(Paris) « Je ne peux plus m’arrêter de pleurer quand j’entends une voix comme la sienne », lance Nicki Dorman, retraitée sud-africaine de 70 ans, en écoutant Veronica Antonelli dans les rues du quartier parisien de Montmartre, qu’elle fait visiter en chansons.

Devant la bouche de métro des Abbesses, la chanteuse lyrique de 49 ans, qui a créé le concept « Montmartre (en)chanté » il y a 10 ans, attend la dizaine de personnes inscrites pour la visite. Elle est vêtue d’une grande cape rouge, qu’elle déploie comme des ailes en chantant durant l’excursion.

Parmi le groupe, Nicki Dorman et son mari Keith on encore Olga Shangina, photographe de 36 ans qui vient de Moscou. « Je m’adapte et fais donc la visite aussi en anglais », dit Veronica Antonelli à l’AFP.

Le parcours commence et le groupe est guidé par les ailes rouge vif de la soprano jusqu’à la crypte du Martyrium de Saint-Denis.  

« Voici un endroit important. C’est ici que les sept compagnons ont fait “Le Vœu de Montmartre” et ont fondé l’ordre des Jésuites », explique la guide avant d’entonner Ave Maria entre les murs de la bâtisse.  

Devant la première interprétation de l’après-midi, Nicki Dorman est conquise : « Vous avez une voix magnifique ! », lâche-t-elle, les yeux humides.

Une rue plus loin, dans l’Église Saint-Jean de Montmartre, Veronica surprend les touristes qui visitent le lieu.  

Sa voix puissante retentit entre les murs. Ceux qui l’aperçoivent et l’entendent sont emballés.  Certains pleurent, d’autres sourient. Tous s’arrêtent pour l’écouter.  

« Vous avez une voix magnifique », « Merci pour ce que vous faites », peut-on entendre au passage de la chanteuse.  

Nicki Dorman, elle, ne retient plus ses larmes. « C’est magnifique ! », dit-elle encore en essuyant ses yeux.

De Dalida à Puccini

Durant une heure trente, la visite dans les ruelles montmartroises est aussi rythmée par Dalida, rue d’Orchampt, là où vivait la diva italienne.  

O mio babbino caro, un célèbre air d’opéra de Puccini, est chanté place Marcel-Aymé et Le temps des cerises égaye l’arrivée devant le Sacré-Cœur.  

Il aura fallu du temps pour que Veronica Antonelli trouve sa voix.

Formée au conservatoire de Toulouse, elle croise Claude Nougaro en 1996 … à Montmartre. « Il m’a dit de chanter sans accompagnement. […] Mais un chanteur lyrique ne chante jamais a capella », raconte-t-elle.  

Des années plus tard, en Sicile, l’artiste chante de nouveau sans instrument, cette fois dans une cathédrale.

Quelques années ensuite, c’est en Arizona que sa passion se confirme : « Je me suis rendu compte que ma voix était transformée par les roches », se souvient la chanteuse.  

Depuis, l’artiste cherche « à valoriser le patrimoine, au moyen » de sa voix a cappella, tout en essayant « de transmettre des émotions ».  

Le groupe est conquis. « Je connais bien Montmartre et là j’ai découvert plein de petits endroits que je ne connaissais pas. […] Il y a un côté original, un peu baroque », conclut Annick Astro, 64 ans.