Près d'un an après l'accident du Concordia, les croisières attirent toujours plus de touristes et le secteur connaît une croissance fulgurante, notamment en Europe et en France, où une commande historique pour un paquebot géant vient d'être passée aux chantiers STX.

«La croisière en général se porte très bien, c'est le seul secteur dans le tourisme qui depuis quelques années ne connaît qu'une progression à 2 chiffres», indique Erminio Eschena, directeur général de MSC Croisières France.

Selon les données du Conseil européen de la croisière (ECC), entre 2001 et 2011, le nombre de croisiéristes dans le monde a plus que doublé, passant de 9,91 millions de passagers à 20,6 millions, et 2012 «s'annonce comme un très bon cru», selon M. Eschena.

Si les croisiéristes sont largement originaires d'Amérique du Nord (à 69%), le nombre de passagers européens progresse plus vite et s'est établi à 6,2 millions de passagers pour 2011.

«Parmi les grands marchés européens, la France commence véritablement à inscrire la croisière parmi les modes préférés des vacanciers», juge M. Eschena. Le nombre de passagers y a crû de 14% en 2011, contre 9% en moyenne en Europe.

L'accident du Concordia (Costa Croisières), qui avait fait 32 morts mi-janvier au large de l'Italie, n'a donc pas entamé l'enthousiasme des touristes, estiment les professionnels.

«En France, nous avons terminé l'année 2012 en progression par rapport à 2011 en volume de clients», indique Georges Azouze, patron de Costa Croisières France.

Pour M. Azouze, «le fossé entre la croisière et les offres touristiques à terre s'est comblé depuis des années en termes de prix, ce qui a contribué à faire émerger une clientèle de nouveaux croisiéristes (environ 70 à 80% des clients)».

«Produit qui a su renouveler»

Les croisières présentent un «rapport qualité-prix sans équivalence sur le marché touristique», avec «une offre tellement conséquente en termes de divertissement, d'animations, d'activités, qu'elles ont su s'imposer parmi un public qui était plus friand auparavant de la formule village vacances», estime le patron de MSC.

C'est «un produit qui a su se renouveler, par la volonté des armateurs et avec la complicité des constructeurs», poursuit M. Eschena.

Pour satisfaire la demande et attirer de nouveaux clients, les compagnies investissent dans des paquebots géants, à l'image de celui qui vient d'être commandé par l'Américain Royal Caribbean International (RCI), numéro deux mondial de la croisière, aux chantiers STX de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique).

«Les quatre derniers bateaux commandés par MSC à STX France étaient les plus grands jamais commandés en France par un armateur européen», souligne le patron de MSC Croisières France, qui a investi 6,5 milliards d'euros depuis 2002 dans de nouveaux paquebots.

Le prochain bateau de Costa, qui a investi «plusieurs milliards d'euros» pour ses derniers navires, aura une capacité avoisinant les 5.000 clients, selon M. Azouze.

Le secteur de la croisière a généré près de 100 milliards de dollars (près de 76 milliards d'euros) de retombées économiques dans le monde, dont 15 milliards d'euros en Europe en 2011, selon l'ECC, une somme qui comprend notamment les investissements des industriels dans la construction et la maintenance de bateaux.

Les chantiers navals en Europe ont actuellement 22 paquebots dans leurs carnets de commandes pour un montant estimé à 11,2 milliards d'euros, sans compter la commande de RCI.

«L'excellente réputation des chantiers navals européens a conduit les compagnies de croisière américaine à poursuivre leurs commandes en Europe malgré la faiblesse du dollar face à l'euro», note le Conseil européen de la croisière.