« Le 18 juillet 1971, je suis montée à bord de mon premier avion et je n’ai jamais arrêté. »
De sa maison de Petawawa, en Ontario, Francine Lévesque nous raconte comment elle a fait du voyage son objectif de vie. « Dès que j’avais une invitation, dès que j’avais une occasion, je partais », dit-elle avec aplomb.
Insatiable…
Et s’il y a un message qu’elle souhaite transmettre, c’est bien celui-ci : ne jamais refuser une occasion de visiter un pays.
À ce jour, elle se souvient encore du souffle chaud de l’air en sortant de ce premier avion à son arrivée à Miami, il y a plus de 50 ans. « C’était très exotique à ce moment-là ! Je n’ai jamais perdu ce feeling. »
À bientôt 73 ans, elle a toujours un pays devant elle à découvrir. D’ailleurs, au moment où on lui a parlé, elle préparait ses valises pour la Croatie. Avec la même énergie qu’un enfant à la veille de Noël. « Rêver, se lever et partir. Un jour, j’ai lu ça et je me suis dit : tiens, ça va être mon leitmotiv. »
En 1989, bien avant que ça ne soit en vogue par le truchement de l’internet, elle faisait déjà des échanges de maison avec sa famille. « Je recevais le catalogue de HomeLink Home Exchange. Ils avaient un bureau à Vancouver — le seul au Canada. Le catalogue devait bien avoir presque deux pouces de haut ! Et c’était mon livre de chevet ; on choisissait le pays ou la maison qui nous intéressait — il y avait une seule photo ! —, les dates, et à partir de ça, on écrivait des lettres et on recevait des réponses. Je voyageais tous les soirs », se souvient-elle avec amusement.
D’un rêve à l’autre
Depuis son premier voyage, Francine Lévesque a toujours consigné ses récits dans des carnets de notes. Si bien qu’elle s’est retrouvée devant une grosse boîte. « Un vrai chaos. » C’est à ce moment-là qu’elle a commencé à écrire quelques histoires sur ses voyages et les personnes qu’elle a rencontrées partout dans le monde.
Puis, quand la pandémie a frappé, elle s’est retrouvée avec beaucoup de temps libre. Sitôt vaccinée, elle s’est envolée pour l’île de Grenade, où elle a passé trois mois à écrire le reste de ses histoires, qui ont finalement été publiées l’hiver dernier dans son livre L’envers du voyage — 50 récits d’aventures autour du monde.
Quand j’ai commencé à écrire, je me suis rabattue sur ce qui pourrait intéresser mes enfants parce que je ne leur ai pas toujours tout raconté — pour pas les effrayer et pour qu’ils ne me disent pas : « Maman, c’est trop dangereux, je ne veux pas que tu y ailles. »
Francine Lévesque
La seule fois où elle a renoncé à partir, c’était au début des années 1980 ; ses filles étaient encore petites et elle devait s’envoler pour l’Égypte, juste après un attentat ayant visé deux Canadiens.
S’il lui est bien arrivé quelques mésaventures qu’elle relate dans son livre et qui impliquent « des méga-tarentules » au Mozambique ou encore une rencontre malaisante avec un buffle solitaire qui l’a forcée à grimper sur un arbre, elle n’a jamais connu ce qu’elle appelle « la peur de l’autre ».
Oui, il lui est arrivé de rencontrer des gens « pas faciles », comme en Corse, dans les années 1980. « On avait une plaque de la métropole sur la voiture, et eux, ils revendiquaient leur indépendance. Il y avait un groupe qui était assis sur le capot de la voiture. Je leur ai fait face en leur expliquant que nous aussi, au Québec, on avait la même revendication. » Puis il y a eu cette attente interminable dans le train à la frontière russo-mongole, pratiquement dans le noir, son passeport confisqué par les Russes. « Mais je n’avais pas peur. Ce sont des moments à raconter, disons. »
Les prochaines années seront également meublées de voyage pour Francine Lévesque — et de projets d’écriture, aussi. « Depuis mes 70 ans, je trouve que je suis dans une très belle période de ma vie. On a beaucoup moins d’inquiétudes et de responsabilités. » Il ne reste qu’à cueillir les occasions de repartir.
L’envers du voyage — 50 récits d’aventures autour du monde
Éditions de l’Apothéose
386 pages
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