Suivi continu, pompes programmables à distance, groupes d'entraide: la vie des diabétiques ne cesse d'être facilitée par les avancées technologiques et de gestion de cette maladie chronique.

«Si j'étais diabétique, le monitorage continu serait mon plus grand espoir.»

Constantin Polychronakos dirige l'endocrinologie pédiatrique à l'Hôpital de Montréal pour enfants. D'ici une dizaine d'années, selon lui, la vie des diabétiques sera transformée par l'arrivée de véritables «pancréas artificiels» capables de fournir au corps la quantité exacte d'insuline dont il a besoin.

«La technologie n'est pas encore parfaitement au point, explique le Dr Polychronakos, qui est l'éditeur du Journal of Medical Genetics. Mais depuis qu'elle est arrivée, il y a quelques années, il y a des progrès constants. C'est très, très encourageant.»

L'appareil, de la taille d'un téléphone portable, est relié à une pompe à insuline et à un glucomètre glissé sous la peau. Le glucomètre mesure toutes les cinq minutes le taux de sucre et envoie un message à la pompe pour qu'elle injecte la quantité nécessaire d'insuline. Son coût est similaire à celui d'une pompe simple, de 6000$ à 7000$ pour une durée d'utilisation d'environ quatre ans, mais les dépenses courantes sont légèrement plus élevées, jusqu'à 300$ par mois.

«Ça va changer ma vie, explique Luc de la Boursodière, bénévole à la Fondation de la recherche sur le diabète juvénile. Le modèle qui est offert ici n'est pas encore assez intéressant parce qu'il faut remplacer la sonde du glucomètre tous les deux ou trois jours. Mais un autre modèle aux États-Unis permet de la remplacer toutes les semaines. J'attends qu'il soit approuvé.»

Calibration

Autre problème, le glucomètre doit être recalibré plusieurs fois par jour avec une goutte de sang prélevée par une aiguille sur le bout d'un doigt. «Au départ, il fallait autant de prélèvements qu'avec une pompe simple, quatre ou cinq par jour, dit le Dr Polychronakos. On est rendu à deux fois par jour. Quand le problème de la calibration sera réglé, ce sera vraiment intéressant. Actuellement, ce que le prélèvement mesure, c'est la quantité de glucose des dernières heures, pas celle qui sera nécessaire dans les prochaines heures. En multipliant le nombre de prélèvements toutes les cinq minutes, on élimine le risque d'hypoglycémie ou d'hyperglycémie.»

Il faudrait toutefois que l'appareil soit couvert par la RAMQ. «Même la pompe simple n'est pas couverte, déplore M. de la Boursodière. Pourtant, l'Ontario et Terre-Neuve les remboursent. Je ne comprends pas pourquoi le Québec ne le fait pas. Un diabète plus facile à maîtriser est mieux maîtrisé et il y a moins de séquelles, de cécité, d'amputations, d'absentéisme. On paie plus cher qu'avec de simples injections, mais on évite beaucoup de coûts au système.»

Aux États-Unis, la Food and Drug Administration a tenu mercredi une réunion d'une journée sur le «pancréas artificiel», dossier que l'organisme a classé «prioritaire» en 2006. La Fondation américaine de la recherche sur le diabète juvénile a récemment alloué 8 millionsUS à un projet visant à présenter d'ici quatre ans un pancréas artificiel pour approbation à la FDA.