(Saint-Philémon) Le secret le mieux gardé. C’est ce que l’on peut lire dans le guide des pistes de la Station touristique du Massif du Sud. En effet, on confond souvent l’endroit avec l’autre massif, celui-là de Charlevoix. Pourtant, la perle des Appalaches n’a absolument rien à envier à son cousin d’outre-fleuve. Découverte.
Parc régional du Massif du Sud
Le parc régional du Massif du Sud englobe l’essentiel du massif montagneux, une étendue vaste et sauvage de 120 km2 qui se déploie autour de ses deux principaux pics, le mont Saint-Magloire et le mont du Midi, culminant respectivement à 915 m et 917 m. C’est sur le flanc de ce dernier sommet que sont tracées les pistes de la station de ski alpin. Mais avant d’y arriver, nous avons d’abord choisi de nous arrêter la veille au pavillon d’accueil du parc, là où nous attendait notre guide Michel Larrivée. C’est avec lui que nous avions planifié de vivre notre toute première randonnée de ski de haute route à vie, direction l’Enclave, l’un des deux secteurs du parc régional actuellement réservés à ce sport en croissance constante.
« C’est sûr qu’à la base, il faut garder en tête que c’est un sport physique. Il faut donc avoir la forme pour bénéficier de nos descentes et avoir du plaisir toute la journée », nous avertit Michel Larrivée, un ancien banquier qui a laissé derrière lui le béton des villes pour aller se ressourcer en pleine nature.
Un tantinet inquiet par rapport à nos propres capacités cardiovasculaires, nous constatons que l’ascension du sentier de 4,3 km s’avère finalement relativement accessible pour les grimpeurs novices. Toutefois, des bottes mal ajustées vont rapidement nous faire comprendre à quel point il est important de partir avec les outils adéquats. « Plus on a les bons équipements, plus c’est agréable, nous confirme notre guide. On parle notamment de s’habiller en couches multiples, parce que si on fait trop d’efforts à l’ascension, on risque d’avoir rapidement trop chaud. On a aussi vu par la suite que la descente est quand même assez longue, et quand on descend et qu’il fait -10 °C ou -15 °C, on peut avoir vraiment froid. »
C’est ainsi qu’il faut s’assurer de partir avec un petit sac à dos dans lequel on rangera des vêtements de rechange, des collations et au moins un litre d’eau. Armé de cettre façon, on peut profiter à plein du décor enchanteur que nous offrent les sentiers d’ascension, qui bordent la réserve écologique Claude-Melançon – le parc compte sur une exceptionnelle biodiversité, notamment avec sa vieille forêt de bouleaux jaunes dont certains spécimens ont plus de 300 ans.
Quant à la descente dans l’Enclave, il s’agit d’un vaste espace forestier bien dégagé, avec une pente légère qui varie de 15 à 20 % sur quelque 150 m de dénivelé. Avec deux lieux de départ et près de 200 m de largeur, les choix de couloirs sont multiples, ce qui est rassurant pour les skieurs débutants. Le site de la Forêt ancienne est plus abrupt et plus sauvage, nous pourrons l’essayer la prochaine fois. Peut-être aurons-nous aussi l’occasion d’aller voir les secteurs de l’Érablière, actuellement en développement.
On compte sur un territoire naturel où il y a de belles accumulations de neige poudreuse, une belle vue et un dénivelé intéressant.
David Letky, stratège en communication marketing au parc régional du Massif du Sud
« On s’est donc associés en 2016 à la Fédération québécoise de montagne et d’escalade, qui souhaitait développer ce sport. On a ouvert nos secteurs de ski de montagne en 2018, on est donc à notre cinquième hiver », ajoute-t-il.
Selon Michel Larrivée, le ski de montagne a tout pour plaire, et on comprend son enthousiasme. « Les gens combinent le souhait de garder la forme avec la pratique d’un sport technique comme la descente, affirme l’énergique quinquagénaire. En station de ski, on fait de la descente, ça peut être très intense, mais on voit qu’ici, il y a vraiment un effort additionnel à faire pour aller chercher notre neige, aller trouver l’endroit où on veut vraiment skier. En fait, chaque virage que l’on fait, c’est le nôtre ! »
Consultez le site du parc régional du Massif du SudStation touristique du Massif du Sud
Nous étions prêts au petit matin à prendre d’assaut les pistes du Massif du Sud, sur le flanc nord du mont du Midi, aperçues la veille lors de notre ascension vers l’Enclave. Malheureusement, les violentes bourrasques ont forcé la fermeture de la station. Qu’à cela ne tienne, c’est en motoneige que nous avons grimpé au sommet de la plus haute montagne de ski dans l’est du pays !
« C’est sûr que moi, je suis une grande passionnée du Massif du Sud », nous dit Amélie Dumas-Aubé, de Tourisme Chaudière-Appalaches, qui skie ici depuis sa tendre enfance. « Je commence généralement par une piste damée, après quoi je me garroche dans les sous-bois ! »
Les sous-bois du Massif du Sud font en effet la renommée de la station des Appalaches. Pas moins de 18 des 35 pistes du domaine skiable de 365 hectares sont aménagées dans des zones boisées. « Les sous-bois sont vraiment longs, bien souvent tu pars d’en haut de la montagne et ça se poursuit dans le bois jusqu’en bas », nous explique notre guide.
