Pourquoi changer une formule gagnante ? Pour l’organisation des Grands Explorateurs, la recette qui fait sa renommée depuis maintenant 50 ans fonctionne toujours.

« On va continuer un peu dans la même veine, mais en rajeunissant le concept », affirme André Maurice, directeur des relations avec les cinéastes-conférenciers aux Grands Explorateurs.

L’expérience de diffusion virtuelle acquise pendant la pandémie permettra également aux Grands Explorateurs de rejoindre un nouvel auditoire, les francophones et francophiles des autres provinces du Canada et des États-Unis.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Le directeur des relations avec les cinéastes-conférenciers, André Maurice, devant une collection d’affiches des Grands Explorateurs

C’est en 1972 que Pierre Valcour, François Prévost et Serge Martin s’inspirent d’un concept français, Connaissance du monde, pour organiser une première ciné-conférence à Montréal. L’évènement, un film sur l’Amazonie présenté par le cinéaste français Marcel Isy-Schwart, est un tel succès que le trio lance une série, Les Grands Explorateurs.

La formule est simple : le cinéaste-conférencier est sur scène, en chair et en os, pour commenter le film et répondre aux questions des spectateurs. Les spectateurs sont demeurés au rendez-vous au fil du temps. Dans les années 1990, on parlait de 40 000 abonnés et de tournées dans 53 villes au Québec.

Évidemment, la pandémie a forcé Les Grands Explorateurs à se « réinventer », pour reprendre une expression encore à la mode. On a décidé d’offrir la série de conférences sur une plateforme en ligne.

« Nos abonnés nous ont suivis », affirme M. Maurice.

Retour en salle

En juillet dernier, grand branle-bas de combat, on a décidé de retourner en salle. Le retour en personne se fait tranquillement. On compte maintenant 15 000 abonnés dans 15 villes au Québec. « C’est comme partout en ce moment, il faut laisser le temps aux gens de se réhabituer à venir en salle, commente M. Maurice. Mais on sent qu’il y a un engouement, que les gens sont tannés de rester chez eux et qu’ils ont envie de sortir. »

Les Québécois ont également recommencé à voyager. « Ils veulent avoir des idées de voyage, c’est pour ça qu’ils reviennent de plus en plus aux Grands Explorateurs », affirme André Maurice.

C’est justement un des paradoxes de l’évolution des Grands Explorateurs. Dans les années 1970, les Québécois voyageaient moins et s’ils le faisaient, ils privilégiaient la France, les États-Unis et quelques destinations soleil. Ils connaissaient peu les destinations plus exotiques. Les Grands Explorateurs leur fournissaient une fenêtre unique.

Mais au cours des années, les Québécois ont appris à voyager dans des pays plus exotiques. Ils ont également accès à plus de contenu sur les voyages à la télévision et sur les réseaux sociaux. Comment se démarquer, alors ?

Les Grands Explorateurs misent sur ce qui les distingue, soit la présence de conférenciers, l’échange avec les spectateurs. « C’est comme la différence qui existe entre aller au théâtre et aller au cinéma », affirme M. Maurice.

Mais encore faut-il moderniser un peu le tout. « Les conférenciers étaient souvent à leur table, ils pouvaient lire leur texte. On va trouver des façons différentes de présenter les films, mais toujours avec une qualité optimale. »

Nous existons depuis 50 ans, il y a des gens qui nous suivent depuis un bon bout de temps. Notre clientèle est au-dessus de 50 ans, ce sont de jeunes retraités ou des gens un peu plus vieux. Mais il y a des jeunes qui viennent de plus en plus, des jeunes intéressés à l’aventure, à faire des films.

André Maurice, des Grands Explorateurs

« On invite les jeunes qui ont des idées de films sur différents pays à venir nous voir, on est ouverts », poursuit-il.

Projets à venir

Les Grands Explorateurs vont continuer à offrir les ciné-conférences en ligne. « Ce qui est bien avec ça, c’est qu’on est accessible partout au Canada. Maintenant, on est en train de développer certaines régions des États-Unis, comme la Louisiane, la Californie, le Michigan. Il y a des francophones et des francophiles là-bas qui pourront s’abonner. Je travaille là-dessus actuellement. »

L’organisation travaille déjà sur la programmation de la prochaine saison. Elle reçoit quelque chose comme de 20 à 30 propositions de films par année et en retient 8 (une série de 6 ainsi que 2 films hors-série).

« C’est quelque chose qui roule, confirme André Maurice. On est prêts pour 50 ans encore, sans problème. »

Consultez le site des Grands Explorateurs
En savoir plus
  • 60
    C’est le nombre d’établissements scolaires que Les Grands Explorateurs visitent chaque année.
    Source : Les Grands Explorateurs