Mets typiquement québécois, la poutine? Fierté canadienne, nuance Jenelle Chen, coorganisatrice du premier Festival de poutine de Toronto, qui aura lieu à la microbrasserie Beer Academy jeudi prochain, le 22 août. À cette occasion, cinq restaurants soumettront au vote du public leur version de la célèbre mixture honnie des diététistes.

C'est en recensant les nombreuses manifestations culinaires dans la métropole - semaine du burger, nuit de la pizza, festivals des mets épicés, de la cuisine grecque, végétarienne, asiatique, etc. - que la jeune entreprise Joylister, spécialisée en organisation d'évènements, s'est rendu compte de l'affront. Rien, mais absolument rien pour célébrer la poutine. «C'est vraiment gênant, et ce n'est pas normal que nous soyons les premiers à y avoir pensé», dit la jeune gestionnaire Jenelle Chen, attablée dans un petit café du quartier universitaire du centre-ville de Toronto. Preuve qu'un hommage au gras mélange était de mise: les 400 billets vendus en ligne (35$ chacun) ont trouvé preneur en moins d'une minute. Et, selon Mme Chen, au moins 4000 gourmands se sont ensuite manifestés pour obtenir des billets, en vain, «faute d'espace».

Cette première présentation s'avérera somme toute modeste. De 17h à 22h, les festivaliers pourront piger à volonté dans les propositions - chacune mariée à une bière pour l'occasion - des cinq compétiteurs. Au terme de la soirée, la Ville reine couronnera, pour la première fois, sa poutine favorite.

Poutine en essor

Jadis confinée au rang de curiosité culinaire en terres ontariennes, la poutine fait désormais partie de la routine des Torontois. Les casse-croûte la proposent inévitablement, tandis que des restaurants populaires comme Poutini's ou Smoke's Poutinerie en font leur unique commerce.

«On observe un réel engouement pour la poutine depuis trois ou quatre ans, note Jenelle Chen. Où que tu sois à Toronto, il suffit de marcher 10 minutes au maximum pour en trouver.»

Plus récemment, la poutine a même fait tache d'huile dans les quartiers ethniques. «C'est vraiment un mets qui sert la diversité culturelle de Toronto», observe Mme Chen. Des indonésiennes fortement épicées, des indiennes au curry ou des françaises au canard confit, la poutine rayonne puisqu'elle est ''rassembleuse" et "adaptable", croit-elle. Elle serait même devenue un porte-étendard de l'«authenticité canadienne» à l'extérieur des frontières, renchérit-elle. «C'est un mets confortable, qui nous définit et qui nous fait sentir à la maison.»

À la lumière du succès annoncé pour ce premier festival, la présentation 2014 fait déjà rêver Jenelle Chen. Plus d'espace, plus de festivaliers, plus de poutines en compétition, des spectacles... «Et reproduire l'évènement dans d'autres villes canadiennes, pourquoi pas?»

Mets typiquement québécois, la poutine? Chose certaine, Toronto connaît la recette.

En compétition

> Canard confit et provolone fumé (Coquine Bistro)

> Porc braisé (Lou Dawgs)

> Poulet, curry et crème épaisse (Great Burger Kitchen)

> La traditionnelle (Poutini's)

> Une surprise (The Fiesty Jack Mobile Food Company)