Les bébés de moins de trois mois qui dorment dans le lit de leurs parents (co-dodo) ont un risque multiplié par cinq de mourir du syndrome de la mort subite du nourrisson (MSN), selon une vaste étude publiée mardi.

Le MSN regroupe tous les décès inattendus et inexpliqués d'enfants âgés d'un mois à un an.

Le Pr Bob Carpenter, de la London School of Hygiene and Tropical Medicine, a rassemblé les données fournies par cinq études publiées en Europe, en Australie et en Asie et portant sur 1472 cas de MSN au total.

En étudiant ces décès, les auteurs de l'étude, publiée dans la version en ligne de la revue British Medical Journal (BMJ) Open, ont trouvé que 22% étaient survenus alors que les bébés dormaient avec leurs parents et estimé que la grande majorité de ces décès (88%) n'auraient «probablement» pas eu lieu si les enfants avaient été couchés dans leur berceau.

Certains pays comme les Pays-Bas ou les États-Unis déconseillent fortement le co-dodo jusqu'à l'âge de 3 mois, tandis que le Royaume-Uni ou l'Australie demandent seulement aux parents fumeurs ou à ceux qui ont pris de l'alcool ou de la drogue de ne pas y avoir recours.

Mais selon la nouvelle étude, même lorsque les parents sont non-fumeurs, non drogués ou non alcoolisés, le risque de MSN est cinq fois supérieur chez les bébés de moins de trois mois dormant dans le lit parental que chez ceux dormant dans un berceau.

Le risque de MSN est très élevé jusqu'à six mois, avec un pic entre 2 et 4 mois, et diminue ensuite avec l'âge de l'enfant.

«Nous ne disons pas qu'il ne faut pas réconforter ou nourrir le bébé dans le lit des parents (...) Il ne s'agit pas d'un facteur de risque, dès lors que l'enfant retourne dans son berceau pour dormir», écrivent les auteurs de l'article.

Ils ajoutent que le co-dodo est aujourd'hui de plus en plus populaire et que, selon leurs estimations, près de 50% des décès par MSN surviendraient désormais alors que le bébé se trouve dans le lit de ses parents.

La survenue des MSN a fortement baissé depuis les campagnes en faveur du couchage sur le dos des nourrissons.

Leur nombre est évalué à environ 250 par an en France, selon l'Institut de veille sanitaire (INVs) qui préconise pour sa part un «couchage séparé, mais à proximité». L'INVS recommande également de ne laisser aucun objet mou, tels qu'oreillers ou couettes dans le lit du bébé.