Très prisée des visiteurs américains et britanniques, juste au sud de la Martinique, l’île de Sainte-Lucie offre une nature foisonnante qui se décline en périples étonnants et en aventures gastronomiques. Que l’on gravisse l’un de ses pitons rocheux, se rassasie de fruits de mer ou se prélasse sur une de ses plages, il y aura toujours quelque chose qui nous attend au tournant.
Peser sur le piton
Aujourd’hui anglophone, Sainte-Lucie a préservé des traces de son passé francophone dans sa toponymie et son créole. Le duo de pics émergeant dans le sud de l’île, à proximité de la ville de Soufrière, en est un exemple probant : Gros Piton et Petit Piton. Si l’ascension du petit frère est complexe, le plus imposant des deux reste accessible, avec l’escorte obligatoire d’un guide (75 $ environ). Il s’agira de Barney, un résidant également chanteur de reggae et fier rastafari. La montée, plutôt douce au départ, se corse rapidement au fil d’un sentier très accidenté et d’une forêt tropicale luxuriante. L’occasion pour notre guide d’exposer à quel point les pitons sont cruciaux dans la culture de l’île. « Il en émane une énergie incroyable, particulièrement entre les deux pics, où se trouve la plage de Sugar Beach », explique-t-il, entre deux chants en créole entonnés pendant l’ascension.
Du sommet, les points de vue sont saisissants sur monts et vallées verdoyants, tandis que Barney attire des oiseaux sur ses bras. La randonnée, qui dure de trois à quatre heures, est relativement exigeante sans être insurmontable. Pour les grands sportifs, un défi de taille sera bientôt inauguré : « Nous allons proposer un circuit Trois couronnes qui consistera à gravir Gros Piton, Petit Piton et le mont Gimie, point culminant de l’île », expose Rondel Charlery, porte-parole de l’office de tourisme national.
La flore en fête
Une ascension essoufflante n’est pas forcément au goût de tous, mais il existe des façons plus posées de s’immerger dans la luxuriante végétation de l’île et de récolter de splendides coups d’œil. L’une d’elles est le sentier de Tet Paul, une promenade d’environ une heure au gré des spécificités botaniques locales, décortiquées par un guide accompagnateur connaissant parfaitement son sujet (15 $). Mahalia nous présente ainsi une foule de plantes, comme la « belle croton », surnommée « abreuvoir pour oiseaux », ces derniers récupérant l’eau accumulée dans les feuilles, ou l’arbre Moringa, aussi appelé « arbre de vie » en raison de sa résistance. La guide nous apprend aussi qu’un ananas peut mettre jusqu’à un an avant de mûrir ! Après une volée d’escaliers, une butte offre une vue imprenable sur les pitons jumeaux. En fin de parcours, on peut également découvrir une habitation d’antan reconstituée.
Une seconde option botanique intéressante, les jardins de Diamond Falls, est un concentré de nature sur six acres, dont l’histoire remonte à 1713. D’abord complexe de bains naturels, le site a été aménagé en un fascinant labyrinthe végétal où plantes exotiques, oiseaux et insectes forment un véritable havre de paix et un paradis pour les photographes.
Au-delà de l’eau
Pas question de débarquer à Sainte-Lucie sans se jeter à l’eau. On y trouve bien entendu de très belles plages, comme Sugar Beach, l’anse Manin ou la petite Malgretoute, dont certaines offrent des options de plongée en apnée intéressantes. Beaucoup d’hôtels côtiers donnent aussi accès à des portions de sable.
Mais il existe également des façons plus originales de se jeter à l’eau au cœur de l’île. L’une d’elles est de se rendre à Sulphur Springs, zone géothermique où le pouls volcanique bat à ras de terre. On s’approche d’abord de solfatares à ciel ouvert et de bouillonnements de boue brûlante, avant de se diriger vers les bassins d’eau chaude naturelle (la température atteint plus de 40 degrés) pour une baignade relaxante, ponctuée de badigeonnage de boue volcanique. Adultes et enfants s’y prélassent avec bonheur, dans l’opacité noirâtre des eaux. Très prisé, l’endroit est pris d’assaut par des vagues de visiteurs, et attendre une accalmie permettra de profiter pleinement de la baignade.
