Le Centre d'excellence sur les maladies inflammatoires de l'intestin de l'Université McGill et l'organisme Crohn et Colite Canada ont annoncé la semaine dernière la création du réseau PACE, dont la mission est d'améliorer la qualité des soins offerts aux Canadiens souffrant de la maladie de Crohn et de la colite ulcéreuse.

L'initiative de Crohn et Colite Canada vise essentiellement à partager les meilleures pratiques dans les soins promulgués aux patients souffrant de maladies inflammatoires de l'intestin (MII).

« On s'est rendu compte que la pratique clinique varie énormément d'un hôpital à l'autre du pays, nous a dit le Dr Alain Bitton, chef de la division de gastroentérologie de l'Université McGill, qui dirige depuis peu le Centre d'excellence sur les maladies inflammatoires de l'intestin. Les délais de diagnostics sont très longs et l'accès aux soins spécialisés est limité, même dans les grandes villes. »

Le réseau pancanadien PACE (Promouvoir l'accès et les soins grâce aux centres d'excellence), qui réunira les cinq centres d'excellence universitaires existants (à Montréal, Hamilton, Toronto, Calgary et Edmonton), tentera ainsi de mettre en commun les connaissances acquises au pays et d'uniformiser les soins.

Grâce à cet effort de concertation, le Dr Bitton espère combler les lacunes actuelles afin de « limiter les complications et les chirurgies », beaucoup trop nombreuses selon lui. Évidemment, chaque cas est unique, mais le nouveau directeur du Centre d'excellence de McGill, qui a mis sur pied à Montréal une « plateforme multidisciplinaire » (formée de gastroentérologues, d'infirmières, de chirurgiens et de diététistes), estime qu'il y a moyen d'améliorer les soins offerts d'un bout à l'autre du pays.

Stéphanie Ruel, qui est bénévole à Crohn et Colite Canada (CCC), était aux côtés du Dr Bitton mercredi dernier au Centre universitaire de santé McGill, lors de l'annonce.

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Les causes exactes de la maladie de Crohn et de la colite ulcéreuse, deux maladies chroniques dont souffrent quelque 250 000 Canadiens, sont toujours nébuleuses.

La jeune femme suivie à l'hôpital de Verdun estime avoir eu la chance d'être rapidement prise en charge par un gastroentérologue, un des objectifs du réseau PACE.

« J'ai été chanceuse parce que mon médecin de famille a eu l'intuition qu'il s'agissait de la maladie de Crohn. On m'a tout de suite prescrit un anti-inflammatoire [Pentasa] qui s'est avéré efficace. » Stéphanie Ruel était étudiante en droit lorsque les premiers symptômes de la maladie sont apparus : diarrhées, crampes abdominales, arthrite aux chevilles, ulcères à l'oesophage. 

Causes inconnues

Les causes exactes de la maladie de Crohn et de la colite ulcéreuse, deux maladies chroniques dont souffrent quelque 250 000 Canadiens, sont toujours nébuleuses. Le Dr Bitton parle de « causes multifactorielles ». « Ces maladies affectent des gens qui ont une susceptibilité génétique à laquelle s'ajoute un facteur déclenchant dans l'environnement, précise-t-il. Au Canada, on note une légère hausse du nombre d'incidences, mais au Québec, le nombre de nouveaux cas s'est stabilisé à environ 30 par 100 000 habitants », a-t-il détaillé. Chaque semaine, ce sont de 150 à 200 patients qui sont suivis au CUSM.

Les activités du PACE seront supervisées par le Dr Geoffrey Nguyen, clinicien chercheur au Centre d'excellence des maladies inflammatoires de l'intestin de l'hôpital Mount Sinai à Toronto. Son centre aura notamment la tâche de mettre en place un réseau de télémédecine pour les patients vivant en régions éloignées. À Hamilton, le centre de l'Université McMaster aura quant à lui le mandat d'implanter une plateforme électronique permettant aux médecins de surveiller l'état de santé de leurs patients entre leurs rendez-vous médicaux.

Quelles sont les pistes les plus prometteuses dans le traitement des maladies inflammatoires intestinales ? Le Dr Bitton croit que les thérapies biologiques représentent une voie intéressante. « Ce sont des thérapies médicamenteuses avec des agents biologiques qui ciblent directement certaines molécules impliquées dans la cascade inflammatoire. Plusieurs nouveaux médicaments sont à l'essai : l'entyvio [vedolizumab] pour traiter la colite ulcéreuse ou le stelara pour la maladie de Crohn. »

Autant de nouvelles avenues que le PACE veut explorer en s'assurant que l'information circule bien dans tous les milieux hospitaliers du pays.

Corporation AbbVie, Janssen Pharmaceuticals et Takeda Canada ont investi une somme de 2,5 millions dans ce projet étalé sur quatre ans. « C'est un projet initié par le CCC et par le Centre d'excellence de McGill, pas par ces sociétés pharmaceutiques, s'est défendu le Dr Bitton, même si certaines d'entre elles sont à l'origine des nouvelles thérapies médicamenteuses. Le projet consiste à améliorer la qualité des soins et ne concerne pas directement le volet thérapeutique. »