où ils échangeront leurs vœux va être beau photographiquement. »

Selon Victoria Lafleur, il est manifeste qu’un mariage intime coûte moins cher qu’une cérémonie traditionnelle. « On parle de 5000 $ à 8000 $, mais ça peut être moins cher aussi selon la destination choisie. » Ou plus, évidemment.

Les destinations coup de cœur des photographes

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Gabrielle s’envolera pour l’Écosse en mai pour faire les photos d’un couple de mariés. « Je n’y suis pas encore allée, mais à voir les photos, je suis certaine que ça va devenir mon gros coup de cœur! »

Gabrielle Desmarchais

- L’Écosse

- L’Islande

- Charlevoix

Josée Grondin

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« Au Québec, un elopement aux îles Mingan, c’est difficile à battre. Il y a un facteur wow et c’est dépaysant. On est seuls au monde. »

- Les îles Mingan

- Les Îles-de-la-Madeleine

- Le Maroc

Quelques conseils avant de se lancer

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Un couple de mariés marche dans les herbes hautes, sur le bord du fleuve, à Kamouraska.

> Optez pour une destination qui vous ressemble.

> Choisissez bien la ou les personnes que vous souhaitez engager, surtout si vous voyagez avec elles à l’étranger. Il faut que ça clique !

> Préparez le voyage, prévoyez les déplacements et informez-vous des particularités du lieu choisi. L’accès est-il autorisé au moment où vous y serez ?

> Plusieurs mariés choisissent d’officialiser leur union au Québec avant ou après le voyage. Mais si vous souhaitez vous marier à l’étranger, informez-vous des lois en place pour vous assurer que l’union sera valide.

> Expliquez votre choix à vos proches. Plusieurs couples organisent une fête à leur retour pour célébrer leur mariage avec la famille et les amis.