(Cambridge) Des ouvriers s’affairent sur le toit de la chapelle de King’s College, à Cambridge, l’une des plus anciennes et célèbres d’Angleterre : ils posent des panneaux solaires, au grand émoi de défenseurs du patrimoine.

La chapelle, construite par le roi Henry VI en 1441, est un joyau de l’architecture gothique, notamment célèbre pour ses vitraux du 16e siècle. Elle fait partie de King’s College, la plus prestigieuse des universités de Cambridge.  

Tous les ans pour Noël, la BBC retransmet un concert de la chorale de la chapelle. Sur place, le temps semble suspendu.

Mais l’an dernier, ont démarré des travaux pour restaurer le toit en plomb qui avait perdu son étanchéité. En février, l’installation de 438 panneaux photovoltaïques a été autorisée malgré des critiques selon lesquelles cela nuirait irrévocablement à « l’authenticité » et à « l’intégrité » du bâtiment.  

Selon l’université, le toit de la chapelle est le meilleur endroit sur son site pour produire de l’énergie renouvelable. Une fois installés, les panneaux solaires généreront 123 000 kilowattheures par an, soit 5,5 % de la demande en électricité de la faculté, fait-elle valoir.

« Quand on pense aux jeunes et à leur avenir, il faut prendre la crise climatique très au sérieux », explique à l’AFP Stephen Cherry, le doyen de la chapelle. « Pour moi, c’est une merveilleuse opportunité de marier ces deux choses - la tradition et l’avenir de l’être humain ».  

Pour Gillian Tett, doyenne du King’s College, la restauration constitue un moment historique pour la chapelle et le patrimoine architectural britannique.

« C’est seulement une étape sur le chemin vers une énergie plus propre, plus verte mais c’est un symbole de notre engagement à être de bons gestionnaires de notre environnement », plaide-t-elle.

Panneaux réfléchissants

En revanche, Historic England,  en charge de la protection du patrimoine anglais, s’est dit « déçu » par la décision d’installer des panneaux solaires sur le toit de la chapelle. « C’est l’un des monuments les plus exceptionnels d’Angleterre », a souligné cet organisme. Les panneaux vont « nuire à la beauté de la chapelle ».  

« Il y a de nombreux sites à Cambridge où de l’énergie renouvelable peut être produite sans causer de dommage au caractère historique exceptionnel de la ville », a estimé Historic England.  

Les panneaux, foncés, se confondent avec le reste du toit. Mais ils sont « très réfléchissants et ils vont introduire un élément très discordant », regrette John Neale, responsable du conseil en développement à Historic England.  

En février, le responsable de l’urbanisme du conseil municipal de Cambridge a recommandé à la ville de refuser le projet, estimant que les panneaux porteraient atteinte à « l’authenticité et à l’intégrité » de l’architecture de la chapelle.  

Mais la ville a finalement donné son accord le 7 février. La mise en place des panneaux solaires devrait être achevée d’ici à la fin du mois de décembre.