Certes, il y a les plages de sable fin, le turquoise de la mer et les cocotiers. Mais si on cherche le cœur de la Barbade, il y a fort à parier qu’il aura un petit goût de rhum.
L’ancienne colonie britannique est l’île mère du rhum. C’est ici que, pour la première fois, la mélasse tirée de la canne à sucre, la levure et l’eau ont été mélangées pour en tirer une divine boisson ambrée.
C’est d’ailleurs à la Barbade que se dresse la plus vieille distillerie de rhum toujours en fonction sur la planète, Mount Gay.
Encore aujourd’hui, la vie de la Barbade est ponctuée de petits et de grands éloges au rhum. Il suffit pour cela de se poser dans un des rhum shops de l’île. Un décompte non officiel dit qu’on en trouve plus de 1500 pour une population de quelque 296 000 habitants. C’est là qu’à toute heure du jour (ou presque), les hommes se rassemblent (le masculin s’impose ici) pour discuter autour d’une bouteille achetée sur place. La politique, l’économie locale, le criquet (qui fait office de sport national) ou les femmes : tous les sujets sont bons, pourvu qu’il y ait du rhum pour huiler les conversations.
D’ailleurs, « le rhum n’est pas une boisson, c’est une expérience » se plaisent à répéter plusieurs de ces buveurs.
On ne se surprendra pas d’en trouver un particulièrement animé au bout de la petite rue Westbury, rebaptisée Rihanna Drive en l’honneur de la chanteuse pop originaire de l’île. C’est dans une coquette petite maison verte en banlieue ouest de Bridgetown que l’interprète de Diamonds a grandi. Elle a fait voler son cerf-volant dans le cimetière juste à côté. Et elle a rejoint en 2017 le panthéon des 11 héros de la nation barbadienne, à côté notamment du père de l’indépendance (survenue en 1966), Errol Walton Barrow !
Aujourd’hui, la maison verte est un lieu de pèlerinage pour les admirateurs de Rihanna. Lors de ses rares passages dans l’île, la vedette loge désormais dans la maison qu’elle a fait construire pour sa mère au cœur du pays.
Mais au bout de Rihanna Drive, les buveurs continuent à s’inventer, entre deux gorgées, des liens de parenté avec la vedette du pays. Ou ils ressassent des histoires de bateaux délibérément coulés par leurs équipages, les marins étant tombés en amour avec les femmes de la Barbade… et son rhum, évidemment.
Pour laisser tomber les légendes imbibées et s’approcher davantage de la vérité, il faut mettre le cap sur l’une des quatre distilleries de rhum de l’île. Mount Gay est la plus connue sans doute. La visite est fort instructive, mais ses installations industrielles manquent de charme.
Nous avons préféré de loin celle, plus artisanale, de St. Nicholas Abbey. Dans cette plantation de canne à sucre datant de 1658 se dressent de splendides bâtiments, dont un manoir de style jacobin très bien conservé. Une rareté.
Il est possible de visiter le manoir, notamment pour y découvrir que l’un des aïeuls de l’acteur Benedict Cumberbatch, Abraham Cumberbatch, avait des liens serrés avec la propriété. Son austère portrait pendu dans le salon en témoigne.
La famille Cumberbatch a été très active dans la traite d’esclaves en Barbade au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, au point où certains ont demandé, en janvier 2023, que l’interprète de Sherlock paie de sa poche pour réparer les erreurs de ses prédécesseurs. L’affaire est morte de sa belle mort depuis.
Dans cette distillerie-musée, on peut surtout voir s’activer les ouvriers qui chargent la canne à sucre dans un pressoir activé par la vapeur pour en extraire le précieux jus ou qui en retirent les résidus avec un râteau de bois. Ici, même les étiquettes sont posées à la main. Et la dégustation de rhum qui clôt la visite ne déçoit pas !
L’île aux doux reliefs
Contrairement à ses voisines des Caraïbes, l’île de la Barbade ne compte aucun volcan. Aucune montagne d’importance ne vient de plus rompre le doux relief du paysage et aucune chute d’eau n’attire les touristes désireux de faire trempette dans l’eau douce.
Comment expliquer alors que la Barbade soit l’une des îles les plus touristiques de la région ? Les plages de sable fin, qui prennent une teinte rosée sous le soleil couchant, y sont pour beaucoup. Toutes sont publiques.
Le concept de plage privée n’existe pas ici, et les touristes des grands hôtels partagent leur carré de sable avec des familles de l’endroit ou des visiteurs qui font leur jogging en faisant fi des frontières.
Sur la côte Ouest, qui baigne dans la mer des Caraïbes, l’eau est calme et vient lécher doucement les plages de sable. Sur la côte Est toutefois, l’océan Atlantique vient se fracasser avec fureur sur les nombreux récifs. Les baigneurs cèdent ici la place aux surfeurs. Le paysage, plus dramatique, fait aussi la joie des photographes.
Au cœur de l’île, les champs de canne à sucre se balancent au vent, attendant la prochaine récolte. Plusieurs jardins privés ont aussi fleuri au fil des années, attirant les visiteurs avec leurs hibiscus, leurs broméliacées ou leurs bégonias.
Dans le parc privé de Coco Hill Forest, les employés s’affairent à redonner ses droits à la nature, mise à mal notamment par les singes apportés d’Afrique par bateau, il y a de cela plusieurs siècles. La forêt bénéficie de 3,5 km de sentiers de randonnée où on peut observer fougères, palmiers, plantes médicinales ou arbres fruitiers.
Une véritable oasis de verdure, parfaite pour prendre un bain forestier, histoire de se nettoyer la tête avant le prochain verre de rhum.
Les frais de voyage de ce reportage ont été payés par The Barbados Tourism Marketing Inc., qui n’a exercé aucun droit de regard sur cet article.
Consultez le site de Visit Barbados (en anglais)Où dormir ?
La chaîne Fairmont possède une luxueuse propriété sur la côte ouest de l’île, dans la paroisse de St. James. L’hôtel baptisé Royal Pavilion dispose de 72 chambres, toutes avec une vue spectaculaire sur la mer. Les repas sont servis dans une formule à la carte.
Consultez le site du Fairmont Royal Pavilion