Après le chaud, le froid. Direction la cascade de Toraille, très belle chute d’eau de 15 mètres nichée dans une crique aménagée. On peut se rafraîchir dans le bassin en contrebas et, pour les plus braves, se placer sous la cascade – massage des épaules en prime. La température peut être légèrement frissonnante, mais le cadre édénique fait oublier la chair de poule.
L’impossibilité d’une île
Croisement entre nature et culture, situé à la pointe septentrionale de l’île, le parc national de Pigeon Island n’est plus si bien nommé. « Autrefois, c’était une île, mais elle a été rattachée au territoire principal avec la construction d’une route dans les années 1970 », nous apprend Rondel Charlery. On y trouve les vestiges d’installations militaires du XVIIIe siècle, comme des casernes, des canons, ou encore le Fort Rodney. En effet, l’emplacement était stratégique dans le cadre de la rivalité franco-britannique, particulièrement parce qu’il permettait de surveiller l’horizon donnant sur la Martinique. Les Saint-Luciens ne manqueront pas de vous préciser que leur île est passée des mains des Français à celles des Anglais, et vice-versa, des dizaines de fois.
Armé d’une brochure explicative, on papillonne d’une ruine à l’autre, où les pierres révèlent le passé chargé des lieux. Le site a été aménagé de façon à pouvoir suivre des sentiers de courte randonnée, dont certains se rendent au sommet du massif, où se trouve Fort Rodney. De là, une belle vue récompense celui qui a bien voulu se frotter à la raideur des pentes, avec un joli coup d’œil sur la jonction entre la mer des Caraïbes et l’océan Atlantique. On aperçoit également de longues plages en contrebas, que l’on se hâte de rejoindre (le site dispose même de sa propre plage réservée).
Tropicalité aérienne
Toujours dans le nord de Sainte-Lucie, une autre façon de découvrir la forêt tropicale consiste à embarquer dans une des nacelles du téléphérique exploité par Rainforest Adventures. À vitesse réduite, on s’enfonce d’abord dans la végétation de la réserve de Castries, puis on prend de la hauteur pour admirer l’étendue du poumon vert. On a beau plisser les yeux, hormis quelques oiseaux, ça ne bouge pas beaucoup là-dedans. « Ne vous attendez pas à voir plein d’animaux, prévient notre guide Jean-Claude, mais il y a une foule de plantes et d’arbres à découvrir. » En effet, le jeune homme est intarissable sur la flore locale, qu’il connaît comme sa poche, pointant par exemple un figuier étrangleur en train d’envahir sa proie. De retour sur terre, une balade guidée sur sentier est proposée, une vraie mine de curiosités végétales. Jean-Claude nous donne le tournis avec les noms, mais on retiendra celui du fruit surnommé « Ne me touche pas », provoquant des éruptions cutanées. Enfin, un réseau de tyroliennes a été installé sur place pour les amateurs de descente à plus haute vitesse.
Les frais de ce voyage ont été payés par l’Office du tourisme de Sainte-Lucie, qui n’a eu aucun droit de regard sur le contenu du reportage.
Consultez le site touristique officiel de Sainte-LucieUn déluge gastronomique
Une végétation si luxuriante se traduit logiquement dans l’assiette. Sainte-Lucie offre une véritable palette gastronomique, aux accents caribéens, à grand renfort de poissons, épices, chocolat et boissons locales.
Villas de rêve
Inutile de jouer les autruches : Sainte-Lucie n’est pas une destination pour toutes les bourses. Il est quand même possible de trouver à se loger à moindres frais en fouillant sur Airbnb, mais l’île est surtout connue pour son offre de complexes hôteliers aux services impeccables et aux cadres paradisiaques. Pour quiconque souhaite s’offrir des vacances de rêve, citons le Stonefield Villa Resort, avec sa palette de maisonnettes idylliques, piscines privée et vue sur les pitons en prime, assorti d’un excellent restaurant, le Mango Tree, où bon nombre d’ingrédients bios sont cultivés à même la propriété.
Au nord, Calabash Cove Resort n’est pas en reste avec chambres, suites et villas dotées de porches ou de balcons avec vue sur la mer des Caraïbes. Là aussi, le restaurant Windsong s’avère d’excellente qualité, avec sa terrasse panoramique époustouflante. Le rêve a un prix : dans ces établissements, le tarif par nuit démarre à 500 $.
Consultez le site du Stonefield Villa Resort (en anglais) Consultez le site du Calabash Cove Resort (en anglais)