George Yabu et Glenn Pushelberg se sont rencontrés à l'Université Ryerson de Toronto, quand ils étudiaient le design, il y a une trentaine d'années. Ils forment maintenant un redoutable tandem, à l'origine de certaines des plus belles conceptions d'hôtels de la planète.

L'hôtel Edition de Londres, dont le design est l'oeuvre de Yabu Pushelberg, vient de remporter un prix du magazine Travel + Leisure. La firme canadienne ne compte plus les honneurs. Les plus importantes chaînes hôtelières font régulièrement appel à ses services. Et ses hôtels sont salués par la presse internationale. De son bureau de Toronto (il en a aussi un à New York et passe la moitié de son temps à parcourir la planète), Glenn Pushelberg a accepté de partager quelques principes de design.

Une chambre «universelle»

«Une chambre d'hôtel doit être attrayante autant pour le jeune de 19 ans, qui est épaté en passant la porte, que pour un habitué des Marriott qui en a 60», dit Glenn Pushelberg.

Design «discret»

«Il ne faut pas abuser des trucs de design, ce qu'on a beaucoup fait dans les années 90 où les chambres d'hôtel avaient un côté Alice au pays des merveilles.» Cette époque est révolue, dit Glenn Pushelberg.

La beauté du service

Au tournant de la décennie, dans cette période prérécession, les hôtels spectaculaires se sont multipliés. Et les designers ont beaucoup misé sur le décor.

«Les clients en étaient venus à s'attendre à un mauvais service dans un hôtel-boutique, car on se disait que tout avait été mis sur le design», dit le concepteur.

En hôtellerie, le service est le nouveau luxe.

Le confort qui dure

«D'abord, il faut que tous les éléments de base soient dans une chambre. Un lit confortable, une lampe de lecture. La chambre doit être confortable, calme et toujours aussi agréable après un séjour de quatre ou cinq jours. Si vous commencez à trouver la peinture agaçante après quelques jours, ça ne fonctionne pas. Tout un ensemble de facteurs contribue à faire une chambre réussie. Mais si le côté fonctionnel est raté, si vous n'arrivez pas à allumer la lumière dans la chambre, ça ne va pas.»

Réalisme hôtelier

«Lorsque nous entamons un projet, nous nous demandons toujours où nous en sommes, dit Glenn Pushelberg. Par exemple, les voyageurs d'affaires travaillent désormais avec un portable, une tablette et un téléphone. Ont-ils vraiment besoin d'un grand bureau dans leur chambre? C'est important de comprendre comment on vit pour faire un projet.»

Les deux créateurs miseront davantage sur des zones confort plus raffinées, avec un plus grand sofa. Et ils réalisent toujours une chambre test au début du processus.

Une identité unique

Les hôtels Edition appartiennent au géant Marriott, qui souhaite créer une nouvelle branche, de créneau, pour les voyageurs fortunés de la planète, un peu plus jeunes, pour qui l'hôtel n'est pas simplement un toit sous lequel passer quelques nuits.

Yabu Pushelberg a d'abord signé le design du Waikiki Edition, à Hawaii. L'hôtel n'appartient plus au groupe Marriott, il s'appelle désormais The Modern, mais le design est resté. À Honolulu, la firme a voulu ramener un certain esprit des années 60. Un peu de surf, un peu de glamour. Beaucoup de liberté. «C'est simple et amusant», dit Glenn Pushelberg.

À Londres, le look de l'Edition est complètement différent - même si le côté amusant est resté. Le tandem a gardé le caractère historique de l'hôtel, qui se trouve dans un édifice géorgien, mais s'est permis une certaine liberté artistique. Un exemple? Plutôt que de mettre un chandelier dans le hall, on a accroché un grand oeuf métallique à effet miroir. Ça fait son effet.

Yabu Pushelberg travaille maintenant sur les Editions de Miami Beach et de Times Square, à New York, dont les ouvertures sont prévues cette année et l'année prochaine.

Culture locale

Feriez-vous une chambre d'hôtel identique à Taipei et à Toronto?

«Non. Pas possible, répond sans hésiter Glenn Pushelberg. Ça ne serait pas correct de le faire. Un hôtel doit refléter l'endroit où il se trouve.» Sans le nommer, le créateur songe à un hôtel de Miami où il a séjourné. «Il aurait très bien pu se trouver au coeur de Boston, dit-il. Et c'est une erreur.»

Photo Evan Dion, fournie par Yabu Pushelberg

Four Season de Toronto