Il faudra encore patienter un peu avant de pouvoir s’envoler vers des destinations éloignées. En attendant, pourquoi ne pas explorer les archives de La Presse et lire des reportages touristiques d’une autre époque ? Certains ont assez bien vieilli, d’autres moins. Au cours des prochaines semaines, nous présenterons de petites trouvailles qui nous permettent de voir le monde à travers les yeux des voyageurs de l’époque.

Visiter les archives, c’est tomber sur les œuvres de jeunesse de grands journalistes comme Paule Beaugrand-Champagne. Dans la vingtaine, à peine arrivée à La Presse, elle effectue, en 1965, un voyage de deux semaines en Scandinavie, essentiellement dans les capitales Copenhague, Stockholm et Oslo. L’excitation est au rendez-vous.

On s’est embarqué à Montréal à 11 heures du soir, les amis et les parents étaient là pour bien conseiller une dernière fois de ne pas oublier de vérifier si c’est vrai que les Suédoises sont les plus belles femmes du monde... on a pris à bord de l’avion un dîner qui semblait excellent mais qui avait quelque difficulté à suivre le chemin habituel, on a tenté de sommeiller un peu mais le sentiment de la Scandinavie qui s’approche a fait fuir ce sommeil qui aurait pu être réparateur, on a vu le soleil se lever sur cette Europe maintenant accessible et tout à coup...

Tout à coup, le pilote fait descendre l’avion de façon à ce que nous puissions admirer de haut la campagne danoise avec ses maisons blanches à toits de tuiles rouges. La journée est belle, le Danemark apparaît comme un pays d’une beauté et d’un calme de contes de fées.

La capitale danoise séduit rapidement la jeune journaliste.

Copenhague, la capitale qui nous reçoit la première, est la plus gaie des trois villes, celle où tout le monde vit dans la rue et se promène avec un air de bonheur écrit sur le visage.

Il y règne une joie de vivre à laquelle la journaliste ne peut résister.

Il demeure qu’on aime s’amuser à Copenhague, et que même si l’on est personnellement d’un naturel plus sérieux, on se laisse volontiers prendre au jeu. Il y a beaucoup d’endroits où l’on peut s’amuser la nuit : les restaurants où il fait bon manger (la cuisine ressemble beaucoup à la cuisine française), les salles de danse immenses qui rivalisent toutes pour offrir une atmosphère originale, les cafés-terrasses, un ou deux clubs de jazz, les spectacles de chant ou de danse dans tout endroit de plus ou moins grande importance. Enfin, ajoutons que plusieurs endroits publics et certaines salles de danse sont ouverts jusqu’à cinq ou huit heures du matin.

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE

Stockholm

Cependant, elle trouve la capitale suédoise plus austère.

Stockholm est une grande ville industrieuse et pour ces Suédois, le jour commence tôt et... finit tôt. Le soir, tous les restaurants, toutes les salles de danse, enfin tout ferme à minuit ou onze heures. Seule une petite cafétéria (qu’il faut savoir découvrir quelque part) reste ouverte toute la nuit pour ceux qui travaillent quand tout le monde dort.

Paule Beaugrand-Champagne ne tarde toutefois pas à apprivoiser Stockholm et à apprécier son architecture.

L’aspect le plus frappant de la capitale suédoise est l’assemblage savant qu’on a fait des buildings très 20siècle avec les immenses immeubles du 13siècle. Ainsi, en plein centre de la ville, tout près de l’édifice du Théâtre National et dans un quartier de très vieilles maisons, s’élève Hotorget City, cinq très hauts gratte-ciel en verre qui semblent délicats et très légers ainsi prisonniers d’une ville qui ne compte plus ses siècles d’existence.

Mais jamais cet alliage de l’ancien et du nouveau ne choque l’œil. Les Scandinaves ont le sens de l’esthétique et l’aspect extérieur de la capitale suédoise nous le prouve cent fois.

La journaliste décrit quelques attractions touristiques, dont le Wasa, un navire de guerre qui a coulé au large de Stockholm à peine 20 minutes après son lancement, en 1628. On a retrouvé son emplacement en 1956 et procédé à sa remontée en 1961.

Les visées du gouvernement suédois vont plus loin que ce seul sauvetage. Ce que l’on veut, c’est pouvoir présenter intégralement un vaisseau de guerre conservé et restauré, dans un musée conçu pour lui. Ce but est encore lointain : mais la Cale Wasa, créée pour remettre en état le vaisseau, s’emploie activement à le rapprocher.

L’un des aspects de cet effort consiste à présenter les travaux en cours au grand public à mesure qu’ils s’effectuent. On estime, après cinq ans de travail, que ce n’est qu’en 1970 que le vaisseau sera complètement restauré.

Les choses ont été un peu plus longues que prévu : il a fallu attendre à décembre 1988 pour que le Wasa, encore en chantier, soit remorqué jusqu’à son musée et celui-ci n’a ouvert officiellement ses portes qu’en 1990. Un petit retard de 20 ans...

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Oslo

La jeune journaliste est passablement fatiguée lorsqu’elle finit par arriver en Norvège.

J’avoue que le premier jour à Oslo, je l’ai dormi au grand complet. Mais le lendemain, je décidais d’aller visiter au moins deux des cinq musées qu’on a regroupés à Bygdoy, près du centre de la ville.

J’y ai passé la journée et j’en ai visité quatre (le musée maritime était fermé pour la saison), me laissant gagner par l’enthousiasme de l’un à l’autre.

Après cette frénésie muséale, il lui reste encore de l’énergie.

PHOTO MORTEN ANDERSEN, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

Un des charmants « tramways » à Oslo, en 2005

Enfin, étape importante de votre visite à Oslo, vous ne manquerez pas de prendre un des charmants « tramways » qui déambulent doucement et rapidement un peu partout et vous irez passer quelques heures à admirer les œuvres de Gustav Vigeland au parc Frogner et au musée qui lui est consacré sur la rue Nobel. Vous en reviendrez convaincus que la Norvège a produit un des plus grands sculpteurs du 20siècle.

À l’instar de Copenhague et de Stockholm, Oslo finit aussi par séduire Paule Beaugrand-Champagne.

Quand enfin vous quitterez le petit aéroport d’Oslo pour revenir chez vous, vous emporterez avec vous l’impression bien précise que même si on a dit que les Vikings étaient des gens plutôt rudes et sans façons, leurs descendants, eux, sont des gens raffinés qui ont le sens des belles choses.

On peut naviguer dans les archives de La Presse, et d’autres journaux québécois, sur le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ).

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