Prendre de la hauteur, même quand le mercure baisse de façon draconienne, c’est possible grâce à plusieurs activités offertes cet hiver dans Charlevoix. Nous avons testé une nouvelle tyrolienne et un parcours de via ferrata abordable.

La scène matinale est plutôt cocasse. Dans les couloirs chics et feutrés du Manoir Richelieu déambulent trois aventuriers équipés de casques, de mousquetons et de harnais. Une fois dans l’ascenseur, ils croisent un couple de retraités un peu interloqués. « On s’en va faire la nouvelle tyrolienne qui part du toit, ça vous tente ? », propose le trio. D’un geste poli et complice, la dame décline : « Pas ce matin, merci ! » Dommage, car après la descente, on enchaîne avec la via ferrata…

Nous voici donc rendus sur le toit du Manoir, un beau matin frisquet de janvier, guidés par Brandon Martin, officiant pour Projet Vertical, organisme derrière ces activités implantées au célèbre hôtel de La Malbaie. De la plateforme de départ, on perçoit le long câble ancré dans l’un des murs de l’édifice, qui se perd dans un bois, un peu plus loin. « Elle s’étend sur 400 mètres environ », précise Brandon, tout en s’assurant que poulies et sangles sont bien en place. Pour comparaison, cette distance équivaut à quatre longueurs de terrain de soccer.

  • La vue est l’un des principaux atouts de cette nouvelle tyrolienne, accessible notamment en hiver.

    PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

    La vue est l’un des principaux atouts de cette nouvelle tyrolienne, accessible notamment en hiver.

  • Après un passage dégagé, on se dirige vers un bois.

    PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

    Après un passage dégagé, on se dirige vers un bois.

  • Du toit du Manoir Richelieu, Brandon Martin installe la poulie qui servira à descendre.

    PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

    Du toit du Manoir Richelieu, Brandon Martin installe la poulie qui servira à descendre.

  • Se balader dans les couloirs de l’hôtel ainsi affublé, c’est déjà toute une aventure !

    PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

    Se balader dans les couloirs de l’hôtel ainsi affublé, c’est déjà toute une aventure !

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Comme pour toute tyrolienne, rien de sorcier : on se harnache et on se lance. Celle-ci, qui a été inaugurée il y a quelques mois à peine, montre une personnalité toute particulière. Sa hauteur ? Pas franchement sidérante. Sa vitesse ? Même si on peut atteindre 50 km/h, on a déjà vu plus grisant. C’est plutôt la vue qui est vraiment ravissante, avec le fleuve semi-glacé en toile de fond, le Manoir qui rapetisse dans son dos, tandis que l’on fonce tête baissée vers le bois. L’un de ses atouts est aussi son ouverture toute l’année, pour profiter autant des couleurs automnales que des perspectives hivernales. Exception faite pour février : « C’est un mois creux, alors l’entretien annuel de la tyrolienne se fait à ce moment-là », explique Brandon.

Une voie, des vues

Après cette mise en bouche vivifiante, quelques minutes de marche sur un sentier nous mènent jusqu’à la via ferrata La Charlevoix, aménagée sur la falaise bordant l’hôtel. Attention à ne pas la confondre avec celle des Palissades, bien plus vertigineuse. Ce qui rassure d’ailleurs certains participants qui se sont retrouvés propulsés dans l’activité sous la pression de leur conjoint ou de leur conjointe. « Souvent, on nous demande si c’est là qu’on va traverser le fameux pont aérien, que les gens ont déjà vu sur des photos. Quand on leur dit que ce passage se trouve sur un autre site, ça les rassure ! », indique le guide.

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Là aussi, la vue sur le fleuve et ses bijoux de glace mérite des arrêts fréquents.

Cette via ferrata est plus familiale, de niveau intermédiaire. Elle se divise en deux sections, une partie facile et une autre un peu plus exigeante. Il est possible de sortir entre les deux.

Brandon Martin, guide

Aussi, on peut s’y frotter au cours de l’hiver, ce qui change quelque peu les paramètres de l’expérience. « Vous allez voir, le câble de la ligne de vie sera votre meilleur ami aujourd’hui », prévient Brandon.

  • Brandon Martin adore faire le parcours après une bordée de neige importante.

    PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

    Brandon Martin adore faire le parcours après une bordée de neige importante.

  • Des traverses de bois facilitent le parcours.

    PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

    Des traverses de bois facilitent le parcours.

  • De nombreuses « queues-de-cochon » ont été disséminées le long du parcours pour s’y vacher en toute sécurité.

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    De nombreuses « queues-de-cochon » ont été disséminées le long du parcours pour s’y vacher en toute sécurité.

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On commence doucement et, effectivement, les accumulations de neige sporadiques empêchent de distinguer clairement les prises, que ce soit pour poser ses pieds ou attraper les reliefs avec ses mains. Tantôt support providentiel, tantôt piège sournois, les couches enneigées changent les règles du jeu, et le fait de porter des bottes d’hiver perturbera les amateurs d’escalade habitués à leurs chaussons précis comme des lasers. « Le meilleur moment, selon moi, c’est de venir après une bonne bordée de neige, quand on ne distingue plus du tout les prises du parcours et qu’on doit tâtonner pour les trouver », souligne notre accompagnateur.

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Pas toujours facile de tenir sur des prises avec de grosses bottes d’hiver !

D’une longueur de 500 mètres, cette via ferrata exige plus de deux heures de grimpe plutôt facile, ponctuée de plateformes, d’un pont de singe et de mini-tyroliennes ; mais les aventuriers plus expérimentés pourraient la traverser encore plus rapidement. Ce qui serait bien dommage, car, comme la tyrolienne, si ce n’est pas le parcours le plus spectaculaire par sa hauteur ou sa difficulté, il s’apprécie surtout pour les vues imprenables qu’il offre sur le fleuve, à deux doigts de la paroi. Bien nigaud serait celui qui ne prendrait pas le temps de se vacher quelques minutes, au gré de sa progression, pour se délecter du panorama qui esquisse, par temps clair, la silhouette de Kamouraska, ou qui nous offre le Cap-Aux-Oies. Bref, on n’est pas là pour la performance, mais pour le plaisir des yeux. Même s’il existe une façon de pimenter l’expérience : « Certains se donnent le défi de traverser le parcours sans jamais toucher au câble », témoigne Brandon.

Bref, pas besoin d’un hélicoptère pour pouvoir apprécier les beautés d’hiver de Charlevoix à partir des airs ; de simples câbles d’acier feront l’affaire.

69,99 $, à partir de 8 ans, organisé les fins de semaine en hiver

Consultez le site de Projet Vertical