Le soleil se lève tard dans la vallée des Glaces, encaissée entre des parois parmi les plus hautes à l’est des Rocheuses, au cœur du parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie. Mais à 10 h, quand ses rayons atteignent enfin la surface gelée de la rivière, c’est comme si tout le décor s’allumait. Une formidable invitation à profiter des joies de l’hiver.

La « navette des glaces » quitte le centre de services Le Draveur à 9 h 30. Il n’y a que trois passagers à bord en ce lundi matin de février. À mesure que le véhicule à chenilles s’avance, mollement, vers le refuge de l’Équerre, là où la rivière Malbaie fait un virage à 90 degrés, la lumière glisse sur la neige et les sommets de la rive ouest, révélant un paysage de montagnes escarpées comme on en voit peu de ce côté-ci du continent.

Après une quarantaine de minutes, tout le monde descend. Les passagers récupèrent leurs skis de fond pour explorer les environs… après avoir profité quelques minutes de la chaleur enveloppante du grand poêle à bois du refuge tout neuf construit au bout de la bien nommée vallée des Glaces.

  • La chute du ruisseau Blanc, à un kilomètre du refuge de l’Équerre, vaut le détour.

    PHOTO SIMON CHABOT, LA PRESSE

    La chute du ruisseau Blanc, à un kilomètre du refuge de l’Équerre, vaut le détour.

  • Tout en haut de la montagne, la Pomme d’or, une voie d’escalade de glace légendaire… et périlleuse

    PHOTO SIMON CHABOT, LA PRESSE

    Tout en haut de la montagne, la Pomme d’or, une voie d’escalade de glace légendaire… et périlleuse

  • Fin de parcours au pied de l’Acropole des Draveurs, à deux pas du centre de services

    PHOTO SIMON CHABOT, LA PRESSE

    Fin de parcours au pied de l’Acropole des Draveurs, à deux pas du centre de services

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Le parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie, ouvert pendant la saison froide depuis 2019 seulement, compte une cinquantaine de kilomètres de sentiers balisés. Du refuge de l’Équerre, monter jusqu’à la chute du ruisseau Blanc représente une promenade d’à peine un kilomètre. Mais elle s’avère plus difficile que prévu en ski de fond. Le trajet est pentu, sinueux, étroit.

Heureusement, des raquetteurs ont déjà tapé le sentier. Une fois les skis et les bâtons plantés dans la neige, c’est donc à pied que se poursuit le court parcours jusqu’à la chute complètement gelée. En s’approchant à quelques mètres des gigantesques glaçons, on peut entendre l’eau qui coule derrière le mur blanc. Et en se retournant, la vue donne le goût de se poser longuement, en plein soleil et en silence.

Moins tapé et partiellement recouvert de neige, le sentier William-Hume-Blake, qui mène au Point de vue de l’écrivain, s’avère impraticable en bottines de ski de fond. Tant pis. En bas, la vallée inondée de soleil nous attend.

Une piste d’un peu plus de 7 km, en plein sur la surface durcie de la rivière Malbaie, est ouverte aux raquetteurs, aux skieurs, aux promeneurs (avec crampons) et aux cyclistes (avec pneus surdimensionnés) jusqu’à la fin de mars.

Avec le soleil en face et le vent dans le dos, le temps est idéal. Les conditions de glisse, un peu moins. On se demande un instant si nous n’aurions pas mieux fait de louer un vélo…

Déjà, la piste n’est pas tracée, ce qui ralentit notre progression en ski. Par bouts, la neige a aussi été balayée par les rafales, et la surface est glacée. Mais il fait si beau… Nous en profitons donc pour laisser notre regard se perdre dans les falaises qui donnent parfois l’impression de se jeter directement dans le cours d’eau. Ici, un ruisseau se faufile entre deux montagnes. Là, une paroi de glace, baptisée la Pomme d’or, scintille et semble lancer un défi aux meilleurs grimpeurs…

À mi-chemin, à la pointe des inukshuks, le personnel du parc a chauffé à blanc le poêle d’une cabane où s’arrêter pour croquer dans une barre tendre. Un peu passé midi, après avoir croisé à peine une poignée d’autres visiteurs et une jolie patinoire dégagée sur la rivière, nous voilà de retour au centre de services, qui paraît minuscule au pied de l’Acropole des Draveurs, haute de 1048 m. On ne peut pas y grimper l’hiver, le sentier est trop dangereux. Pas grave, ce sera une excellente raison de revenir dans ce coin de Charlevoix l’été.

Où dormir ?

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Un chalet Écho dans le parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie

Le parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie se trouve en pleine nature à un peu plus de 400 km de Montréal, 160 km de Québec et 40 km de La Malbaie. Mieux vaut donc planifier son séjour. On trouve sur place 10 chalets Écho avec vue sur les montagnes, tout équipés et très confortables pour quatre personnes… et qui affichent souvent complet. Or, au moment d’écrire ces lignes, il restait des disponibilités pour la fin de l’hiver (fin mars, début avril). Prévoir au moins 157 $ la nuit (accès au parc et taxes en sus). Jusqu’à la fin de mars, le refuge de l’Équerre, accessible en navette, raquettes, ski ou vélo, mais pas en voiture, propose quatre chambres de deux lits (à partir de 42,50 $ par personne). Il faut réserver sa place par téléphone. Il est aussi possible de faire du camping hivernal (25,75 $ par site).

Consultez la page du parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie