S'il a fait rager des millions de voyageurs en Europe en avril dernier, en plus d'avoir causé des dommages à l'infrastructure routière du pays et saupoudré de cendres noires une partie de la région du sud-est, le volcan islandais Eyjafjalljökull a aussi produit des retombées imprévues dans l'île des Viking. Le tourisme connaît une augmentation importante cet été par rapport aux années précédentes.

Le début de la saison a été excellent et les vols du mois d'août en partance du Canada, par exemple, sont presque complets, indique Einar Gustavsson, représentant du Bureau de tourisme d'Islande pour l'Amérique du Nord. «Malgré ses désagréments, l'éruption volcanique a braqué les yeux du monde entier sur l'Islande durant des semaines. Pour nous, cette soudaine attention a représenté un coup publicitaire évalué à des dizaines de millions de dollars. Et les résultats se font sentir», dit-il.

Seuls les Britanniques se font un peu plus rares, probablement marqués par l'arrêt du trafic aérien lors de l'éruption, estime M. Gustavsson. Dans l'ensemble, le nombre de voyageurs a augmenté de 6% depuis le début de l'année et en juin seulement, la hausse des touristes nord-américains a atteint 21%.

Au Canada, il est possible d'obtenir un vol direct pour Reykjavik à partir de Winnipeg, Toronto et Halifax. Si l'attrait de l'Islande est en hausse en Amérique du Nord, la récession économique qui frappe le pays n'est pas étrangère à la situation. Depuis 2008, le cours de la devise est nettement à l'avantage des Canadiens. Par exemple, le dollar canadien qui valait 57 couronnes islandaises le 1er août 2007, est passé à 77 couronnes un an plus tard et à... 125 en juillet. Il n'en reste pas moins que le prix d'un bon repas est sensiblement le même qu'à Montréal, sinon un peu plus élevé, mais il comprend toujours la TVA qui est faramineuse (25,5%) et le pourboire.

Environ 60% des voyageurs qui visitent l'île choisissent les mois de juin, juillet et août, une période où il est très difficile d'obtenir une chambre d'hôtel, dans un guest house ou encore dans le réseau de logements à la ferme, sans avoir réservé plusieurs semaines à l'avance. Il faut dire que les infrastructures touristiques sont relativement limitées, le pays accueillant autour de 500 000 personnes annuellement. La population globale, elle, s'élève à 317 000 habitants, dont la majorité est concentrée dans la capitale.

Par contre, insiste M. Gustavsson, les mois de septembre et octobre sont beaucoup plus tranquilles et les prix beaucoup plus bas. S'il n'est pas question de voir le soleil de minuit à cette époque de l'année, au début de septembre, les journées sont relativement longues. Quant au temps, il reste toujours imprévisible, mais le mercure demeure stable tout au long de l'été avec un maximum dépassant rarement les 15 ºC.

Au cours de la période estivale, la grande majorité des touristes séjournent en Islande de 10 jours à deux semaines. Ils se concentrent surtout dans la capitale et parcourent ensuite le Cercle d'or. Ce circuit comprend le parc national de Pingvellir à la géographie tourmentée, siège d'une des premières tentatives de démocratie en Islande, puis Geysir, village qui a donné son nom aux geysers, ainsi que Gullfoss, chute gigantesque de 32 m qui se jette dans un ravin étroit avec un bruit d'enfer. Plusieurs voyageurs se dirigent aussi plus loin vers la côte est pour aller à la rencontre du glacier Vatnajökull, le plus important au monde si on fait exception des calottes glaciaires arctiques et antarctiques. Incidemment, l'accès aux sites touristiques est habituellement gratuit. Par ailleurs, si l'islandais reste une langue extrêmement difficile à maitriser, même pour les mots les plus simples, l'anglais est parlé un peu partout, contrairement au français.

L'endroit qui attire le plus de visiteurs est le Blue Lagoon, grande station thermale située à environ une heure de route de la capitale, dans un relief volcanique saisissant. L'eau chaude provient de puits creusés à environ 2 km de profondeur et alimentent une centrale géothermique. Pas moins de 30% de l'électricité d'Islande provient de l'eau chaude d'origine volcanique.