Toutefois, une malheureuse et exceptionnelle pluie dans les jours ayant précédé notre visite a coupé court à nos ambitions de nous attaquer aux plus beaux sous-bois de la station. Il nous a néanmoins été possible de pénétrer à l’intérieur de la Skinusite pour constater à quel point il est possible ici de se perdre en forêt.
« Ce qui caractérise la montagne, ce sont nos sous-bois et, on ne se le cachera pas, quand ils sont fermés, il n’y a pas foule », admet en souriant Luc Malavechko, directeur des communications du Massif du Sud, avant de nous expliquer de quelle façon on développe et on entretient de tels sous-bois. « Je te dirais que ça prend un bon mois et demi de travail, en octobre et novembre, affirme celui qui agit à l’occasion à titre de guide en montagne. On essaie d’y aller par section ; l’automne dernier, on a fait tout le haut, jusqu’au cap. Cette année, on va faire le bas. »
Parlons du cap, justement : il s’agit d’une bande de relief qui coupe toute la section est de la montagne. À cet endroit, les pentes plongent jusqu’à 60 degrés d’inclinaison ! C’est la section extrême, avec ses pistes vedettes que sont la Surprenante et la Cathédrale. Le secteur était fermé lors de notre passage, mais on se promet d’y retourner.
La montagne est accessible à tous, mais bien souvent, ce qu’on dit aux gens, c’est qu’une piste verte chez nous, ça peut être une piste bleue ailleurs. Ça fait que quand on a des doubles losanges ici, c’est parce que c’est vraiment extrême.
Luc Malavechko, directeur des communications du Massif du Sud
Pourtant, bon an, mal an, le Massif du Sud enregistre très peu de blessures dans les pentes, sa clientèle est bien avisée. « Nos skieurs savent que le Massif du Sud, c’est un petit peu plus tough, indique-t-il, sourire en coin. Aussi, il y a quasiment tout le temps un patrouilleur à l’entrée de la Familiale, car c’est à partir de là que l’on a accès au secteur extrême. Généralement, les clients sont quand même assez à l’aise pour y aller, mais selon leurs réponses, le patrouilleur peut les accompagner pour s’assurer que tout est correct. »
Quant aux conditions, la montagne reçoit en moyenne près de 600 cm de neige par année, on parle généralement de poudreuse, et pas question de damer le tout plus d’une fois par jour. « C’est la montagne de l’Ouest dans l’Est, assure Luc Malavechko. Ce slogan-là, il part du fait qu’on a la même qualité de neige que dans les Rocheuses, une poudreuse bien sèche, c’est vraiment de la ‟champagne powder”. »
Aussi, un peu comme dans l’Ouest, on ne calcule pas son plaisir en nombre de descentes. « Ici, c’est l’expérience qui prime, soutient M. Malavechko. Les sous-bois, ça prend 20 minutes à descendre, tu arrêtes à mi-chemin parce que tes genoux sont brûlés, tu jases avec ton chum et tu apprécies à quel point c’est beau. Et quand tu vas avoir fait 10 sous-bois, probablement que tu vas t’apercevoir qu’il est rendu 14 h et que tu es claqué... »
On vous a dit qu’on avait hâte d’y retourner ?
Consultez le site de la station de ski du Massif du SudÀ boire et à manger
Les choix d’hébergement et de restauration sont encore rares dans les secteurs de Saint-Philémon et Notre-Dame-Auxiliatrice-de-Buckland, mais il y a quelques belles options. Suggestions.
Pub de la Contrée
Situé en plein cœur du village de Buckland, il s’agit en fait du restaurant de la Microbrasserie de Bellechasse, une coopérative qui brasse ses propres bières, mais aussi torréfie son propre café. Le menu est simple et réconfortant : soupe à l’oignon gratinée, chili végé et petites pizzas sur pain naan, tous idéaux après une journée de ski. L’établissement, qui s’est donné la vocation d’ambassadeur de la région, fait par ailleurs la part belle aux nombreux producteurs locaux. Une boîte terroir mettant en vedette fromages, charcuteries et autres produits de la région est justement offerte sur demande, une bonne idée si on compte séjourner dans une maison ou un condo en location – Hébergements Massif du Sud offre justement une quinzaine de chalets en location au bas des pentes de ski.
Consultez le site de la Microbrasserie de BellechasseO’Ravito
Le charmant café O’Ravito, de Saint-Romuald, est tenu par Odette Boulay et sa fille, Anne-Rika Martin, gagnante de l’émission Les chefs ! en 2017. On y sert de délicieux déjeuners et dîners alors qu’une belle sélection de plats sont aussi offerts en prêt-à-manger – une autre belle option pour les skieurs qui comptent séjourner au Massif du Sud. De plus, le café est stratégiquement placé à côté de la boutique Service Vélo-Ski, où l’on peut justement faire la location d’équipement de ski de haute route. À ce sujet, la Station touristique du Massif du Sud fait aussi la location de bottes, de skis et de peaux d’ascension. Les tarifs aux deux endroits oscillent autour de 65 $ à 75 $ par jour, selon la saison.
Consultez le site d’O’Ravito