Dans la foulée du succès du parcours culturo-spirituel des Sanctuaires du fleuve inauguré en 2016, deux nouveaux circuits à saveur patrimoniale et religieuse viennent d’être lancés en Montérégie, respectivement centrés sur des lieux d’intérêt et des personnages qui ont façonné la région actuelle. Muni de notre bâton de pèlerin féru d’histoire, nous avons arpenté ce dernier.
Mis sur pied par le comité régional de tourisme religieux et spirituel de Tourisme Montérégie, sous la houlette de son président Michel Couturier, les deux nouveaux parcours sillonnent la Rive-Sud, de Varennes à Saint-Jean-sur-Richelieu en passant par le Vieux-Longueuil. Dans les deux cas, il est conseillé d’étaler les visites sur plusieurs jours, surtout si l’on désire s’attarder sur l’architecture, les récits et les artefacts exposés. Aussi, il faut bien vérifier les horaires d’ouverture, très variables d’un lieu à l’autre.
L’objectif est de faire découvrir des personnages qui ont eu une influence importante dans leur milieu, ont été audacieux, visionnaires et ont contribué à façonner le Québec d’aujourd’hui.
Odette Côté, directrice des communications de la congrégation des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie
Mme Côté insiste sur la valeur patrimoniale et historique des étapes, dépassant le seul cadre religieux
Une cocathédrale, une bienheureuse et une baronne
Nombreux sont ceux à être passés devant la cocathédrale longueuilloise Saint-Antoine-de-Padoue sans jamais en avoir franchi le seuil. Elle s’avère pourtant gorgée d’histoire, et pas seulement arrimée au patrimoine religieux, puisqu’elle met en valeur les balbutiements de la ville elle-même.
Ici, on découvre le tracé de deux personnages importants, à commencer par Marie-Rose Durocher, éducatrice et fondatrice des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie. Une chapelle avec son tombeau lui est dédiée au sein de l’édifice depuis 2004, agrémentée d’affiches munies de codes QR pour en savoir plus sur son histoire et son œuvre.
« Ici, on est sur les débuts de Longueuil. Au-delà des personnages, on redécouvre le patrimoine local, en redonnant aux citoyens la mémoire de la ville, qui est ce qu’elle est actuellement grâce à ces figures-là », explique Benoît Laganière, président d’assemblée de fabrique de la paroisse Saint-Antoine-de-Padoue.
On ne peut que rester béat devant l’architecture extérieure (de style néogothique, avec dôme néobyzantin) et intérieure, impressionnante et richement ornée. Une de ses particularités : elle abrite deux orgues jouables en tandem. Au sous-sol se trouve un parcours muséal retraçant l’histoire de la cité, depuis les Premières Nations en passant par Charles Le Moyne et son château fort – aujourd’hui disparu –, le tout en suivant le fil d’artefacts d’époque remarquables. L’un des points focaux reste une autre figure forte, ayant joué un rôle clé local, et issue de la société civile : la baronne Marie-Charles Le Moyne. « Il s’agit de la seule femme à avoir obtenu le titre de baronne. Elle voulait être enterrée ici, avec sa famille », précise M. Laganière. Et son vœu a été exaucé, puisque son tombeau, visible à travers une baie vitrée, a été installé dans la crypte.
Au Centre Marie-Rose, l’éclosion d’une vie
Pour les curieux souhaitant en savoir davantage sur Marie-Rose Durocher, il suffit de faire quelques pas vers le nord-est pour atteindre le musée et centre d’exposition érigé en son nom. On y découvre les lieux où vécut la religieuse, qui a beaucoup œuvré pour l’éducation des jeunes filles, garnis de mobilier, vêtements originaux, objets et reliques d’époque. « On présente les endroits où la fondatrice a vécu de sa naissance jusqu’aux premières résidences qu’elle a fondées en six ans », indique sœur Lisette Boulé. On peut ainsi arpenter sa chambre, son bureau de travail, la salle du chapitre où les décisions importantes se prenaient, ainsi que la chapelle bellement restaurée où elle priait. Une salle d’exposition a également été aménagée au sous-sol. On y découvre également l’héritage de la congrégation d’enseignantes, qui œuvre encore aujourd’hui dans diverses parties du globe. À deux pas du couvent, la maison de fondation est encore érigée sur place. Notez qu’il est nécessaire de prendre rendez-vous pour toute visite.
Pionnière des saintes
Bercé par le Saint-Laurent sur un site paisible et inspirant, le sanctuaire Sainte-Marguerite-d’Youville de Varennes rend hommage à la première religieuse née sur le sol canadien (1701-1771) ayant été canonisée.
En arrivant, s’impose avant tout au regard la belle basilique Sainte-Anne de Varennes, achevée en 1887 dans un style romano-byzantin, bâtie sur le lieu de naissance de Marguerite d’Youville. Au fond de l’édifice, une chapelle a été aménagée pour accueillir son tombeau de granit. D’autres éléments de la basilique sont remarquables, notamment ses tableaux, dont celui dit Miraculeux, datant des années 1730. Juste derrière le bâtiment, une salle d’exposition retrace la vie et l’œuvre de la dévouée catholique ayant fondé les Sœurs de la Charité de Montréal (également appelées Sœurs grises), narrant ses interventions auprès des plus démunis, notamment par l’administration, la fondation ou le sauvetage d’institutions hospitalières ouvertes aux exclus, comme les lépreux. Plusieurs statues à son effigie ainsi que des objets d’époque sont présentés sur le site.
Miracles à Saint-Hyacinthe
Les étapes de Saint-Hyacinthe permettent de découvrir la vie de trois figures locales, dans deux sites distincts. Le premier arrêt est la cathédrale Saint-Hyacinthe-le-Confesseur, où fut aménagé le tombeau de Louis-Zéphirin Moreau (1824-1901), instigateur de la construction de l’édifice et homme engagé politiquement et socialement auprès des travailleurs. Lui sont attribués plusieurs miracles, dont la guérison d’une fillette atteinte de leucémie. L’intérieur de la cathédrale impressionne par ses imposants lustres et sa blancheur éclatante brodée de dorures. Le second arrêt est situé à 2 km de là, au mausolée-columbarium du cimetière bordé par la rue Girouard. On y trouve deux oratoires, consacrés à Élisabeth Bergeron (1851-1936) et Aurélie Caouette (1833-1905), fondatrices de deux communautés locales, respectivement consacrées à l’enseignement à la campagne et à la méditation contemplative. Les installations sont minimalistes (on en apprend peu sur mère Caouette, à la vie empreinte de mysticisme), mais modernes, avec des artefacts d’époque exposés pour les visiteurs.
Une figure et un peuple
Enfin, sur le site de l’église et du presbytère de L’Acadie, à Saint-Jean-sur-Richelieu, on découvre certes Marie-Léonie Paradis, fondatrice des Petites Sœurs de la Sainte-Famille, mais aussi le contexte de la déportation des Acadiens au XVIIIe siècle. Une fresque murale et un monument commémoratif constituent un avant-goût de la visite, à laquelle des guides en costume d’époque prennent le relais. Des audioguides sont aussi offerts. Trois édifices peuvent être explorés, dont l’église Sainte-Marguerite-de-Blairfindie, datant de 1801, le calvaire et le presbytère, ce dernier abritant un musée démystifiant la vie locale au XIXe siècle, tout en exposant vêtements liturgiques et vases.
Consultez le circuit complet sur les personnages religieux Consultez le circuit complet sur les lieux religieuxLes Ursulines se sont refait une beauté pour l’été
Après des travaux de restauration étalés sur plus d’une année, la chapelle des Ursulines, à Québec, a fait peau neuve en donnant une seconde jeunesse aux plâtres, dorures et revêtements des jubés, le tout complété avec une peinture intégrale. Plusieurs œuvres d’art ont aussi été raccrochées aux murs du chœur des religieuses. En marge, la programmation culturelle annuelle du monastère a été dévoilée, comprenant conférences, concerts, parcours guidés et expériences sonores immersives.
Consultez le site du Pôle culturel de la chapelle des Ursulines