La proportion des personnes âgées qui ont des fractures de la hanche a chuté de plus du quart, au Canada, depuis le milieu des années 80. Cette amélioration serait en partie due... à l'épidémie d'obésité.

«La diminution du taux de fractures de la hanche s'est accélérée depuis les années 90, particulièrement chez les personnes âgées de 55 à 64 ans», explique William Leslie, de l'Université du Manitoba, qui est l'auteur principal de l'étude publiée dans le Journal de l'Association médicale américaine. «Et elle est propre à l'Amérique du Nord. Nous pensons que l'une des raisons en est que le Canada et les États-Unis sont particulièrement touchés par l'épidémie d'obésité, qui a vraiment commencé dans les années 90. Le surpoids ne protège pas contre les fractures de la hanche. Mais les personnes obèses sont moins susceptibles de devenir trop maigres, un facteur important de risque de fractures.»Entre 1985 et 2005, le taux de fractures de la hanche est passé de 119 à 81 par 100 000 personnes-années, chez les femmes, et de 68 à 51 par 100 000 personnes-années chez les hommes. Cela signifie qu'en 2005, sur un groupe de 10 000 Canadiennes, 8,1 se sont cassé la hanche. Ce taux passe de 55 à 2637 par 100 000 personnes-années, selon qu'on examine les 55-64 ans ou les plus de 85 ans (sur un groupe de 100 Canadiens de plus de 85 ans des deux sexes, 2,6 se sont cassé la hanche en 2005).

La diminution est presque deux fois plus importante chez les 55-64 ans, selon le radiologue manitobain. Et elle est uniforme dans toutes les provinces. «Nous publierons bientôt des données par province, mais je peux vous dire que les différences ne sont pas statistiquement significatives», dit-il.

Dans les autres pays développés d'Europe et d'Asie, le taux de fractures de la hanche a parfois baissé, parfois augmenté, parfois stagné, selon le Dr Leslie. «Nous avons des données montrant qu'en Amérique du Nord, le taux semble baisser depuis les années 50. Ça veut dire que les avancées en matière de détection des risques et des traitements préventifs ont amélioré les choses depuis longtemps. La seule chose qui permette d'expliquer pourquoi la diminution est deux fois plus rapide entre 1995 et 2005, et entre 1985 et 1995, est un changement des modes de vie. Le surpoids et l'obésité sont des facteurs qui jouent certainement un rôle, tout comme le tabagisme et la consommation d'alcool, qui fragilisent les os. Mais, comme la diminution du tabagisme et de la consommation d'alcool a eu lieu partout dans les pays développés, il faut penser que l'obésité a un rôle plus grand.»

L'obésité est déconseillée

Cela ne signifie pas qu'il faille décourager les obèses âgés de perdre du poids, dit le chercheur. «L'idéal est d'avoir un poids santé», dit-il.

Ce n'est pas la première fois qu'une étude montre que l'obésité a des conséquences parfois positives. En 2008, une méta-analyse a montré que les patients modérément obèses ont 14% moins de risque de mourir aux soins intensifs que les patients qui ne sont pas obèses, mais y font un séjour plus long.

Et en 2007, une étude a calculé que chez les personnes âgées, l'espérance de vie est la plus élevée (15 ans) chez les hommes qui ont un indice de masse corporelle (IMC) entre 25 et 35, ce qui correspond à l'embonpoint et au premier stade de l'obésité, alors qu'un poids santé (IMC de 18,5 à 25) et un IMC de plus de 35 assurent une espérance de vie de 13 ans.