New York a inauguré jeudi quatre chutes d'eau d'Olafur Eliasson, une réflexion sur le temps et l'espace de l'artiste danois sous la forme de gigantesques rideaux liquides qui tombent sur l'East River.

Trois ans après les imposantes Gates de Christo, les chutes géantes d'Eliasson sont l'attraction de l'été à New York, qui espère récupérer 55 millions de dollars en revenus touristiques d'ici le 13 octobre.

L'artiste scandinave de 41 ans a conçu quatre structures en métal qui pompent l'eau de l'East River à une trentaine de mètres de hauteur avant de la laisser tomber naturellement, sur 10 à 20 mètres de large.

Avec un débit de 132 000 litres par minute, les quatre installations créent l'illusion de chutes d'eau en pleine rivière. L'énergie qui actionne les pompes est 100 % «verte», assurent les organisateurs.

«Il s'agit du temps et d'une expérience sur l'espace», a expliqué Eliasson à l'AFP. «L'eau possède un grand potentiel pour être à la fois quelque chose de très concret et de très indéfinissable, cela peut représenter des choses très différentes, selon les gens».

Né à Copenhague en 1967, élevé au Danemark et en Islande - dont il a également la nationalité - Eliasson vit actuellement entre Berlin et sa ville natale.

Son Studio Olafur Eliasson est un laboratoire de recherche artistique où travaillent 30 architectes, ingénieurs et artisans, pour la conception d'installations, sculptures et autres projets artistiques à grande échelle.

Les chutes sont situées sur l'île du Gouverneur, sous le pont de Brooklyn, et sur deux embarcadères. Elles sont actives de sept heures du matin à dix heures du soir, visibles depuis les deux rives de l'East River, à Manhattan et Brooklyn.

«Les chutes sont un spectacle incroyable», a dit le maire de la ville Michael Bloomberg au cours de la cérémonie d'inauguration. «Quel beau symbole de l'énergie et la vitalité sur nos rives!», a-t-il ajouté.

Eliasson ne craint pas l'interaction avec les phénomènes météorologiques, au contraire. «Je pense que c'est vraiment merveilleux si le vent déplace l'eau», dit-il. «L'eau tombante a la faculté de montrer le temps qu'il fait, elle montre un tas de choses sur le vent et il y a aussi les sons: elle fait appel à tous les autres sens, pas seulement à la vue».

Des tours en bateau sont organisés, et la ville de New York a balisé des circuits piétons et cyclistes pour que les visiteurs puissent observer librement les chutes.

Le pont de Brooklyn, qui a fêté le mois dernier son 125e anniversaire, est par ailleurs l'objet d'éclairages nocturnes exceptionnels.

New York avait déjà accueilli en 2005 l'installation The Gates de l'artiste français Christo, à Central Park. L'opération avait rapporté 254 millions de dollars à l'économie new-yorkaise, selon la mairie.

Le coût des chutes, estimé à 15,5 millions de dollars, a été majoritairement financé par des dons privés, sans aucun fonds municipal, et la ville attend aussi des retombées juteuses.

«Pendant les Gates, les vendeurs de hot-dogs à Central Park avaient le sourire des grands capitalistes, et je peux vous assurer que le patron du restaurant près du pont de Brooklyn aura un merveilleux été», a relevé M. Bloomberg.